La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

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Atomes tourmentés sur cet amas de boue,
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La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

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La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

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Cassini-Huygens est une mission d'exploration spatiale de la planète Saturne et de ses satellites naturels au moyen d'une sonde spatiale développée par l'agence spatiale américaine, la NASA, avec des participations importantes de l'Agence spatiale européenne (ESA) et de l'Agence spatiale italienne (ASI). Lancé en octobre 1997, l'engin s'est placé en orbite autour de Saturne en 2004. En 2005, l'atterrisseur européen Huygens, après s'être détaché de la sonde mère, s'est posé à la surface de la lune Titan et a pu transmettre des informations collectées durant la descente et après son atterrissage. L'orbiteur Cassini a ensuite tourné autour de Saturne et poursuivi l'étude scientifique de la planète géante gazeuse, en profitant de ses passages à faible distance de ses satellites pour collecter des données détaillées sur ceux-ci. La mission, d'une durée initialement prévue de quatre ans, a été prolongée à deux reprises : de 2008 à 2010, par la mission d'équinoxe (Equinox Mission), et de 2010 à 2017, par la mission de solstice (Solstice Mission). Afin de protéger les lunes de la planète, la sonde spatiale a fini son voyage en plongeant dans l'atmosphère de Saturne le 15 septembre 2017.

En 1982, les communautés scientifiques américaine et européenne étudient de manière indépendante l'envoi d'une mission d'étude de Saturne. Après avoir travaillé sur des projets séparés, la NASA et l'Agence spatiale européenne lancent à la fin des années 1980 le développement d'une mission conjointe : la NASA développe l'orbiteur et l'ESA l'atterrisseur, qui doit se poser sur Titan (satellite de Saturne). La sonde spatiale est lancée le 15 octobre 1997 par un lanceur lourd, Titan IV-B.

Mission particulièrement ambitieuse et coûteuse (3,26 milliards de dollars), Cassini-Huygens est rattachée à ce titre au programme Flagship de la NASA. Avec une masse totale de 5,7 tonnes (dont 3,3 tonnes de carburant et 320 kilogrammes pour l'atterrisseur Huygens), il s'agit du plus gros engin spatial lancé vers les planètes externes. L'orbiteur embarque douze instruments scientifiques, dont un radar, tandis que Huygens en emporte six. L'énergie de cassini provient de trois générateurs à plutonium.

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La mission Cassini-Huygens a rempli tous ses objectifs scientifiques en fournissant une moisson de données sur Saturne, sa magnétosphère, ses anneaux, Titan et les autres lunes de la planète géante. Les caméras de l'orbiteur ont également fourni certaines des plus belles images du système solaire. Cassini a notamment permis d'affiner notre connaissance de Titan (lacs de méthane liquide, dunes, composition de l'atmosphère…), de découvrir les geysers d'Encelade (un satellite de Saturne), indices d'un océan souterrain, d'obtenir les premières images détaillées de Phœbé (satellite), d'analyser en détail la structure des anneaux de Saturne, d'observer les formations étonnantes de l'atmosphère de la planète géante au niveau de son pôle nord et de découvrir une dizaine de nouveaux satellites naturels de petite taille (moins de 10 kilomètres), ce qui porte à 62 le nombre total de satellites saturniens connus à ce jour (2017).

Genèse du projet (1980-1988)

Au début des années 1980, Daniel Gautier, de l'Observatoire de Meudon, et Wing-Huan Ip, de l'institut Max Planck (Allemagne), suggèrent de développer un partenariat entre l'Europe et les États-Unis pour l'exploration de Saturne, en reprenant le modèle de la mission germano-américaine Galileo. Avec 27 autres chercheurs européens, les deux hommes proposent en 1982 un projet qu'ils baptisent Cassini, en réponse à un appel à candidatures de l'Agence spatiale européenne. L'Europe doit développer l'orbiteur, tandis que la NASA est chargée de la mise au point de l'atterrisseur, car elle seule dispose de l'expertise nécessaire. Il est prévu que l'ESA développe l'atterrisseur, tandis que la NASA fournit l'orbiteur. La prise de décision est toutefois repoussée à la fin de la décennie. De 1984 à 1985 la NASA et l'ESA mènent des études techniques de faisabilité sur le projet. En 1986, le rapport décennal d'exploration du système solaire, publié par les instances académiques américaines (National Academy of Sciences), place en tête des priorités l'exploration de Saturne et de son système.

Lancement du projet (1988-1989)

L'agence spatiale européenne est la première à franchir le pas, en sélectionnant le 25 novembre 1988, dans le cadre de son programme scientifique Horizon 2000, l'atterrisseur Huygens, chargé de se poser sur Titan, parmi quatre propositions. La NASA inclut la même année, dans son budget, un projet groupant l'orbiteur Cassini et la sonde spatiale CRAF, qui utilisent la même plateforme, mais n'obtient un feu vert financier qu'en novembre 1989, avec un budget inférieur à sa demande. Selon les premiers plans, la mission devait être lancée initialement en 1994, par la Navette spatiale américaine. Mais à la suite de l'accident de la navette Challenger, il faut se rabattre sur le lanceur militaire Titan IV. Trois fenêtres de lancement, en décembre 1995, avril 1996 et 1997 sont identifiées, et celle de 1996 est retenue. Il est prévu que la sonde spatiale ait recours à l'assistance gravitationnelle de Vénus, la Terre et Jupiter, qu'elle effectue un survol à faible distance de l'astéroïde Maïa, et qu'elle arrive dans le système de Saturne en 2002. Il est prévu que les opérations de l'orbiteur Cassini soient contrôlées par le centre JPL de la NASA, tandis que Huygens doit être piloté depuis le centre de l'ESA, situé à Darmstadt.

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Conception et construction de la sonde spatiale (1990-1997)

Finalement, le budget total de la mission est évalué à 3,27 milliards de dollars américains. La contribution de la NASA est de 2,6 milliards, tandis que l'ESA participe à hauteur de 500 millions et l'ASI pour 160 millions.

