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Hum ! Quel post ! Quel sujet intéressant, intarissable et passionnant !
Je ne sais pas répondre en une seule fois, je me connais... mais essayons un début.
J'ai des phases boulimiques d'écriture de la même manière que j'ai des phases boulimiques de lecture, de cinéma, de couture, de piano... Parvenue à un certain degré d'orgie, je passe à une autre passion, rien n'est vraiment ordonné et raisonnable chez moi.
Un mot suffit, par sa "couleur", sa texture ou bien l'aspect musical de sa sonorité à me donner envie d'écrire. Souvent, mon carnet minuscule perdu dans mon grand sac, sert à consigner des éléments visuels (architecture, scène de rue, de tramway...) remarquables. Un mot de ma fille, un souvenir, un film, une musique... sont fortement déclencheurs d'un épisode d'écriture.
Depuis quelques temps quand même, je me tiens à rédiger une courte fiction d'une page sur un thème donné : c'est un jeu, un déclic, une sorte de pari que je me fais intérieurement : sans le regard des autres, j'écris peu. J'aime jouer, me mettre au défi de traiter tous les thèmes, tous les genres dans tous les registres. Je teste mes limites comme un élève teste un enseignant. Mais je m'amuse encore, rien de bien sérieux.
Je suis souvent décontenancée par la prose ou l'inventivité ou la réactivité de certains que je trouve bien meilleures que moi. J'ai beaucoup de plaisir à lire les autres (quand ce n'est pas trop long... lire sur ordinateur me donne mal aux yeux puis à la tête...)
Quand je lis un bon livre, ça me donne envie d'écrire un roman et en même temps, ça me renvoie, humblement, à ce que je ne sais pas faire.
Ce que j'aime le plus dans l'écriture, c'est faire plaisir aux autres. J'ai un lectorat attitré (comme vous : la famille, les potes...) et quand ils sont surpris, heureux voire enthousiastes de la chute d'un de mes récits, c'est un grand moment de joie. C'est plus facile de leur faire plaisir comme ça qu'en jouant un morceau de piano J'ai l'impression de maîtriser quelque chose et d'orchestrer des éléments que je connais.
Poésie : Pas moyen de la taper direct sur l'ordi, trop de rature à faire, d'annotations à mettre à coté. Je travaille énormément les poésies, une vingtaine de strophe peut me prendre plus d'une journée, il faut choisir soigneusement les figures de styles, les rimes et les sonorités. C'est pourquoi j'ai un "cahier de poésie".
Pour le reste, je tape directement à l'ordi souvent, plutôt de jour (je sais que certains écrivent de nuit, moi j'ai l'impression de perdre en lucidité).
J'ai néanmoins un calepin où je note des idées ou des phrases, des événements qui m'ont assez étonnés pour en faire un récit.
Les étapes sont les suivantes :
1/ Je laisse macérer une idée dans ma cervelle environ 1 semaine (moins d'une journée si je suis vraiment inspiré)
2/ Je commence à taper/écrire le texte, souvent sans plan prédéfini, il me faut me plonger dans l'univers de mon récit.
3/ Après 2-3 lignes, j'ai souvent une meilleure idée de la manière dont va s'organiser mon récit, je me fais donc le plan mental des étapes de l'histoire.
4/ Souvent je fais une pause tous les 2-3 paragraphes, et je relis depuis le début pour avoir une meilleure idée du résultat final. Je peux tout à fait écrire la fin avant le début, quand je sais où mon récit va me mener, surtout si j'ai une formule bien précise, je la note pour ne pas la perdre.
5/ Quand le texte est fini, je le relis rapidement, cette première relecture permet de relever quelques coquilles mais généralement il en reste.
6/ J'envois le texte à ma correctrice attitrée , les textes dans lesquels ils restent des coquilles ne sont pas passés par cette étape !
7/ Le texte corrigé, je le relis entièrement et doucement, pour voir si il me plait comme il est. Il m'arrive parfois de reprendre toutes les phrases d'un paragraphe pour qu'il soit mieux organisé ou moins maladroit, ou si j'ai finalement trouvé des formules plus intéressantes à caser dans le récit.
"Peindre en pleine forêt, c'est le rêve de n'importe quel fumeur de pétards !" T.
