Les Traces

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Montparnasse
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Re: Sans titre

Message par Montparnasse »

Tu parles des diodes qui clignotent sur ta box ? Chez moi (Alice / Free), ce n'est lié qu'au débit internet qui transite par le câble branché à la box.
Wifi et GSM ne sont pas concernés.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Dona
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Re: Sans titre

Message par Dona »

Je reposte le ch 1 mais corrigé. Merci Loustic ;) et merci à vous deux aussi !


Les Traces

1

Un gros berger allemand dressa les oreilles dès qu'il la vit. Le chien, énorme et d'une vélocité effrayante, accourut, agressif, féroce, vers la grille.
Elle recula vivement, impressionnée. Elle s'était approchée du jardin, un grand jardin qui ceignait la vaste demeure, plus haut. Elle n'avait vu personne et pas pensé à un chien de garde de cette allure. Un berger allemand massif, brun et ocre, tout en muscles. La bête avait les yeux injectés de sang, était démontée et agacée par la présence insistante de la jeune femme. Ses aboiements furieux étaient assourdissants.
Le molosse était maintenant debout, les pattes sur le muret de pierre, aussi haut qu'un homme et sa gueule baveuse s'ouvrait sur ses crocs qui mordillaient parfois les barreaux de la grille pendant qu'il gémissait de rage. Ses mâchoires dentues, son poitrail fauve et brun délité par les hurlements, sa haute stature, faisaient de lui un animal vraiment menaçant. Elle prit peur et s'éloigna.

Pour autant, Clara resta à proximité. Tournant résolument le dos au berger allemand, elle lui fit croire qu'elle partait. En réalité, elle s'avança dans les broussailles qui avoisinaient le grand portail forgé et elle se tapit, presque à genoux, derrière ce qui lui sembla être un haut genévrier. Le cœur encore battant, elle attendit que le chien cessât d'aboyer puis s'en retourne, calmé, vers les hauteurs. Lorsqu'elle le vit s'éloigner, elle écarta les branchages à hauteur de ses yeux et s'assura qu'elle pouvait retourner devant le muret surmonté de la grille à barreaux forgés que terminait un aiguillon en métal comme on en faisait autrefois. Elle se fit discrète, silencieuse, avançant le dos courbé afin que le chien ne pût l'apercevoir. Elle aimait les bêtes mais craignait les cabots excités et haineux que des maîtres dressaient à dessein, pour monter la garde. Des chiens de guet, à l'affût, prêts à mordre et attaquer le moindre étranger qui outrepassait ses droits. À chien de garde, maître de fouet, se dit-elle, et elle méprisa déjà le propriétaire du berger allemand.

Parvenue au portail d'entrée qui avait la hauteur et la ferronnerie des anciennes arches à diligence – assez hautes pour laisser entrer un attelage - elle se tapit dans le coin droit. Un arbre le permettait bien que le tronc ne fût pas assez large pour dissimuler son vêtement : une robe bleue, de ton vif. Elle tenta de respirer le moins fort possible et se hissa sur la pointe des pieds, les mains accrochées au tronc du frêne. Elle observa, autant qu'elle put se le permettre, la grande maison accrochée au haut d'un tertre gazonné, plantée au milieu d'un grand parc arboré. Elle ne distinguait aucun signe distinctif de présence humaine mais un curieux bruit, une sorte de frappement sec et régulier lui parvenait de loin. Personne devant la maison ni dans le grand jardin. Les nombreuses fenêtres étaient occultées par des volets méchamment peints d'un vert délavé. La couleur déteinte et son aspect vieillot témoignaient d'un manque d'entretien apparent. D'ailleurs, la façade semblait défraîchie et la toiture avait l'air vermoulue par endroits.
Des yeux, elle chercha l'emplacement. Face au portail, nord-ouest, sous un châtaignier, le huitième à partir de l'entrée. En scrutant le jardin, elle fit le compte des frondaisons pour localiser l'endroit. De loin, elle avait du mal à distinguer l'arbre qu'elle cherchait, elle avait du mal à reconnaître les feuilles mais elle appuyait sa déduction sur les proportions généreuses des châtaigniers car elle savait - en pleine saison automnale- qu'on pouvait les reconnaître aux camaïeux de couleurs dont ils étaient parés.
Elle aurait dû prendre des jumelles. Elle aurait pu sonner mais il n'y avait rien qui ressemblât à une sonnette... Elle aurait pu appeler s'il y avait eu quelqu'un à proximité... mais il n'y avait personne et le chien lui faisait peur.
Elle sortit son carnet et consigna : « L'Oustalet », route de la Chevrière, Vendée, 14 octobre 2015.  Puis elle prit son téléphone portable, tout doucement, et actionna tactilement l'appareil photo. Elle déclencha l'appareil mais en consultant le cliché, elle se rendit compte que sa position latérale l'empêchait de cadrer la maison qui n'apparaissait pas malgré la pause qu'elle avait essayé de prendre en se cabrant et en avançant le plus possible, sur le côté. Avec d'infinies précautions, elle se dégagea du tronc d'arbre, fit quelques pas en prenant soin de reculer vers la route, se posta devant l'entrée, ajusta le zoom et visa la demeure.