La sonde spatiale porte le nom de deux astronomes ayant joué un rôle majeur dans l'étude du système de Saturne : Giovanni Domenico Cassini, astronome italien, né à Perinaldo dans l'ancienne République de Gênes, qui a découvert quatre satellites et la division de l'anneau de Saturne qui porte son nom, et Christian Huygens, astronome néerlandais du même siècle, qui a découvert Titan.

Le générateur d'électricité de la sonde

Comme la sonde évolue très loin du Soleil, il n'était pas envisageable d'utiliser des panneaux solaires pour fournir l'énergie nécessaire à la sonde. C'est pourquoi elle embarque trois générateurs thermoélectrique à radio-isotope qui produisent de l'électricité directement à partir de la chaleur produite par la désintégration naturelle du plutonium 238. Les RTG ont une durée de vie qui dépasse de beaucoup les 11 ans de la mission. La sonde Cassini-Huygens embarque 32,8 kilogrammes de plutonium (essentiellement du Plutonium 238, très radioactif).

Objectifs de la mission

Ils portent sur Saturne, ses anneaux, Titan, les lunes glacées de Saturne et la magnétosphère de la planète géante - et sur les interactions entre ces différents composants.

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Caractéristiques techniques de l'orbiteur Cassini

Pour remplir la mission Cassini-Huygens, la NASA et l'Agence spatiale européenne ont développé la sonde spatiale la plus lourde jamais lancée dans le système solaire. Avec une masse de 5 712 kg au lancement elle pèse le double de la sonde Galileo qui tourna autour de Jupiter (1995-2003). Cet engin comprend d'une part l'orbiteur Cassini, sonde spatiale chargée de l'étude du système planétaire de Saturne et équipée au total de 12 instruments scientifiques et d'autre part d'un petit engin spatial, transporté par l'orbiteur et baptisé Huygens, atterrisseur largué à proximité de Titan, le plus gros satellite de Saturne, pour traverser son atmosphère en l'étudiant avant de se poser sur son sol.

L'orbiteur Cassini est développé par le centre spatial JPL de la NASA, avec une participation de l'ESA pour le module servant de relais avec Huygens, et de l'ASI pour l'antenne de communication. La sonde spatiale mesure plus de 6,7 mètres de haut pour 4 mètres de large. Elle est constituée d'un empilement de quatre compartiments. De haut en bas, on trouve l'antenne parabolique de 4 mètres de diamètre, le module d'équipement supérieur, le module de propulsion et le module d'équipement inférieur. À cet ensemble sont attachés, sur les côtés, une palette regroupant les instruments scientifiques de télédétection (caméras…), une palette regroupant les instruments scientifiques dédiés à l'étude des champs et des particules, et l'atterrisseur Huygens. Une bôme de 11 mètres, supportant les capteurs du magnétomètre, et trois antennes permettant l'étude du plasma, sont déployées en orbite, perpendiculairement à l'axe de la sonde.

La masse à vide de Cassini est de 2 125 kilogrammes, à laquelle s'ajoutent 3 267 kilogrammes de carburant, ainsi que la sonde Huygens (320 kilogrammes). Le carburant est utilisé pour les corrections de trajectoire durant le transit vers Saturne, et les modifications d'orbite durant sa mission dans le système saturnien, afin d'optimiser les survols au-dessus des lunes. La majorité de la masse de carburant est utilisée pour insérer la sonde spatiale en orbite autour de Saturne.

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Propulsion

La propulsion principale est assurée par deux moteurs-fusées à ergols liquides ayant une poussée fixe d'environ 445 newtons.

Télécommunications

Pour les télécommunications avec la Terre, Cassini utilise trois antennes différentes : une antenne parabolique fixe de 4 mètres de diamètre et 2 antennes de faible dimension. L'antenne parabolique d'une masse de 100 kilogrammes est réalisée en nid d'abeilles d'aluminium et conçue pour faire face à des contraintes thermiques importantes : en orbite autour de Saturne elle doit fonctionner à une température de −200 °C après avoir été portée à 180 °C au début de la mission lorsqu'elle circule au niveau de l'orbite de Vénus où elle est utilisée comme pare-soleil. Le signal met entre 68 à 84 minutes à parvenir jusqu'à la Terre en fonction de la position de Saturne et de la Terre sur leur orbite.

Instrumentation scientifique

L'orbiteur Cassini embarque douze instruments. Quatre d'entre eux sont des instruments de télédétection, c'est-à-dire d'observation à distance. Ceux-ci sont fixés sur une platine non mobile et leurs axes optiques sont co-alignés. Pour viser un point donné, toute la sonde doit être réorientée. Ces instruments sont :
  • ISS, constitué de deux caméras l'une disposant d'une longueur focale de 200 millimètres et la deuxième de 2 mètres pour les plans rapprochés. Le détecteur est un capteur CCD de 1 mégapixel. Chaque caméra couvre le spectre électromagnétique de 200 à 1 100 nanomètres correspondant au visible, proche ultraviolet et le proche infrarouge. La caméra dotée d'un téléobjectif permet d'obtenir des images avec une résolution spatiale de 6 mètres à une distance de 1 000 kilomètres. Elles comportent de nombreux filtres permettant de répondre aux différents besoins : étude du système nuageux de Saturne et de Titan, photographie des lunes glacées de la planète géante, détermination de la structure des anneaux de Saturne, recherche de lunes non identifiées. Ces caméras sont également utilisées pour la navigation optique de la sonde spatiale.
  • UVIS, spectrographe permettant l'analyse en ultraviolet des atmosphères et des anneaux, afin d'en étudier les structures, la chimie et la composition.
  • VIMS, spectromètre chargé d'identifier les compositions chimiques des surfaces, atmosphères et anneaux de Saturne et de ses lunes par la mesure des couleurs émises ou réfléchies en lumière visible et dans le proche-infrarouge.
  • CIRS, spectromètre infrarouge qui mesure le rayonnement infrarouge des surfaces, des atmosphères de Saturne et de ses satellites naturels, ainsi que de ses anneaux, pour étudier leur température et leur composition.
Six autres instruments sont consacrés à l'étude des champs et particules et effectuent leurs mesures in situ, c'est-à-dire dans l'environnement entourant leurs capteurs. Ces instruments sont :
  • CAPS, spectromètre qui permet l'étude du plasma (gaz fortement ionisé) à proximité ou à l'intérieur du champ magnétique de Saturne.
  • CDA, instrument d'analyse de la glace et des grains de poussière situés dans le système de Saturne à proximité de la sonde spatiale.
  • INMS, spectromètre de masse qui permet l'analyse des particules neutres et chargées à proximité de Titan, Saturne et de ses lunes, pour mieux connaître l'étendue de leurs atmosphères et ionosphères.
  • MAG, magnétomètre utilisé pour étudier le champ magnétique de Saturne et ses interactions avec le vent solaire, les anneaux et les lunes de Saturne.
  • RPWS qui analyse les ondes plasma générées par le vent solaire, les émissions naturelles d'ondes radio et la poussière.
  • MIMI, instrument chargé de cartographier la magnétosphère de Saturne et de mesurer les interactions entre la magnétosphère et le vent solaire.
Cassini embarque par ailleurs :
  • Un radar, pour cartographier la surface de Titan, qui a la capacité de percer le voile nuageux. Il est aussi utilisé pour mesurer les hauteurs des éléments de la surface.
  • RS, expérience de radioscience permettant d'analyser l'atmosphère de Titan et de Saturne, la structure et la composition des anneaux et de mesurer le champ de gravité de Saturne et de ses lunes, par analyse de l'effet Doppler.
L'atterrisseur Huygens

