Quelques rimes en compagnie de Louise Labé, dite "La Belle Cordière", poète français du XVIème siécle...
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Louise Labé
"Louise Labé est-elle une créature de papier ?"
Louise a si belle apparence,
Son port est si gracieux,
Que tout en sa présence
Semble forgé par un Dieu.
"Ou print l’enfant Amour le fin or qui dora
En mile crespillons ta teste blondissante ?
En quel iardin print il la roze rougissante
Qui le liz argenté de ton teint colora ?"
(Olivier de Magny)
Estreines, à dame Louïze Labé
Louïze est tant gracieuse et tant belle,
Louïze à tout est tant bien avenante,
Louïze ha l'œil de si vive estincelle,
Louïze ha face au corps tant convenante,
De si beau port, si belle et si luisante,
Louïze ha voix que la Musique avoue,
Louïze ha main qui tant bien au lut joue,
Louïze ha tant ce qu'en toutes on prise,
Que je ne puis que Louïze ne loue,
Et si ne puis assez louer Louïze.
(Clément Marot)
Regardez Louise, ardente cavalière !
D'un port si beau, tenir sa monture ;
A Lyon, elle fait tournoi en homme sûr,
Et en femme vaillante, croise le fer.
"Mon cœur n’aymant que Mars et le sauoir
Qui m’ust vu lors en armes fiere aller,
Porter la lance et bois faire voler,
Le deuoir faire en l’estour furieus,
Piquer, volter le cheval glorieus,"
(Louise Labé)
Les habitués de la maison
Font l'éloge d'un jardin si plaisant
Où le vert et frais cresson
Foisonne avec le chèvrefeuille blanc.
"Lors qu’exerçoi mon corps et mon esprit
En mile et mile euures ingenieuses,
Qu’en peu de tems me rendit ennuieuses.
Pour bien sauoir avec l’esguille peindre
I’eusse entrepris la renommee esteindre
De celle là, qui plus docte que sage,
Auec Pallas comparoit son ouvrage."
"Diray je que la Musique n'a esté inventee que par Amour ? et est le chant et harmonie 1'effect et signe de l'Amour parfait. Les hommes en usent ou pour adoucir leurs desirs enflammez, ou pour donner plaisir : pour lequel diversifier tous les jours ils inventent nouveaus et divers instrumens de Luts, Lyres, Citres, Doucines, Violons, Espinettes, Flutes, Cornets : chantent tous les jours diverses chansons : et viendront à inventer madrigalles, sonnets, pavanes, passemeses, gaillardes, et tout en commemoracion d'Amour : comme celui, pour lequel les hommes font plus que pour nul autre."
"Mais qui fait tant de Poëtes au monde en toutes langues ? N'est-ce pas amour ? lequel semble estre le suget, duquel tous Poëtes veulent parler. Et qui me fait attribuer la Poësie à Amour : ou dire, pour le moins, qu'elle est bien aydee et entretenue par son moyen ? c'est qu'incontinent que les hommes commencent d'aymer, ils escrivent vers. Et ceus qui ont esté excellens Poëtes, ou en ont tout rempli leurs livres, ou, quelque autre suget qu'ils ayent pris, n'ont osé toutefois achever leur œuvre sans en faire honorable mencion."
(Louise Labé)
Louise a de si grands attraits,
Que du feu de l'amour, elle fait se consumer,
Dans les cœurs les plus ardents,
Les braises de la passion et du tourment.
"La nymphe ardente du Rhône" (Marceline Desbordes-Valmore)
"N’estimez point que lon doiue blâmer
Celles qu’a fait Cupidon enflamer."
"Maints grans Signeurs à mon amour pretendent."
"Brief, le plus grand plaisir qui soit apres amour, c'est d'en parler."
"Mais il me semble qu'il ne se peut nier, que l'Amour ne soit cause aus hommes de gloire, honneur, proufit, plaisir : et tel, que sans lui ne se peut commodément vivre. Pource est il estimé entre les humains, l'honorans et aymans, comme celui qui leur ha procuré tout bien et plaisir."
"Ie n’ay qu’Amour et feu en mon courage,
Qui me desguise, et fait autre paroitre,
Tant que ne peu moymesme me connoitre."
"Le feu d’Amour tant soit il allumé :
Mais, las ! en moy il semble qu’il augmente
Avec le tems, et que plus me tourmente."
"Baise m’encor, rebaise moy et baise :
Donne m’en un de tes plus sauoureus,
Donne m’en un de tes plus amoureus :
Ie t’en rendray quatre plus chaus que braise.
Las, te pleins tu ? ça que ce mal i’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereus.
Ainsi meslans nos baisers tant heureus
Iouissons nous l’un de l’autre à notre aise."
"Par toy, Amy, tant vesqvi enflamee
Qv’en langvissant par fev svis consvmmee,
Qvi covve encor sovs ma cendre embrazee,
Si ne la rends de tes plevrs apaizee."
(Louise Labé)
"À MADEMOISELLE
CLÉMENCE DE BOVRGES,
LIONNOIZE
Estant le temps venu, Mademoiselle, que les lois des hommes n’empeschent plus les femmes de s’appliquer aus sciences et disciplines : il me semble que celles qui ont la commodité, doivent employer cette honneste liberté que notre sexe ha autre fois tant désirée, à icelles apprendre : et montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisoient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pouvait venir.
(...)
L’honneur que la science nous procurera, sera entièrement notre : et ne nous pourra estre oté, ne par finesse de larron, ne force d’ennemis, ne longueur de tems.
(...)
Ayant passé partie de ma jeunesse à l’exercice de la Musique et ce qui m’a resté de tems l’ayant trouvé court pour la rudesse de mon entendement, et ne pouvant de moymesme satifaire au bon vouloir que je porte à notre sexe, de le voir non en beauté seulement, mais en science et vertu passer ou égaler les hommes : je ne puis faire autre chose que prier les vertueuses Dames d’eslever un peu leurs esprits par dessus les quenoilles et fuseaus, et s’employer à faire entendre au monde que si nous ne sommes faites pour commander, si ne devons nous estre desdaignées pour compagnes tant es afaires domestiques que publiques, de ceux qui gouvernent et se font obéir… Pource, nous faut-il animer l’une l’autre à si louable entreprise."
(Louise Labé)
Louise est d'angélique piété,
Sur la foi d'un abbé,
Sans doute amouraché.
Louise est une impudique courtisane,
Si l'on en croit les écrits profanes
D'un amant pour qui l'amour se fane.
"Las que mon nom n’en soit par vous blamé."
(Louise Labé)]