Sujet déjà évoqué sur Spleen mais je ne le retrouve plus. Etait-ce sur AVP ? Damned.
Je vais faire hurler mais je n'écris jamais avec un stylo. Je suis trop lent et je crois que je ne sais plus écrire à la main. Pour malmener les phrases, ajouter, retrancher, inverser, rien ne vaut l'ordi et son éditeur de texte. Il y a trop de différence de vitesse entre mes idées et mon écriture manuscrite. Je perdrais la moitié du flux. D'autant, que l'inspiration ne dépend pas de soi, c'est un courant qui vient de l'extérieur et qui vous traverse, il faut savoir capter ces messages qui nous côtoient en permanence. D'où l'intérêt du smartphone avec sa fonction mémo. Le temps de trouver une feuille et un stylo, tout est oublié ! – j'ai une mémoire de poisson rouge, – et ça ne revient jamais.
Pour se faire voyant, il faut se mettre dans un état particulier. Pour moi, la position allongée est à privilégier (Seul !) ; puis il faut fermer les yeux... Dès lors, vous verrez : de brumeuses cathédrales perceront les nuées. Un ténébreux voyage vous attend : vous serez transportés dans la main de Dieu. Des nymphes viendront caresser vos fronts de leurs longs doigts frais, instillant dans la profondeur de vos cerveaux, des charmes invisibles mais puissants, qui y laisseront comme témoignage de leur présence, de fantastiques et captieuses mélopées.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
C'est une excellente question que tu nous poses et qui fait appel à quelque chose d'un peu narcissique. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire les précédents échanges _ parfois je me reconnais, d'autres fois, je dois avouer que je suis un peu perplexe !
A la lecture de vos messages, je m'aperçois que je suis très méthodique dans ma manière d'écrire. Sans doute influencée par mes études : hypokhâgne, khâgne puis un master en histoire, je tiens énormément au plan, je ne me lance jamais au hasard. Par ailleurs, avant de détailler mon expérience d'écriture, je précise que j'écris principalement deux types de textes : des éditos, des essais sur notre époque, à la manière de Philippe Muray (dont je ne prétends pas avoir le talent) et des fictions. Je ne compte pas ce que j'écris sur et pour moi, je pense que c'est une question de pudeur.
1/ Je commence toujours par écrire à la main. J'ai un stylo noir et des feuilles blanches et je rature au fur et à mesure.
2/ Comme mon écriture est très difficile à lire, je recopie rapidement (dans les jours qui suivent) ce que j'ai écrit. Je me sers d'un logiciel qui s'appelle Pyroom. L'interface est minimaliste : un écran noir et le texte en vert.
3/ Pas de mise en forme dans un premier temps, j'enregistre le texte en brut. Et je relis. Je relis. Parfois, je peux tout recommencer parce que je trouve ça lourd et redondant...
4/ Quand j'écris des réflexions sur notre époque , je fais une liste de mots que je vais utiliser. Souvent, je cherche leur définition dans le dictionnaire, pour être sûre ou pour trouver un synonyme plus approprié.
5/ Pour les fictions, 50% au moins du travail consiste à la rédaction d'un scenario et à la caractérisation des personnages. Après, le travail d'écriture représente la partie la plus plaisante. Avant, je ne laisse rien au hasard.
6/ J'écris au calme sur mon bureau avec mon ordinateur à côté. Je peux aussi le faire au travail. Depuis quelques semaines, je suis caviste. Je viens de changer de métier. Lorsqu'au magasin il n'y a personne j'ouvre mon carnet et j'écris. Le soir, je recopie ce que j'ai fait dans la journée.
7/ La meilleure période de la journée pour écrire c'est le matin voire même à l'aube de 5h à 7h. Je l'ai découvert lorsque j'écrivais mon mémoire de recherche.
Cinquante fois j'ai voulu faire un plan et cinquante fois j'ai écrit sans lui, au fil de ma pensée diffuse. Encore maintenant, quand je pense à une période future où j'écrirai, je me dis qu'il faudra que je m'astreigne à former un squelette avant de construire un corps à mes textes. Mais je sais bien que tout ceci est faux et que, pour moi, ça ne vaut guère mieux qu'un serment d'ivrogne.