La sonde spatiale Cassini transporte un petit engin spatial de 318 kilogrammes, Huygens, développé par l'Agence spatiale européenne. Une fois la sonde spatiale en orbite autour de Saturne, Huygens est largué et descend dans l'atmosphère de Titan en analysant ses caractéristiques puis se pose en douceur sur sa surface et complète alors le recueil des données. La durée de vie de Huygens est limitée à la fois par sa source d'énergie non renouvelable (batteries) et la nécessité de passer par un relais constitué par l'orbiteur Cassini dont la trajectoire ne lui permet d'assurer ce rôle que durant quelques heures.

Huygens est composé de deux structures indépendantes : le module de rentrée atmosphérique et le module de descente. Le premier comprend un bouclier thermique qui protège de l'énorme élévation de température lors de la rentrée dans l'atmosphère de Titan. Il permet aussi de ralentir la sonde à l'aide de ses parachutes avant de libérer le module de descente. Ce dernier est constitué d'une coquille en aluminium qui contient toute l'instrumentation scientifique ainsi que ses propres parachutes pour la phase finale de descente ainsi que le système de contrôle d'orientation de la sonde.

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Bouclier arrière de l'atterrisseur Huygens.

L'instrumentation de Huygens située dans le module de descente comprend les instruments suivants :
  • HASI est un ensemble d’instruments chargé d'étudier les propriétés physiques et électriques de l’atmosphère de Titan et la détection d’éventuels éclairs d’orage.
  • DWE est un système de mesure de l’effet Doppler pour l’étude des vents dans l’atmosphère de Titan et la reconstitution de la trajectoire suivie par Huygens durant sa descente.
  • DISR est un imageur - spectromètre pour la mesure de la composition chimique atmosphérique, l’étude de la structure des nuages et la réalisation de photographies de la surface.
  • ACP est un système de pyrolyse qui doit permettre l’étude de la composition chimique des aérosols de l’atmosphère de Titan.
  • GCMS est composé d'un chromatographe et d’un spectromètre pour l’analyse des constituants atmosphériques, leur répartition en fonction de l’altitude et leur mode de formation.
  • SSP est un ensemble de capteurs permettant de déterminer l’état et la composition du sol sur le site d’atterrissage de Huygens.
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Instruments et équipements de l'atterrisseur.

2ème partie
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Le Merle Blanc »

Très intéressantes explications sur la visite des "terriens" sur Saturne,
bien relatée et finalement assez souple à comprendre...Merci Montp.
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Montparnasse »

Content que ça intéresse, bientôt la suite si j'ai le temps (le dossier Wikipédia est très long, j'essaye de résumer et de simplifier...). Je vais tenter de récupérer une vidéo de l'atterrissage de Huygens sur Titan pour l'intégrer au sujet. ;)
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Le Merle Blanc »

Merci Montp, avec plaisir.
J'ai aussi écouté : y a-t-il un temps avant le "big bang"...mais, il faudra que je réécoute avant de répondre,
je n'étais certainement pas assez concentré sur la lecture . à plus
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Montparnasse »

La réponse est non si on se base sur la Relativité générale (naissance de l'espace ET du temps au moment du Big Bang). Mais est-elle valable pour un objet aussi petit que l'univers à cet instant ? Normalement, c'est la Mécanique quantique qui doit s'appliquer. La question n'est donc pas encore tranchée...
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Montparnasse »

Lancement et transit vers Saturne

La fusée Titan-IV choisie pour lancer la sonde spatiale est le plus puissant des lanceurs existants. D'un coût particulièrement élevé (422 millions de dollars à l'époque), cette fusée ne sera plus jamais utilisée pour lancer une sonde spatiale. Huygens et Cassini arrivent à la base de lancement de Cap Canaveral en avril et mai 1997 pour un dernier test avant d'être assemblés avec leur lanceur.

Il était impératif de lancer Cassini-Huygens durant la fenêtre de tir allant du 6 octobre au 15 novembre 1997 car c'était la dernière à permettre à la sonde spatiale de bénéficier de l'assistance gravitationnelle de Jupiter. La fusée s'élance depuis le pas de tir de Cap Canaveral le 15 octobre 1997 à 8 h 43 TU. L'étage Centaur place la sonde spatiale sur une orbite de parking puis, 19 minutes plus tard, est rallumé durant 7 minutes et 15 secondes pour placer Cassini-Huygens sur une orbite héliocentrique. Le tir est presque parfait et ne nécessite qu'une correction minime de 2,7 m/s, effectuée le 9 novembre.

