MANUSCRITS EN CHANTIER 01 / Histoire d'eau

[EricSimon]

Je suis encore allé fouiller dans mes archives. Voici ce que j'ai retrouvé. Je vous le livre tel quel... (bien sûr si ces descriptions vous inspirent, vous pouvez en faire ce que vous voulez).

MANUSCRITS /01 CATASTROPHE




LES PREMIERES PAGES

Après la catastrophe.
DANS L'HYPERMARCHE / il n'y a plus de personnel, absence de caissières, on se sert comme on veut, plus de vigiles, rayons déserts à perte de vue, silence assourdissant... et ça dure, on laisse les minutes s'écouler sans rien faire, sans précipitation, deux personnes qui ne se connaissent pas se regardent en réfléchissant à ce qu'elles vont emporter... tant qu'il y a de l'essence dans la voiture, on peut prendre ce qu'on veut. On n'est limité que par la taille des chariots.

COMMENT LA CATASTROPHE A ETE SOIGNEUSEMENT MISE EN PLACE
Par la fabrication de nano-robots destructeurs de métabolisme, répandus à travers les canalisations utilisées par les douches domestiques et municipales.
La taille des "TM", (travailleurs miniature) est calculée pour s'introduire dans le corps en entrant par les pores de la peau. Ils finissent le travail des bombes.
Les quelques survivants sont les sdf et ceux pour qui être crade est un choix supportable.
On ne sait pas si les TM sont toujours là. Selon certaines croyances ils auraient été capables de s'organiser eux-mêmes pour trouver de nouvelles sources d'énergie afin de perdurer de façon autonome.

LES «ACTEURS» DU RECIT
Cette nouvelle société aux pouvoirs décuplés essaye maintenant de survivre et repose sur une organisation repensée, avec de nouveaux métiers, de nouvelles activités:
DIRECTEUR D'UNIVERS
CHEF DE PAUSE (le besoin de travailler à tout prix des humains est tel que l'on invente de nouvelles professions )
SURVEILLANTE DE RESTRICTION
CONSEILLERE DE TRANSPLANTATION
GESTIONNAIRE DE CELLULE ALGORYTHMIQUE...
REORGANISATEUR QUANTIQUE
STATISTICIEN DE PROPRETE
EVEQUE DES ARMEES
AGENT DE COMMUNICATION EN NANOTECHNOLOGIE

QUELS SONT LES NOUVEAUX GOULAGS ?

Dehors, il semble ne plus y avoir beaucoup d'autres choses que de faibles vents, qui de temps en temps forcissent un peu, mais sans excès. Et la danse tremblotante des petits objets épars qu'ils taquinent au passage.
Les météos changent, mais beaucoup plus lentement qu'avant. Les pluies sont rares, mais elles durent des jours et des jours sans discontinuer. Puis après, plus rien : les mêmes ciels et les mêmes nuages pendant des mois.

LES CAMERAS AUTOMATIQUES continuent de filmer en silence. Sur les écrans de monitoring, sous presque tous les angles, les images des espaces désertés de la banlieue défilent pour des yeux absents.

De temps en temps, un bug dans le système déclenche un vieux fichier sonore déformé, issu d'une époque très reculée, que ceux qui ont disparu n'ont pas connue, musiques de pubs stupides ou vieux raps électroniques démodés.

Dans un message qui tourne en boucle sans rime ni raison, sur un moniteur perché en hauteur qui ne tient plus très bien, un personnage politique s'adresse à une population de consommateurs qui n'existent plus : "Chers concitoyens, mon propos est clair, à partir de mon prochain mandat, vous ne serez plus obligés de rester jeunes à tout prix !"


BRAIN STORYMING

Après un certain temps d'inactivité du centre commercial, les oiseaux ont fini par trouver des trous dans le toit qui a craqué par endroits, leur laissant le champ libre dans tout l'espace des galeries marchandes et l'hypermarché abandonné.
Ils ont tout loisir de faire leurs nids un peu partout dans les rayons désertés.
Parmi les surgelés fondus et les sacs de céréales éventrés ils ont trouvé beaucoup de nourriture providentielle.

Non loin de ce qui était une gare de grande banlieue, des voix nasillardes et décérébrées débitent une sorte de discours automatisé et lointain, ponctué de bruits et craquements numériques. On ne comprend pas bien le message, mais il doit s'agir de consignes de sécurité bloquées et tournant indéfiniment en boucle qui ont fini par se mélanger sous l'effet de la radio-activité. A d'autres moments on croit entendre des bribes de messages publicitaires vantant les mérites de la propreté.

Des petits groupes de survivants se forment pour se nourrir et trouver de nouveaux abris. Des affrontements mortels ont lieu entre bandes rivales pour le carburant ou la nourriture.

Il faut construire des observatoires et des miradors pour voir les rivaux arriver de loin si possible. Relèves de garde, chemins de rondes, de jour comme de nuit.

Certains clans arrivent à se fédérer et à unir leurs forces. On trouve dans ces groupes des voix qui dénoncent les activités des églises, qui d'après eux seraient à l'origine de l'apparition des TM sur Terre. Mais sans produire de preuves réelles toutefois.

De nouvelles églises réapparaissent de nulle part et déclarent qu'elles sont menacées par les TM. Elles proposent la fondation d'une société qui se donnerait comme politique la lutte contre les TM, l'abolition des clans et l'interdiction des tours de surveillance. Les membres de ce clergé recommandent à leurs ouailles de ne pas se laver avec de l'eau dont la provenance est douteuse.