Stendhal écrivait en 1840 : « En écrivant des plans je me glace »
« Je ne fais point de plan. Quand cela m'est arrivé, j'ai été dégouté du roman par le mécanisme que voici : je cherchais à me souvenir en écrivant le roman des choses auxquelles j'avais pensé en écrivant le plan, et, chez moi, le travail de la mémoire éteint l'imagination. »
J'ajouterais que l'imagination, c'est la liberté. Et que la liberté, c'est le plus grand plaisir de l'écriture.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Mon caractère méthodique t'effraie ! Il m'arrive d'écrire au fil de la plume toutefois cet exercive ne me permet pas de tenir la longueur. Je reconnais d'ailleurs que je n'ai pas le talent de Stendhal dont j'ai adoré le Rouge et le Noir beaucoup moins la Chartreuse de Parme et j'ai une grande tendresse pour la vie de Henri Brulard.
Lorsque je fais un plan c'est soit que j'ai une démonstration structurée à faire soit que je suis partie pour plus de 100 pages. Dans ce cas, je ne peux pas compter que sur ma mémoire et mon inspiration.
Comment j’écris, comme personne ! Comme aucun autre Spleenien. Je ne parle pas de la qualité du résultat évidemment, ici il est question uniquement de la façon de s’y prendre !
1) comme Montparnasse, je n’écris jamais au stylo, cela, pas besoin de l’expliquer.
2) je n’ai aucune habitude ou prédilection de temps, le matin, l’après-midi, au milieu de la nuit. Certains reçoivent des courriels à quatre heures du matin. Spleen ronfle, donc il attend une heure plus chrétienne.
3) je m’estime meilleure lorsque je suis motivée par la colère, la joie ou la révolte. Enfin, lorsque j’ai quelque chose à défendre. Vous êtes mieux placés que moi pour en juger.
4) tout me donne envie d’écrire et c’est là le drame, comme Servanne je peux faire une histoire de tout et, vu le nombre de situations rendues différentes par la naïveté des gens vis-à-vis de la cécité, chaque pas est une aventure.
5) je ne trace jamais de plan pour des histoires ordinaires. Dans le cas d’écriture soutenue, je choisis le point de départ et le point d’arrivée. Entre les deux j’improvise : un mot entendu, une info à la radio, une boutade au café. J’accumule des notes, des mots-clés, ensuite je laisse libre cours à ma fantaisie pour les placer.
6) en dehors des obligations scolaires, je ne m’impose jamais de sujet, c’est le hasard qui me guide.
7) j’ai eu une époque d’écriture très soutenue qui enchantait ma prof et a fini par me gaver. Habituée à écrire pour des lecteurs empêchés de lire (ne croyez pas qu’il n’y a que les aveugles) j’utilisais les assonances et les renvois de verbes en fin de ligne, je vais m’y remettre. J’ai fait une pause à la suite de vos critiques et j’ai promis de parler un langage de voyants, j’ai tenu ma promesse.
8) dans la vie, je suis une marrante, même si le sérieux et la discipline du couvent n’incite pas à la rigolade. J’ai pondu quelques drôleries très à la limite. Elles cesseront à la rentrée, ce n’est pas le genre du pensionnat.
Voilà pour l’écriture en général, ce qui est plus ou moins semblable à votre façon de procéder. La divergence vient de l’application pratique des principes ci-dessus. Malgré ma productivité parfois encombrante, écrire un texte me demande de la réflexion et pas mal de temps. Et, ce temps n’est pas répartissable, c’est l’immédiat.
a) la correction étant assez compliquée, l’écoute ne suffit pas (aller, allez, allée, allait, allaient) ont le même phonème, donc pour reconnaître le mot j’ai recours à l’épellation. Imaginez le nombre de mots au son identique à contrôler, sans parler des accords où le S est muet.
b) je frappe directement au clavier, mais pas au hasard. Avant, j’ai réfléchi, j’ai choisi le mot pour son sens, son adéquation à la situation. J’ai construit la phrase dans ma tête pour en vérifier les accords, les temps. En un mot j’écris la phrase dans ma mémoire vive avant de la taper.