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Assistance gravitationnelle des planètes internes (1997-1999)

Malgré la puissance de son lanceur, Cassin-Huygens ne peut pas parvenir sur sa seule lancée jusqu'à Saturne. Pour y parvenir, il aurait été nécessaire que la fusée Titan puisse accélérer la sonde spatiale à une vitesse de 15,1 km/s, or compte tenu de la masse de celle-ci, le lanceur n'a pu lui communiquer qu'une vitesse de 12,4 km/s. Les concepteurs de la mission ont donc prévu d'obtenir la vitesse manquante en utilisant l'assistance gravitationnelle de Vénus (deux fois) et de la Terre. L'assistance gravitationnelle de Jupiter est enfin utilisée pour raccourcir la durée du voyage.

La sonde spatiale se dirige d'abord vers Vénus. Comme elle se rapproche du Soleil, la parabole de l'antenne principale est interposée entre l'astre et le corps de l'engin spatial, pour limiter l'échauffement. Le 27 avril 1998, Cassini frôle Vénus en passant à 287 km de sa surface, ce qui lui permet d'infléchir sa trajectoire de 70°, accélère de 3,7 km/s (dans le référentiel héliocentrique) et la place sur une orbite dont l'aphélie (point le plus éloigné du soleil pour une orbite héliocentrique) se situe au-delà de Mars. Le 3 décembre 1998, la propulsion principale est utilisée pour effectuer une importante correction de vitesse (et donc de trajectoire) de 452 m/s, qui ramène la sonde spatiale pour la deuxième fois au-dessus de Vénus, le 24 juin 1999 à 603 kilomètres d'altitude. Avec l'accélération obtenue (3,1 km/s dans le référentiel héliocentrique), la sonde spatiale survole la Terre seulement 56 jours plus tard, à une altitude de 1 166 kilomètres, le 18 août 1999. L'assistance gravitationnelle liée à ce survol procure à son tour une accélération supplémentaire de 4,1 km/s, et porte la vitesse de la sonde spatiale à 19,1 km/s, ce qui lui permet désormais d'atteindre Saturne. Le 1er décembre 1999, l'orientation de la sonde spatiale est modifiée de manière à ce que l'antenne principale soit pointée vers la Terre : compte tenu de l'éloignement du Soleil, il n'est plus nécessaire qu'elle s'interpose entre le Soleil et le corps de la sonde. Le 23 janvier 2000, la sonde passe à 1,5 millions de kilomètres de l'astéroïde Masursky. Le 30 décembre 2000 a lieu le survol de Jupiter. La sonde arrive sur Saturne le 1er juillet 2004.

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Le survol de Jupiter (décembre 2000)

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Les premières données scientifiques de la mission sont recueillies lors du survol de la planète Jupiter. Celui-ci a pu être programmé grâce à une conjonction exceptionnelle des deux planètes géantes, Jupiter et Saturne, qui ne se reproduit que tous les 20 ans environ. Le survol a été planifié principalement pour permettre à la sonde spatiale de bénéficier de l'assistance gravitationnelle de Jupiter et de regagner ainsi 2,1 km/s faisant passer sa vitesse à 11,6 km/s à la sortie du système de Jupiter. Le gain obtenu permet de réduire de deux ans la durée du transit vers Saturne. La sonde passe à relativement grande distance de Jupiter — 9,72 millions de kilomètres — pour que l'accélération obtenue ne soit pas trop importante, ce qui aurait nécessité une plus grande quantité de carburant pour freiner la sonde spatiale et la placer en orbite autour de Saturne. Le volet scientifique de ce survol comprend l'étude de la magnétosphère de la planète ainsi que des particules et des champs électrique et magnétique de manière conjointe avec la sonde Galileo, en orbite autour de Jupiter depuis 1996. Cassini prend également des photos de la planète (en raison de sa taille celle-ci remplit entièrement le champ de la caméra à une distance de 23,3 millions de kilomètres) pour permettre l'étude de son atmosphère. La sonde spatiale débute officiellement sa campagne d'observation le 1er octobre 2000 en effectuant une première photo de la planète géante, alors que celle-ci se trouve encore à 84,4 millions de kilomètres.

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Le 18 août 2000, Cassini passe à 4,42 millions de kilomètres d'Himalia, une des lunes de Jupiter. Le 30 décembre 2000 Cassini passe au plus près de la planète géante, à une distante de 9,72 millions de kilomètres. La sonde spatiale réalise une série continue de photos de l'atmosphère de Jupiter sur une période exceptionnellement longue, qui permet d'observer le comportement dynamique de celle-ci. La campagne d'observation de Jupiter s'achève le 22 mars 2001.

L'insertion en orbite autour de Saturne (1er juillet 2004)

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Sur Terre, depuis le départ de Cassini, de nombreuses observations du système de Saturne ont été effectuées, à l'aide du télescope spatial Hubble, du radiotélescope d'Arecibo et des télescopes optiques terrestres les plus puissants équipés d'optique adaptative. Les résultats ont permis de découvrir de nombreux satellites irréguliers de Saturne. La présence de mers d'hydrocarbure à la surface de Titan est un sujet controversé, mais les observations effectuées ne permettent d'apporter aucune preuve décisive. L'instrument RPWS commence à capter des signaux radio produits par Saturne, alors que la sonde spatiale se trouve encore à 375 millions de kms de la planète géante. Les observations systématiques de l'atmosphère de Saturne et de ses anneaux débutent en décembre 2003, alors que la sonde se trouve à 111 millions de kilomètres de son objectif. Les premières prises d'image de Saturne sont effectuées le 6 février 2004 et celles de Titan en avril. Tous les autres instruments scientifiques sont progressivement mis en marche. Les membres de la mission recherchent, avec les instruments de la sonde spatiale, et des télescopes basés sur Terre, la présence d'éventuels obstacles sur la trajectoire suivie par Cassini, lorsque la sonde coupera le plan des anneaux. Les photos prises par la sonde spatiale permettent de découvrir deux petits satellites de quelques kilomètres de diamètre, Méthone et Pallène, qui se trouvent sur une orbite proche de Mimas (une des lunes de Saturne).