Aussitôt et sans qu'elle le vit arriver, l'énorme berger allemand dévala le jardin et se rua sur les grilles, hurlant, dangereux. En essayant de se raisonner, Clara se dit que le portail était sûrement fermé, que le chien ne pouvait pas sortir et elle resta, face à lui, à photographier, tremblante mais déterminée. Elle agrandit le cadrage et affina la résolution de l'écran pour tenter de capturer le châtaignier qu'elle cherchait, c'était ce qu'elle était venue voir. Le chien bondissait sur les barreaux de fer, grognait et même rugissait, une écume blanchâtre inondait sa gueule, il aboyait sans discontinuer et ses aboiements retentissaient sur la route, se démultipliant comme un écho dans toute la campagne environnante.
Clara faisait le point sur chaque cliché mais ils demeuraient tous imprécis, trop hâtifs, mal cadrés. Alors, elle avança.
Elle se mit face au grand portail, en plein milieu et recommença. Comme ce n'était pas assez, elle s'approcha, le plus près possible, face au chien, enragé, rendu plus agressif encore que la première fois, de plus en plus féroce voyant que le danger se rapprochait sans qu'il pût l'arrêter. Mais Clara prit la photo. Et de fureur, le chien se jeta sur le portail, une fois, deux fois, trois fois... et au moment où la jeune femme s'enfuyait, terrifiée, les deux vantaux du portail, sûrement mal fermés, s 'ouvrirent...
Le chien courut à toute allure et comme elle se retournait pour mesurer la distance qui la séparait de la bête, elle le vit si près d'elle qu'elle ressentit un spasme de panique douloureux dans toute sa poitrine ! C'est alors qu'un grand cri retentit  dans son dos :
- Denver ! Denver ! Aux pieds ! Aux pieds ! Denver !
Elle tomba à terre, bouleversée de frayeur. Et en retournant, paniquée, elle distingua la silhouette d'un homme sorti du grand parc et le chien, rendu à ses pieds.
L'homme attrapa le chien, le battit de plusieurs coups, des coups violents et la bête hurla de douleur en même temps qu'elle essayait de se protéger et de tirer sur la laisse qu'on avait déjà attachée à son collier.
L'homme regarda Clara mais il lui sembla que c'était un regard mauvais, un peu comme si c'était de sa faute. Elle demeurait assisse sur la route, trop fébrile pour se relever. Elle se demanda s'il allait venir l'aider, la relever, s'excuser. Elle ne se sentait pas la force de se mettre debout. Elle avait la nausée, elle aurait pu vomir tant elle avait eu peur. Elle les regardait, le chien et le maître, encore éprouvée.

L'homme attacha le chien au frêne qui marquait le coin droit de l'entrée. Puis, d'un pas rapide, il avança vers elle.
- Ça va ?
Comme elle répondait par hochements de tête, il se proposa de l'aider à se relever et forte de cet appui, Clara put se hisser sur ses jambes.
- Plus de peur que de mal... Pas mordu ?
Il semblait l'ausculter de la tête aux pieds et marmonnait à chaque examen une sorte de « Ça va, ça va ça ». Quand elle se sentit mieux, elle le remercia.
- Merci. J'ai eu très peur. C'est votre chien ?
- Oui. Il aboie beaucoup, chien de garde. Mais pas méchant dans le fond, il fait son travail, hein. Chien de garde.
- Oui... enfin, il a failli me sauter dessus quand même.
- Vous l'avez excité aussi. A rester devant, là. Un chien de garde, il garde sa maison. L'a cru que vous alliez rentrer. Faut pas se mettre au défi comme ça avec un chien comme ça, hein ! C'est dangereux.
- Je trouvais la maison intéressante à photographier... Je voulais juste prendre une photo.
- Et vous croyez que le chien, il sait ça ? Peut pas faire la différence lui !
- Mais... vous étiez dans le jardin ? Dans la maison ? Pour accourir aussi vite... Vous étiez dans le jardin ?
- Oui.
Il y eut un silence. Un silence qui laissait penser qu'il se sentait en faute.
Clara baissa les yeux, un peu gênée. Dans le fond, c'était à elle de justifier sa présence et son désir de photographier une propriété privée. Certains possesseurs d'un tel bien n'appréciaient pas du tout ce genre de procédé. Avec Internet et la diffusion massive de clichés personnels, on pouvait avoir des surprises.

