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Re: Musique

Publié : 15 janvier 2016, 15:21
par Dona
Montparnasse ! mon poète préféré! :)

Peux-tu séparer tes poèmes s'il te plait ? On a de la place ici et pour l'instant on est tout seuls !

"Femme " est génial !!! mais je n'ai pas envie de les lire à la suite.

Re: Musique

Publié : 15 janvier 2016, 15:30
par Montparnasse
Tu ne l'avais pas encore lu ? Et les suivants ? 8| :mrgreen:

Re: Musique

Publié : 15 janvier 2016, 15:42
par Montparnasse
Je ne peux pas séparer les premiers poèmes, sinon ils vont arriver en bas...

Re: Musique

Publié : 15 janvier 2016, 16:04
par Dona
Bien entendu que je l'ai lu et déjà lu ailleurs !!! :)
J'ai quand même l'impression que tu as changé deux trois choses non?

Re: Musique

Publié : 15 janvier 2016, 16:52
par Montparnasse
Ah, non. Personne ne connaît la première version. Je n'ai jamais voulu la montrer. :)

Re: Musique

Publié : 16 janvier 2016, 17:48
par Montparnasse
Pour "Frégate", piste de lecture (et originalité) : les strophes paires et impaires sont indépendantes. Elles suivent une trajectoire différente. Les strophes impaires sont "terrestres", délétères, funestes : "Alors, tu sombreras dans l'épaisseur des flots." Les strophes paires sont "célestes", cosmiques, salutaires : "Nous suivrons sa course dans l'azur éclatant."

Voilà, c'est tout, mais c'est dit. :)

Re: Musique

Publié : 17 janvier 2016, 10:52
par Dona
Montparnasse a écrit :
L'Etang

Je suis un étang de sel brûlé par le soleil ;
Deux vents de terre balayent incessamment mes eaux
Accrochant des étoiles et des rides à mon front.

Dérangé, je mugis et je gonfle mon dos
Comme une immense bête qui plie
Sous la force constante d'un impudent assaut.

Je suis une gorge profonde où la vie prolifère ;
Muges et Demoiselles sillonnent mon coeur de vase ;
Les algues m'envahissent, mes fleurs sont maladives.

Quand le vent est marin,
Mes eaux gonflent et débordent mes rives ;
Des navires déploient leurs voiles comme des joues.

Sur mon rivage, les pontons font d'immenses plongeoirs,
Et de vieux tamaris s'inclinent
Respectueusement au-dessus de mes flots.

A proximité d'un phare, j'ai dessiné une anse,
Patient mélange de roche et de verdure
Dont l'indicible beauté saura charmer votre âme.

Je nourris une multitude d'oiseaux affamés ;
Mais aux goélands criards,
J'aurais préféré des hôtes plus discrets,
D'élégants flamands roses dont je regarde parfois,
Rêveusement, le vol doux et gracieux.

Du nageur fidèle, j'aime sentir la vigueur ;
Alors que son esprit parcourt mon onde irréelle,
Il étend ses membres déliés
Comme l'animal marin qu'il croit être
(Je lui donne le droit de s'unir à moi,
Car, de cet amour, au moins, il ne se vantera pas.)

Des voiliers multicolores parsèment mes dimanches,
Et jouent dans mes parcs à coquillages ;
Le pointu du pêcheur leur cède le passage,
Quand, de la sueur de son front,
Son capitaine a fini d'adoucir mes eaux.

J'ai oublié le nom des marins
Qui ont creusé des sillons sur mon dos,
Et ceux que la fortune a livrés à mes bras ;

Sirène, fais-leur entendre tes chants !
Donne-leur l'ivresse, en même temps que la mort,
Et livre, à leurs yeux qui se ferment,
La voluptueuse beauté de ton corps.

J'aime vraiment beaucoup celui-ci !
Il y a une élégance parnassienne qui tient dans l'évocation d'un élément naturel personnifié (l'étang) et la musicalité (il est très poétique).
L'esthétisme des images est vraiment bien travaillé !
Il y a aussi quelque chose d'incantatoire assez fort par exemple à la deuxième et dernière strophes surtout. J'aime beaucoup ça.

Re: Musique

Publié : 17 janvier 2016, 15:54
par Montparnasse
Merci ! Justement, la 2ème strophe. Il y a un truc qui me gêne toujours :
Sous la force constante d'un impudent assaut.
Mais je ne sais toujours pas comment faire mieux...

Re: Musique

Publié : 21 janvier 2016, 11:24
par Montparnasse


Et maintenant, un peu de mysticisme laïque... :)

From Fear to Eternity

L'éternité est une vague qui vient mourir
Sur la plage en vacillant ;

Elle roule dans un cercle argenté,
L'image de celui qui règne au firmament.

Le ciel turquoise y dépose des gouttes
D'encre marine pour y former son nom.

Dans ces lieues sans carnages ni cris,
L'horizon circulaire est le refuge des âmes
Et le tombeau des corps.

Dans ces âmes ne subsiste qu'une douce rêverie
Où le désir a perdu tout objet,
Où la sensation n'est qu'une paix délicieuse,
Nourrie d'amours passés.

Ici, tout sentiment élevé
Est substantiellement réciproque,
Toute effusion est un appel à la fraternité.

Le silence, la paix et la contemplation
Prévalent dans une nature indicible,
Etablie en puissance absolue.

Pour nous aussi, cette nature impose ses lois.
Mais la douceur des corps qui s'enlacent
Est restée dans nos cœurs,
Ainsi que les sentiments délicats
Qui forgeront le langage de nos échanges.

A la fin des temps, nous retrouverons un commencement.
Dans toute chose vivante, nous communierons,
Sans justifier que l'acte du mal ait prévalu sur terre.

Nous attendrons que nos haines se décantent
Et que le poids de nos consciences disparaissent ;
Avant d'embrasser l'universalité des sentiments,
Avant de retrouver tous ceux qui auront notre force.

Nous pourrons alors contempler
La beauté immanente de la création.
Nous verrons l'essence de la vie,
Se révéler à nous dans une extase paisible,
Qui n'est pas suscitée par la foi religieuse,
Mais par l'absolue nécessité
D'aimer cet autre qui n'est pas soi ;
Seul sentiment qui permette à l'homme
D'atteindre l'extrême félicité.

Re: Musique

Publié : 21 janvier 2016, 11:30
par Dona
Waouh ! ... :super:

" Horizon circulaire" : magnifique !

J'en retiens ce que j'ai vu : la méditation à partir d'un paysage marin ...

Il faut un peu plus de temps pour intérioriser un texte pareil. Vraiment très réussi!