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Cassini pénètre dans le système de Saturne en effectuant un survol de la lune Phœbé, qui orbite à 13 millions de kilomètres de la planète, et dont le diamètre est d'environ 200 kilomètres. Phœbé est le plus important des satellites irréguliers de la planète géante (ils sont caractérisés par leur éloignement et l'inclinaison importante de leur orbite qui est parfois rétrograde). Ces satellites ne se sont pas formés avec Saturne, mais ont été capturés par la planète. Le 11 juin 2004, la sonde spatiale passe à 2 071 kilomètres de Phœbé, qui n'avait jusque-là jamais été observée de près. Les photos de Phœbé montrent un monde irrégulier, couvert de cratères de grande dimension.

Il reste trois semaines avant la manœuvre qui doit permettre d'insérer la sonde spatiale en orbite autour de Saturne. Le 1er juillet vers 2 h TU la sonde spatiale, qui navigue sous le plan orbital des anneaux de Saturne, le traverse à la vitesse de 22 km/s, en s'insinuant dans l'espace théoriquement libre d'obstacles situé entre deux anneaux (F et G). Cette traversée s'effectue avec l'antenne parabolique pointée vers l'avant, pour protéger Cassini d'éventuelles particules. Une demi-heure plus tard, après que la sonde ait pivoté de 180° pour présenter ses tuyères vers l'avant, le propulseur principal est allumé, pour réduire la vitesse de Cassini et permettre son insertion en orbite autour de Saturne. Le moteur-fusée fonctionne durant 96 minutes et la vitesse chute de 622 m/s. Durant cette phase la sonde passe à 19 880 kilomètres du sommet des nuages de la planète. La sonde est le premier objet artificiel à se placer en orbite autour de Saturne : cette orbite est parcourue en 116 jours, avec un périgée se situant à 78 520 kilomètres du centre de Saturne (18 000 kilomètres au-dessus de la couche des nuages), un apogée à 9,06 millions de kilomètres. Immédiatement après l'arrêt de la propulsion, Cassini utilise les instruments VIMS et UVIS pour prendre des images des anneaux, dont elle ne sera plus jamais aussi proche durant le reste de la mission. L'objectif est notamment d'obtenir des informations sur leur structure. À 5 h 50, la sonde spatiale traverse à nouveau le plan orbital des anneaux.

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Le jour suivant, la sonde spatiale effectue son premier survol de Titan, mais celui-ci se fait à grande distance (339 000 kilomètres) et les instruments fournissent peu d'informations. L'orbite sur laquelle circule Cassini est temporaire, car elle fait passer la sonde à travers les anneaux. Aussi la propulsion principale est utilisée pour la dernière fois, le 23 août, durant 51 minutes pour accélérer la sonde de 398 m/s, et faire passer son périgée à 300 000 kilomètres, c'est-à-dire à l'extérieur des anneaux les plus denses.

Premiers survols de Titan et premières découvertes (26 octobre 2004)

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Le 26 octobre 2004, la sonde spatiale Cassini effectue un premier passage à faible distance (1 200 kilomètres) de Titan. Le satellite, entouré d'un voile opaque de nuages a, jusque là, révélé peu de choses sur sa nature, malgré les nombreuses observations effectuées depuis la Terre ou durant son survol par les sondes Voyager. Beaucoup d'informations sont attendues du passage de la sonde, grâce à la faible distance et la présence du radar capable d'observer la surface à travers les nuages. Tous les instruments étant fixes, le pointage du radar vers la surface entre en conflit avec la mise en œuvre des instruments de télédétection (caméras, etc.) et certains instruments de mesure des champs et particules, qui n'ont pas les mêmes axes de visée. Aussi l'utilisation du radar est relativement brève et ne concerne qu'une bande étroite de terres de 120 kms de large sur 2 000 de long. Les informations collectées par le radar et les caméras fonctionnant en lumière visible et en infrarouge permettent de distinguer une surface jeune, c'est-à-dire pratiquement dépourvue de cratères d'impact, aux caractéristiques très variées, reflétant une géologie dynamique avec la présence de chenaux et peut-être de volcans rejetant un mélange de glace d'eau et de méthane enfouis sous la surface. Mais aucune surface liquide de grande étendue n'est détectée. Le magnétomètre indique que Titan ne génère pas de champ magnétique. Deux jours plus tard, l'orbiteur atteint son périgée et boucle ainsi sa première orbite autour de Saturne, avant de commencer à s'éloigner de la planète géante. Un deuxième survol de Titan a lieu le 16 décembre, à une altitude pratiquement identique. Cette fois le radar n'est pas utilisé et les observations portent plus particulièrement sur le comportement de l'atmosphère et sa composition. L'assistance gravitationnelle de Titan est utilisée pour ajuster précisément le prochain passage au-dessus de Titan, qui doit s'accompagner de l'atterrissage de Huygens.

L'atterrissage de Huygens sur Titan (14 janvier 2005)

Le 16 décembre, la sonde Cassini modifie sa trajectoire en utilisant ses propulseurs durant 85 secondes, de manière à pouvoir placer l'atterrisseur Huygens, dépourvu de moyens de manœuvrer, sur une trajectoire de collision avec Titan. Le 23 décembre, une dernière petite correction est effectuée, et deux jours plus tard l'atterrisseur se détache de Cassini : des ressorts lui impriment un léger surcroît de vitesse de 33 cm/s, qui l'éloigne progressivement de son vaisseau porteur. Auparavant, Huygens a été mis en rotation autour de son axe (7,5 tours par minute), pour que son orientation reste stable jusqu'à son arrivée aux abords de Titan, 22 jours plus tard.

Le 28 décembre, l'orbiteur Cassini corrige sa trajectoire en utilisant ses propulseurs durant 153 secondes, pour passer au large de Titan. Le 31 décembre 2004, l'orbiteur passe à relativement faible distance (123 000 kilomètres) de l'hémisphère éclairé de Japet, ce qui lui permet d'obtenir des images de bonne qualité de cette lune. Plusieurs caractéristiques intriguent les scientifiques dans les données recueillies lors du survol : Japet possède une crête équatoriale de 20 kilomètres de large et 13 kilomètres de haut qui court tout au long de son équateur. Ses dimensions, 749 x 747 x 713 km, lui confèrent une forme ovale inexplicable pour un objet céleste de cette taille. Les analyses spectroscopiques de la surface ne fournissent pas, dans un premier temps, d'explication satisfaisante au contraste de couleur de ses deux faces.