Elle releva la tête. L'homme la regardait. C'était un homme assez âgé mais qui paraissait très alerte au vu de sa stature et de la manière dont il avait rossé le chien. A sa voix aussi. C'était une voix sèche, autoritaire, au débit rapide.Mais il avait comme un accent, un accent de terroir, une sorte de parler rural qui accentuait fort certains mots et mâchait l'articulation de certains autres. Son regard, direct, semblait franc et sans détour. Comme le silence durait, il demanda :
- Pourquoi une photo ? Une photo de ma maison ?
Dans d'autres circonstances, si l'interlocuteur eût été rieur, cordial et s'il eût souri, Clara aurait répondu qu'elle aimait prendre en photo les demeures de caractère ; qu'elle collectionnait ce genre de clichés pour alimenter sa passion : les grandes maisons à cachet particulier. C'est ce qu'elle disait d'ordinaire, ne souhaitant pas intriguer ou même effrayer des personnes qu'elle ne reverrait peut-être pas.
Mais l'homme ne souriait pas. Il lui faisait face, haut sur ses jambes et musculeux des épaules. Son regard droit, qui n'avait pas encore cillé, l'intimida presque. Elle lui dit la vérité :
- Il y a eu un mort ici.
- Un mort ? Où ?
- Dans votre jardin.
- Mon jardin ?
- Oui, il y a un mort. C'est ce que je suis venu chercher.
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Montparnasse
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Re: Sans titre

Message par Montparnasse »

C'est le premier chapitre d'une nouvelle, d'un roman ? Est-ce encore à l'état de projet ? En tout cas, le suspens est bien mené, nous avons envie de lire la suite de ton dernier feuilleton ! :super:
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Re: Sans titre

Message par Dona »

Merci Montparnasse, a fait plaisir ! :super:


J'ai fini le septième chapitre... Le problème est que je ne sais pas où je vais. Je connais les personnages, je connais l'endroit... mais pas très bien leurs intentions... Du moins, pas encore ! C'est une sorte de défi personnel... ;)
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Re: Sans titre

Message par Montparnasse »

Bravo ! On suivra ça ! :)
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Les Traces

Message par Loustic »

Le principal étant d'arriver quelque part, non ?
J'attends la suite.
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Re: Les Traces

Message par Liza »

@ Lou

J'abandonne. J'en ai marre, tout file, s'efface, disparaît où s'enregistre je ne sais où. J'en suis arrivée à écrire mes devoirs dans la fenêtre simpliste d'un forum et de coller le texte dans Word. Je rends les armes. Lou, tu devrais feuilletonner un de tes ISBN sur Spleen, j'en ai bien pour jusqu'à la fin de l'année pour apprendre à maîtriser ce truc... si j'y arrive un jour évidemment !
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
Ma page Spleen...
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Re: Les Traces

Message par Loustic »

Ne rêve pas. Impossible, trop long, le lecteur ne tiendrait pas quarante épisodes de plus de 10 000 caractères. Ne te laisse pas dominer par un logiciel sans compassion. Lève l'étendard de la révolte.
Je te prête un marteau ? Pour tes doigts ou l'ordi ?
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Dona
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Re: Les Traces

Message par Dona »

Bon... je ne sais pas pour un marteau mais je sais pour le hachoir : j'en ai besoin d'un pour découper un lapin.

Je suis dans le pâté de lapin depuis le chapitre 8... C'est fou ce qu'est compliqué d'imaginer les objets et les choses parfois... Alors je patine, je patine... mais ma lectrice attitrée s'est piquée au jeu et maintenant qu'elle a lu les 38 premières pages (dont une trentaine n'est pas corrigée ni passée au cible Loustiquien...), elle me réclame à tout prix la suite de l'histoire, s'étant attachée, dit-elle, aux personnages... Bien obligée de continuer ! :mrgreen:

Que ne fait-on pas par amour? :hehe:
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Re: Les Traces

Message par Montparnasse »

Pauvre petit lapin, moi je ne mange jamais ces petites bêtes inoffensives.
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