Le Spleen de Paris

Oui ! c'était peut-être cela, le souvenir de paysages magnifiques, des récits à vous tenir en haleine
durant des heures; du rêve, du rêve à revendre.
Devant ses yeux, les balais des essuies glace, tels des métronomes, battaient l'air à un rythme saccadé;
mais déjà l'orage glissait plus loin, la pluie cessait de tomber, elle songea repartir.
Roulant prudemment sur la chaussée détrempée, elle sourit se parlant à elle même:
<<Ah ! que ne donnerais-je pour marcher sur les traces de James !>>
Un autre souvenir revint la hanter , que sa mémoire avait occulté durant des années: une photo; une photo
qu'elle avait juste entrevue jadis qui représentait le grand James en compagnie d'une grande et belle jeune
femme que ses yeux de jeune enfant avait, peut-être à tord, identifiée à sa mère.

ps: avant de continuer Merle blanc : un petit commentaire !

Fichtre dieu ! nous sommes déjà rentrés dans l'élément perturbateur! Et il est de taille car l'intrigue ainsi posée, peut nous amener loin... D'ailleurs, je n'ai pas encore d'idée... Attendons ce soir !:


Rappel : le fil est ouvert à tous !

Voilà ! Voilà ! C'était cela qui l'avait foudroyée comme le tonnerre tout à l'heure jusqu'à lui faire stopper la voiture !
Elle venait de repenser à la photographie. Une photo parue dans un journal qu'elle avait entraperçu posé sur la table du salon, il y avait bien longtemps. Sophie gardait en mémoire - maintenant qu'elle l'avait retrouvée- l'effet saisissant qu'avait eu ce cliché sur elle : James Lawn, en héros, aux bras d'une femme ravissante.
Qui était la femme ? Elle avait oublié. Mais les yeux de cette femme, elle venait de s'en souvenir : c'était le regard de sa mère, elle en était convaincue.

La forêt avait laissé place à une plaine bruineuse repue d'humidité, Sophie vit au loin se profiler les
premières lumières de la petite ville... Elle était chez elle.
Après avoir posé ses valises, elle composa le numéro de sa mère, malgré l'heure tardive celle-ci décrocha
à la première sonnerie.
<<Bonsoir ma Sophie, tu es rentrée, cela n'a pas été trop pénible la route par ce temps ? Comment vas-tu ?
_ça va maman, ça va, tu attendais mon appel ?
_Tu sais que je ne dors jamais quand je te sais sur la route...A propos, as-tu écouté la radio ? Te souviens-tu
de James Lawn, l'explorateur ? oh ! tu n'as pas pu oublier, il te faisait tant rêver quand tu était ado...
Après plus de dix ans, il l'ont retrouvé, te rends-tu compte ?...Mais je m'égare, je t'ennuie avec mes ragots.
Comment était ce séminaire ?
_Barbant, comme chaque fois...Je suis fatiguée maman, je viendrais te voir demain; bonne nuit...Un instant, maman connaissais-tu bien monsieur Lawn ?
,
_Mais ma chérie, comme toi, par ses émissions ses voyages, ses interviews, il faut reconnaître qu'il a fait
rêver tellement de gens !...Pourquoi cette question ?
_pour rien, à demain.

Excuses moi, je crois que j'ai eu un problème au moment de l'envoi....à plus.

En raccrochant, Sophie eut une drôle de sensation. Cette histoire de James Lawn tenaillait son esprit. D'abord, elle avait retrouvé la trace d'un héros disparu et l'émotion qu'elle en avait ressentie l'avait bouleversée. Ensuite, le souvenir de la photographie la hantait. Pour finir, elle doutait de sa mère. Elles avaient eu du mal à se comprendre, à se parler et tout bonnement à vivre ensemble. L'apparente bien-entente qui régnait entre elles occultait une autre vérité : sa mère avait quitté le domicile familial quand Sophie avait 10 ans. Elle n'avait jamais su ce qui lui était arrivé et sa mère, revenue au foyer, ne le lui avait jamais dit. Son père, mutique, avait tu le secret. Les autres membres de la famille étaient restés silencieux. Mais il y avait quelque chose que Sophie savait : sa mère cachait dans son petit linge, au fond d'un tiroir, dans sa chambre, une bourse entièrement rebrodée, à l'odeur orientale. Et quand elle avait voulu l'ouvrir un jour, sa mère l'en avait empêchée en hurlant violemment : « N'y touche pas ! Rends-la moi ! »

Bien décidée à en apprendre d'avantage, le goût du secret émoustillant ses sens, elle prit
rapidement sa décision. Demain, avant d'aller rendre visite à sa mère, elle pousserait jusqu'au
archives, elle voulait retrouver la photo.
Ainsi fut fait,; elle tourna, tourna des pages durant des heures, fit défiler des images devant
ses yeux...enfin elle la trouva ! Le grand James Lawn rentrant d'une expédition 18 ans plus tôt,
il revenait de deux années de recherches sur les traces des nazcas.
A cette époque, Sophie avait sept ans, sa mère était toujours près d'elle...
Mais alors ! qui était cette belle et grande dame ressemblant à sa mère comme se ressemblent
deux gouttes d'eau ? Elle était présentée dans le titre sous le nom de: Madame Hanna Lawn
venant saluer le retour de son mari.
Elle était dans l'impasse.

La photographie était trop frappante pour n'en pas douter : c'était sa mère sur la photo, elle en aurait mis sa main à couper!
Il n'y avait donc qu'une solution...
Avant de quitter les archives, elle photocopia la page du journal après en avoir demandé l'autorisation à l'employé stationné devant le local des machines.
Puis elle reprit son véhicule et roula jusqu'au domicile de sa mère. Il fallait qu'elle sache. Elle savait quelle question elle allait poser. Et maintenant, elle avait la photo : 10 juin 1967, le bandeau du journal le mentionnait parfaitement bien.
Un seul obstacle : son père.
"Il ne faut pas qu'il soit là, il ne faut pas qu'il soit là !"
Mais déjà la maison apparaissait au virage. Et la première chose qu'elle vit fut la silhouette sombre de son père, devant le portail.

Precision utile : si nous sechons , nous pouvons revenir en arriere ? Au premier episode par exemple

Ils se saluèrent comme se salue un père et sa fille. Elle entra dans la maison, embrassa sa
mère, mais s'aperçut vite que son père la suivait; elle eut l'impression que celui-ci ne voulait
pas les laisser seules. Elle surprit des regards emplis de questions et de craintes, de peur
peut-être, elle ne savait au juste.
Comme s'il eut envie de la déstabiliser complètement, son père parla tout de suite de Lawn,
En vint rapidement à minimiser les exploits qui l'avaient elle, tant fait rêver; jusqu'à sa réaparition
que son père évaluait comme un gros coup de pub.
<<Il n'est certainement pas plus amnésique que moi, disait-il.
Il lui fallait des réponses, mais pas en présence de son père...comment allait-elle s'y prendre?
Surtout que sa mère, maintenant laissait apparaître de la peur, de la terreur même