Image
Japet

À compter de sa séparation avec Cassini, Huygens est mise en sommeil. Alors qu'elle arrive à proximité de Titan, le 14 janvier, les équipements de la sonde sont réactivés. L'orbiteur Cassini, qui suit une route parallèle, pivote pour pointer son antenne principale vers l'atterrisseur, alors que celui-ci s'apprête à pénétrer dans l'atmosphère. L'orbiteur, relativement proche, peut recevoir un volume de données plus important, et va servir de relais entre Huygens et les stations à Terre. Néanmoins, plusieurs radiotélescopes terrestres sont également à l'écoute des émissions de Huygens. À 9 h 06 T.U. Huygens pénètre dans l'atmosphère de Titan, à 1 270 kilomètres d'altitude, à une vitesse de 5 km/s. Les frottements à grande vitesse dans l'atmosphère portent le bouclier thermique de la sonde à une température de 1 700 °C. Trois minutes plus tard, alors que la vitesse de l'engin spatial a chuté à moins de 1 400 km/h et qu'il se trouve à 160 kilomètres d'altitude, un premier parachute pilote de 2,6 mètres de diamètre est déployé et éjecte le bouclier thermique arrière. Le parachute principal, de 8,3 mètres de diamètre, est déployé 2,5 secondes plus tard. Il s'écoule une minute, puis le bouclier thermique avant est largué et l'émetteur radio de Huygens est mis en marche. Le signal émis est capté de manière très atténuée par le radiotélescope terrestre de Green Bank, environ 67 minutes plus tard (temps mis par le signal pour cheminer à la vitesse de la lumière). Les instruments de l'atterrisseur sont mis en marche. La caméra DISR prend une première image, alors que la sonde se trouve entre 143 et 140 kilomètres, et restitue une atmosphère faiblement éclairée. Le Chromatographe à gaz GCMS commence à collecter des données, tandis que le pyroliseur ACP commence ses prélèvements à 130 kilomètres. Les capteurs des instruments HASI sont déployés, et le spectromètre de masse GCMS effectue une première analyse de l'atmosphère à 140 kilomètres d'altitude, et en effectue trois autres avant l'atterrissage, à 85, 55 et 20 kilomètres. Le SSP est également mis en route, mesurant d'autres propriétés de l'atmosphère. Huygens commence à transmettre les données collectées en direction de Cassini situé à 60 000 kms.

Quinze minutes après le début de la rentrée atmosphérique, le parachute principal est largué, et un autre parachute, plus petit (3 mètres de diamètre), prend le relais. La vitesse a en effet suffisamment chuté, et l'atterrisseur doit atteindre rapidement le sol, pour que ses batteries soient en mesure de fournir l'énergie après l'atterrissage, alors que l'orbiteur est encore au-dessus de la ligne d'horizon. À 9 h 42, alors que la sonde se trouve à 60 kilomètres d'altitude, Huygens met en marche son altimètre radar, qui doit désormais mesurer son altitude. Les images du sol qui sont prises sont beaucoup moins nettes que prévu, car l'atterrisseur traverse des couches de brume épaisse, constituée de méthane à saturation. Le premier panorama du sol dans lequel on peut distinguer de vagues formes, brillantes et sombres, est pris entre 50 et 29 kilomètres d'altitude. Vers 35 kilomètres, la sonde, qui se déplace horizontalement à 20 m/s, est secouée par de fortes turbulences. L'atmosphère s'éclaircit vers 30 kilomètres. À 11 h 23, à proximité de la surface, Huygens allume une lampe, qui doit fournir une lumière, homogène et aux caractéristiques connues, pour les futures prises d'images. À 11 h 38, soit deux heures et demie après avoir entamé la rentrée atmosphérique, Huygens touche le sol, à une vitesse de 17 kilomètres par heure.


Vidéo de la descente de l'atterrisseur Huygens sur Titan.

Le SSP commence à transmettre des informations peu après l'atterrissage de Huygens. Une heure et demie après l'atterrissage, Cassini passe sous l'horizon de Titan, empêchant toute transmission de données de la part de Huygens. L'atterrisseur est parvenu à transmettre 474 mégaoctets de données depuis le début de la descente.

Image
La surface de Titan photographiée par Huygens
après son atterrissage.


3ème partie
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Le Merle Blanc
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Le Merle Blanc »

Bonjour Montp.
Comme pour la première partie, très bonne description du voyage vers Saturne très bien documentée
ce qui me paraît le plus difficile à assimiler ce sont les immenses distances ainsi que les vitesses folles.
La vidéo de l'atterrissage de la sonde est une excellente idée ... à quand la suite? merci à plus.
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Montparnasse »

Merci Le Merle. Je poursuivrai dès que j'aurai suffisamment de temps libre. C'est vrai que c'est une belle épopée. Pas sûr qu'il y ait une mission aussi chère avant longtemps, aujourd'hui c'est l'heure des restrictions budgétaires en Europe et aux USA... :] D'ailleurs, au départ, le projet était encore plus ambitieux. Il a été rogné au fil du temps par les gouvernements qui se sont succédé, surtout aux USA.
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Montparnasse »

Faits marquants de la mission primaire (2004-2008)