c) dans cette écriture l’orthographe est intuitive presque automatique. Le vocabulaire est celui que je connais. La syntaxe est celle que je crois la bonne pour la compréhension, pas toujours celle réglementaire. Je fais relire la phrase et, éventuellement, épeler les mots douteux. Je fais mon possible pour ne pas avoir à le faire. Pour les mots compliqués j’utilise la sonorisation des touches : lorsque j’appuie sur A, l’ordi lit A, cette technique m’évite les erreurs. Parfois, j’ai recours à ma vieille version du dictionnaire électronique Larousse que j’ai depuis plus de dix ans.
d) j’ai une bonne culture orthographique, les mots fautifs, vous n’en trouverez guère. En revanche vous trouverez la faute traditionnelle de l’écriture intuitive : le manque d’article devant un mot, d’une lettre dans un mot. La confusion de mots à la sonorité proche (exister, exciter), noyés dans une phrase, mon oreille saute la différence.
e) ma façon de décrire les choses est souvent décalée. D’une part parce que j’ai appris tout ce que je sais avec des gens qui ont soixante ans de plus que moi. D’autre part dans le dessein de permettre à ceux qui ne voient pas de comprendre mon texte en le rapprochant des images de choses qu’ils connaissent. Il est primordial qu’en première écoute l’histoire soit claire, cette clarté peut être floue, une seconde écoute est possible évidemment, encore faut-il que la première impression donne l’envie de réécouter. Je sais sur Spleen, il faut souvent deux lectures, cela tient à ce que vous lisez avec vos yeux, le rapport yeux cerveau est différent…
f) j’ai une propension certaine à écrire long, deux mille signes, c'est ma jauge habituelle, au-dessus c’est trop long pour une compréhension directe et complète. J’allonge sur le forum, cela est dû à mon souci d’être comprise en détail. Dans ma tête tout est clair, l’est-ce dans la vôtre de voyant où les yeux prédominent sur la réflexion ?
g) comme Servanne j’utilise « je », même si ce n’est pas au biographique. Le présent et le passé composé, même s’il n’est pas adapté à la concordance des temps ou à la syntaxe. Il évite les accents et les formes peu usitées.
h) d’après ma prof de français, qui ne fait aucun cadeau (un point de moins pour un accent oublié sur une majuscule ou une virgule mal placée), j’ai une facilité à tricoter le vrai et l’imaginaire dans une histoire, au point que le texte terminé on ne saurait reconnaître les mailles réelles de celles imaginaires. Encore une fois, je ne souhaite pas me vanter, vous m’avez lue, donc vous avez votre opinion, elle n’est sans doute pas la même.
Je pense avoir dit le principal, vous l’avez lu, nos techniques d’écriture divergent. Ce n’est pas important, un chat n’écrit pas comme un cochon, ce qui compte n’est-il pas que nous nous comprenions au travers de mots. Je le dis sans détour, sur Spleen je découvre d’autres lemmes, une autre façon de les assembler. D’autres contextes et d’autres tranches de vie quotidienne qui me donnent du vocabulaire, du style et des repères différents sur ce qui m’entoure.
Désormais vous en savez un peu plus sur ma façon particulière de traiter la rédaction d’un texte. Je n’ai pas parlé de ma bavardise, c’est inutile, vous la connaissez depuis le premier jour.
Dernière modification par Liza le 25 août 2016, 08:24, modifié 1 fois.
@Liza : tiens, justement, tu as écrit « insiste » à la place d'« incite » près du couvent.
@Athanore : voilà pourquoi je n'ai écrit que des textes « courts » (22 strophes pour La Forêt est mon record). Ce n'est déjà plus de la poésie et je m'y perds un peu... ou bien c'est à cause du sujet.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
J'ai l'impression de maîtriser quelque chose et d'orchestrer des éléments que je connais.
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, les textes dans lesquels ils restent des coquilles ne sont pas passés par cette étape !
Il m'arrive d'écrire au fil de la plume toutefois cet exercive ne me permet pas de tenir la longueur. Je reconnais d'ailleurs que je n'ai pas le talent de Stendhal dont j'ai adoré le Rouge et le Noir beaucoup moins la Chartreuse de Parme et j'ai une grande tendresse pour la vie de Henri Brulard. 