D'après les confidences de la secrétaire d'un cardinal des armées, un laboratoire de recherches sous l'autorité de la Nouvelle Eglise serait parvenu à réorienter les TM en reprogrammant leurs objectifs à l'aide de virus.

Scandales dénoncés par certains clans de trafic, organisé par de petits groupes du clergé isolés, de nouveaux alcools élaborés avec de l'eau dont on ne connait pas l'origine.

Bien que les journaux soient désormais interdits, un bulletin anonyme est publié qui révèle que, contrairement aux déclarations officielles de la Nouvelle Eglise, personne en réalité ne sait quand les TM ont été introduits, ni par qui. Il se pourrait qu'ils aient toujours été là. Et qu'ils le soient toujours.

Une nouvelle publication clandestine indique que les TM auraient été modifiés par un laboratoire de l'Eglise, qui aurait trouvé le moyen de les rendre invisibles, donc indétectables...


... ce manuscrit est resté en plan, aussi délabré que la galerie commerciale.

[Dona]

Sacré chantier quand même !! Est-ce vraiment resté juste en l'état ou bien as-tu rédigé quelques chapitres ? L'idée est intéressante bien que ce ne soit pas du tout mon rayon mais j'imagine que ça peut être la structure d'un roman à succès.

Qu'est-ce qui freine ?

[EricSimon]

Dona,
Je ne sais pas exactement ce qui me freine, pourtant l'idée me plaît assez bien... mais je n'ai rien rédigé pour l'instant. Ce serait pourtant très faisable.
C'est peut-être que tout ce que je trouve dans TRANSATLANTIQUE d'un autre côté, (égyptologie, physique fondamentale -notamment quantique-, voyage dans le temps, mythologie, démonologie, solitude dans le désert, phénoménologie, rêves nocturnes, etc) me retient plus que d'autres romans ou nouvelles que cette Catastrophe/Histoire d'eau.
J'en ai d'autres qui sont à l'état de chantier, comme "Les Silences pesants de l'ascenceur", dont je n'ai pas encore parlé sur Spleen. C'est un projet qui me permettrait, dans la forme, d'arriver à mélanger idéalement roman et recueil de nouvelles. L'unité de lieu serait l'ascenceur (chacun des chapitres aurait lieu dans un ascenceur), mais à chaque nouveau chapitre ce serait une histoire différente, avec une "remise à zéro" de l'action dans un autre ascenceur d'une nouvelle partie du monde. Ce qui justifierait amplement le fait que ce soit écrit sous forme de nouvelles indépendantes les unes des autres. Cette invention de la civilisation, étroite cabine vide dans laquelle on reste parfois bloqué des heures durant, seul ou bien accompagné, et qui peut parfois aussi se décrocher, peut laisser entrevoir des tas d'intrigues, farfelues ou dramatiques...
Gamin, j'habitais au 6e étage, et l'ascenceur était presque comme la première pièce de l'appartement familial. Il m'a fait pas mal cogiter entre l'âge de 4 et 13 ans : j'ai toujours trouvé très étrange de m'y retrouver en compagnie forcée d'autres personnes avec qui je n'avais rien à voir, à l'époque. J'étais un enfant solitaire, quasi sauvage. la solitude était mal seule et vraie amie. Maintenant j'ai changé du tout au tout, mais mes années 60 étaient comme ça. Je me suis toujours demandé ce qui arriverait si je restais bloqué là-dedans. Ce qui se passerait, combien de temps ça durerait... qu'est-ce qu'on ferait en attendant l'arrivée des secours. Et surtout, ce qui pourrait bien se passer à l'extérieur pendant tout ce temps. Une petite dramaturgie à l'échelle réduite. C'est potentiellement un endroit propice à l'invention romanesque. Comme j'aime bien chercher des noms, des titres de chapitres, j'ai déjà commencé une petite liste.
J'ai aussi en stock un roman sur l'ennui. Qui part des nouvelles lois sur le travail, qui obligent certains salariés à travailler de plus en plus, et même le dimanche dans certains magasins... alors qu'en fait, du travail et des gens qui achètent il y en a de moins en moins. Les pages de ce roman auraient donc pour tache de décrire par le menu les différentes stratégies, absurdités et fausses excuses mises en place par les employés pour tromper leur ennui quotidien, tout en faisant semblant de travailler pour satisfaire leur hiérarchie directe et indirecte... j'ai été, dans mes années d'étudiant, obligé de travailler dans ces conditions pour financer mes études, étant d'origine assez modeste. Une sorte d'aventure sociale traitée non pas à la Beckett (ce serait un peu prétentieux), mais en pensant un peu à lui quand même. Je suis hanté par cet auteur, notamment par son intérêt, fascinant, pour le rôle du silence. En tout cas cela serait une base possible pour, par la suite, en faire une réduction/adaptation pour une pièce de théâtre. J'aime beaucoup ce cadre-là. J'ai très envie d'essayer un jour...
J'ai encore été bavard. Pardon.
Eric

[Dona]

Non non non ! Ne t'excuse pas d'être si bavard ! C'est un vrai plaisir Seulement, il faut un peu de temps pour tout lire. Et je viens de me souvenir que je n'avais pas encore fait un petit commentaire sur Transatlantique... Mais je le ferai bientôt.

Merci pour ta contribution et ta bonne humeur !

[Montparnasse]

Tout ceci me rappelle H.G. Wells. La Machine à explorer le temps. L'univers ancien, abandonné, mais qui subsiste dans les temps futurs.

Cette fois-ci, je me sauve !