Le 17 février 2005, la sonde Cassini passe à 1 577 km de la lune Encelade. Celle-ci présente la particularité d'avoir un albédo (rapport entre l'énergie lumineuse émise et celle qui est reçue) très proche de 1, réfléchissant pratiquement toute la lumière reçue. Les photos prises par les caméras, dix fois plus détaillées que celles des sondes Voyager, montrent une boule de glace, pratiquement vierge de cratère d'impact, parcourue de sillons et de renflements à l'apparence très proche des lunes de Jupiter, Ganymède et Europe. Les analyses spectrales démontrent que la surface est constituée de glace d'eau presque pure, ce qui explique son albédo élevé. Durant un deuxième passage, effectué le 16 mars, le magnétomètre de la sonde spatiale détecte une modification du champ magnétique de Saturne, qui révèle la présence d'une atmosphère sur le satellite. Celle-ci, compte tenu de la faiblesse du champ de gravité de la lune, trahit sans doute l'éjection de gaz par une forme d'activité volcanique. Au cours de ces survols, le détecteur de poussières met en évidence une densité particulièrement importante de particules, qui pourraient avoir pour origine soit Encelade soit l'anneau E. Pour lever l'incertitude sur leur source, il est décidé d'abaisser l'altitude du survol suivant, qui doit avoir lieu en juillet. Le 10 mai le JPL confirme la découverte d'une nouvelle lune, qui prendra plus tard le nom de Daphnis. Celle-ci avait déjà été détectée en mai 2004, mais son existence est confirmée grâce à une photographie prise durant le survol des anneaux. Le 14 juillet, la sonde spatiale effectue un nouveau survol à basse altitude (175 km) au-dessus d'Encelade. Les images prises montrent que les terrains du pôle sud sont géologiquement jeunes. Ils sont barrés par quatre failles énigmatiques, et jonchés de blocs de glace, qui peuvent atteindre la taille d'un immeuble. Les quatre failles, longues d'environ 130 kilomètres et distantes de 40 kilomètres, qui ont été baptisées "rayures de tigre", sont à l'échelle géologique très jeunes (entre 10 et 1000 ans). On y trouve les évents qui éjectent en permanence de la vapeur et de la glace d'eau. Le spectromètre de masse a mesuré que l'atmosphère qui entoure la lune est composée à 65% de vapeur d'eau, à 20% d'hydrogène moléculaire, avec des proportions plus faibles de dioxyde de carbone, d'azote moléculaire et de monoxyde de carbone.

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Encelade

Le 23 septembre 2005, Cassini survole Téthys à 1 500 kilomètres. Le 25 septembre 2005, la sonde passe à 514 kilomètres d'Hypérion. C'est le seul survol d'Hypérion planifié durant la mission primaire : il permet de révéler de façon très détaillée la structure étonnante de sa surface, semblable à une éponge. Ce serait le résultat des impacts répétés, sur une lune à faible densité et forte porosité. Un survol à relativement grande distance d'Encelade permet la mesure spectrale des jets de matière du pôle sud, et permet de confirmer l'hypothèse selon laquelle ceux-ci sont à l'origine du matériau de l'anneau E.
  • 11 octobre 2005 : Survols de Dioné à 500 kilomètres et, le même jour, du satellite Télesto à 10 000 kilomètres.
  • 28 octobre 2005 : Survol de Titan, à moins de 1 350 kilomètres.
  • 26 novembre 2005 : Survol de Rhéa, à 500 kilomètres.
  • 21 juillet 2006 : Survol de Titan, à l'altitude minimale de 950 kilomètres.
  • 30 août 2007 : Second survol de Rhéa, à 5 737 kilomètres.
  • 10 septembre 2007 : Second et dernier survol de Japet, à moins de 1 650 kilomètres.

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Dioné avec en arrière plan Saturne

Le 12 mars 2008, Cassini s'approche à moins de 50 kilomètres d'altitude d'Encelade, en traversant ses geysers. Les photos prises montrent que le pôle nord, contrairement au pôle sud, est fortement cratérisé, donc ancien, mais qu'il est également parcouru de fissures parallèles créées par une activité tectonique. Les mesures de températures à haute résolution, réalisées à l'aide du spectromètre infrarouge, montrent que la température le long des "rayures de tigre" peut atteindre −93 °C, soit 115° de plus que dans les autres régions de la lune. Compte tenu de ces températures élevées, il est probable qu'il existe un océan liquide sous la surface d'Encelade. Les caractéristiques des matériaux éjectés par les geysers sont proches de la matière composant les comètes.

Cassini Equinox Mission (2008-2010)

La mission primaire du programme Cassini s'achève le 30 juin 2008, après 76 révolutions autour de Saturne. À cette date, la sonde dispose toujours de réserves de propergols importantes, qui lui sont nécessaires pour modifier plusieurs fois par mois son orbite et poursuivre le recueil des données en survolant divers satellites. Le 15 avril 2008, la NASA décide, compte tenu des réserves d'ergols restantes, de prolonger de 2 ans la mission. L'extension de la mission est baptisée « Cassini Equinox Mission », car l'équinoxe de Saturne doit se produire le 11 août 2009. Durant cette nouvelle phase de la mission, la sonde spatiale va parcourir 60 orbites supplémentaires autour de Saturne qui permettront 21 survols de Titan, 7 d'Encelade, 6 de Mimas, 8 de Téthys et un de Dioné, de Rhéa et d'Hélène.

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Le 11 août 2008, la sonde survole Encelade, et parvient à réaliser des photos à haute résolution des terrains d'où jaillissent les geysers. Les images montrent des failles qui sont profondes de 300 mètres, avec une section en V, qui hébergent les geysers. D'après les premières analyses, les geysers sont obstrués par la glace, au bout de quelques mois ou quelques années, et se déplacent de manière continue. Deux autres survols ont lieu les 9 et 31 octobre 2008. Les données recueillies donnent à penser qu'Encelade est le siège d'une forme de tectonique des plaques, mais contrairement à ce qui se passe sur Terre, le déplacement se fait dans une seule direction.

En août 2009, c'est l'équinoxe sur Saturne. Le rayonnement du Soleil frappe les anneaux perpendiculairement à leur tranche, ce qui les fait disparaître visuellement. L'équipe scientifique de Cassini en profite pour étudier la structure verticale des anneaux, qui est mise en évidence par l'éclairage rasant. Contrairement aux hypothèses émises, qui évaluaient l'épaisseur des anneaux à une dizaine de mètres, les images révèlent, par endroits, des épaisseurs qui atteignent parfois quatre kilomètres de haut.

Cassini Solstice Mission (2010-2017)

En février 2010 la NASA annonce qu'elle a dégagé un budget de 60 millions de dollars pour financer un prolongement de sept ans de la mission de Cassini, courant de juillet 2010 jusqu'en septembre 2017. La nouvelle mission est baptisée Cassini Solstice Mission, car elle permet d'observer le système de Saturne au moment du solstice d'été de son hémisphère nord, qui a lieu en mai 2017. Au cours de cette phase, Cassini doit boucler 155 orbites autour de Saturne, effectuer 54 survols de Titan dont 38 à moins de 2 000 kilomètres, onze d'Encelade dont deux à faible distance, trois de Dioné et trois de Rhéa.

En juillet 2012 Cassini change son inclinaison orbitale c'est-à-dire l'angle que fait sa trajectoire lorsqu'elle traverse le plan équatorial de Saturne. Sur cette nouvelle orbite les instruments de la sonde spatiale disposent d'une meilleure perspective pour observer les anneaux de Saturne ainsi que son atmosphère et celle de ses lunes. Sur cette nouvelle orbite, la sonde spatiale peut survoler le pôle nord de Saturne qui est éclairé depuis la survenue du printemps dans l'hémisphère Nord. Des photos de l'étonnante formation nuageuse hexagonale centrée sur le pôle sont effectuées fin 2012.

Le 28 octobre 2015, la sonde survole Encelade, à 49 kilomètres d'altitude, le 19 décembre 2015, elle le survole une dernière fois à environ 4 999 kilomètres d'altitude.

La fin de mission (avril à septembre 2017)

En 2017 la sonde spatiale a passé treize années en orbite autour de Saturne qui ont succédé à sept ans de transit entre la Terre et la planète géante. Les ergols indispensables pour poursuivre sa mission scientifique et contrôler sa trajectoire sont pratiquement épuisés. Or les modalités de destruction de la sonde spatiale doivent être contrôlées pour que Cassini n'achève pas sa course sur la surface d'Encelade ou de Titan. Ces deux satellites pourraient en effet héberger des formes de vie et il ne faut pas que les micro-organismes terriens que transporte Cassini malgré la stérilisation effectuée avant son lancement ne puissent les contaminer.

La trajectoire retenue a été sélectionnée parce qu'elle fournit des résultats scientifiques majeurs, qui ne peuvent être obtenus que dans le cadre d'une fin de mission. Elle consiste à abaisser le périgée de Cassini, de manière à ce que la sonde spatiale se glisse, pour ses dernières orbites dans un intervalle large de 2 400 kilomètres, entre l'anneau D, le plus proche de la surface de Saturne, dont le bord intérieur se situe à 65 000 kilomètres du centre de Saturne, et la partie la moins dense de la couche atmosphérique supérieure de la planète géante, qui culmine à 62 000 kilomètres. La phase finale court d'avril 2017 à septembre 2017. Elle débute par vingt orbites rasant l'extérieur de l'anneau F, permettant d'obtenir des images à haute résolution des anneaux F et A, suivies de 22 « orbites de proximité » passant à l'intérieur de l'anneau D. La mission s'achève par le plongeon de la sonde spatiale au cœur de la planète géante, le 15 septembre 2017. L'ensemble de ces manœuvres nécessite seulement un changement de vitesse de 5 à 30 m/s, compatible avec les réserves de carburant. Les dernières orbites placent la sonde dans une position idéale pour remplir plusieurs objectifs scientifiques majeurs :
  • Mesurer de manière très précise le champ de gravité de Saturne, ce qui donnera des indices sur la structure interne de la planète notamment la taille et la masse de son noyau.
  • Déterminer précisément la masse des anneaux. Cette information contribuera à déterminer leur ancienneté et à valider le modèle imaginé pour expliquer leur formation.
  • Collecter des données sur l'ionosphère et la ceinture de radiation. La collecte de données précises sur le champ magnétique doit permettre de mesurer la rotation différentielle du cœur par rapport à son noyau et fournir une explication aux écarts entre les relevés effectués par la sonde spatiale Voyager 2 (1981) et ceux réalisés jusque là par Cassini.
  • Etudier la structure de l'anneau D.
Chronologie des derniers mois de la mission (2017)

26 avril : Cassini se faufile pour la première fois entre l'anneau interne et la couche supérieure de l'atmosphère de Saturne en utilisant l'antenne parabolique comme bouclier contre d'éventuels impacts avec des particules. La sonde spatiale va effectuer 22 orbites de ce type avant de plonger dans l'atmosphère.

14 septembre : Cassini réalise les dernières images du système saturnien et retransmet les photos des lunes Titan et Encelade, du pôle nord et des anneaux de Saturne.

15 septembre : Trois heures avant la fin de mission la sonde spatiale se met en rotation à raison d'un tour toutes les 5 minutes pour optimiser l'analyse in situ de l'atmosphère par l'instrument INMS. Cassini commence à transmettre en temps réel avec un débit de 27 kilobits par seconde les données collectées par les caméras CIRS, UVIS ainsi que les instruments de mesure du plasma et du champ magnétique.

Cassini pénètre dans l'atmosphère de Saturne à la vitesse de 31 km/s et une distance de 1 920 kilomètres au-dessus de la couche nuageuse. La poussée des moteurs-fusées est positionnée à 10 % de leur capacité pour maintenir l'orientation de la sonde spatiale en compensant les forces exercées par l'atmosphère et ainsi permettre de pointer l'antenne parabolique vers la Terre et continuer à transmettre des données.

La sonde spatiale, qui se trouve encore à 1 510 km au-dessus de la couche nuageuse, utilise à 100 % la poussée de ses moteurs mais ne parvient plus à compenser les frottements générés par l'atmosphère. Elle part en toupie et l'antenne parabolique n'est plus pointée vers la Terre. Les communications avec celle-ci sont interrompues.

Dans les minutes qui suivent la perte du signal, la sonde spatiale est progressivement détruite par les forces mécaniques et la chaleur produite par l'atmosphère de plus en plus dense. La mission s'achève le 15 septembre à 11h55 T.U.

4ème Partie
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Le Merle Blanc
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Re: La mission Cassini_Huygens (1997-2017)

Message par Le Merle Blanc »

Bonjour Montp et merci.
Le sujet est toujours aussi intéressant, on peine parfois à imaginer les folles distances
qui nous séparent de la planète Saturne, folle aussi les vitesses vertigineuses...
Le tout reste pourtant très compréhensible. à plus.
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