Haut la jeunesse
Publié : 18 mars 2016, 18:17
Je souhaite faire court, mais, sachez-le, aucun taiseux ne pouvait apprivoiser une pipelette !
Haut la jeunesse
J’ai promené mes quinze ans, j’ai usé mes printemps et dépensé ma jeunesse sans avoir un centime. J’ai vécu de l’air du temps, celui que l’on offre en prime à ceux qui savent que la vie n’a pas de prix, juste une estime projetée sur un avenir incertain qui s’achève un beau matin. J’ai perdu la notion du temps en improvisation jusqu’au moment où j’ai connu la passion. Une vie bien remplie avec deux enfants qui ont quitté le nid. Au bord des chambres vides et refroidies, s’installe l’ennui. La roue tourne au ralenti, sans rompre la monotonie. Comment tuer ce temps qui nous tue avec son horloge têtue ?
Nous n’avons pas eu besoin de coton au chloroforme pour qu’un charmant visage nous endorme. Lorsqu’elle s’est jetée dans mes bras pour créer sa destinée, deux mots à mon oreille murmurés ont suffi à sceller l’accord entre nous : « Emmène-moi ». Ce petit bout de fille, grande comme trois pommes à genoux, sans un regard, je peux le dire, dans un éclat de foudre, à six ans elle a choisi l’homme de sa vie ! Je l’ai amenée… dans la salle de cours. J'ai ainsi remboursé ma prime à ceux qui n'ont pas un centime.
Une sorte de fusion est née entre elle et moi, nous sommes jumeaux monozygotes nés en même temps à soixante ans d’écart. J’ai guidé ses petits doigts sur les claviers, j’ai refait mon enfance en fabriquant la sienne. Nous avons les mêmes idées, les mêmes mots, le même état d’esprit, le même vocabulaire et presque la même façon de nous en servir. Mon écriture est trop terre à terre et trop ignorante pour en faire toute une histoire romantique comme elle sait le faire, ces quelques mots résument mon décours.
Tous deux sur le même forum ce n’est pas une bonne idée, nos bêtises vont vite lasser. Nous aimons jouer les dyspraxiques pour blaguer en changeant une lettre d’un mot, c’est un procédé usé qui n’amuse plus personne.
Aussi, avant que mon trou, quelque part ne se creuse, maintenant que les années, bout-à-bout, s’accumulent et installent le passé entre nous. Avant que le monde ne m’ait oublié, tant qu’il me reste une toute petite force, une flamme, avant de sombrer dans le néant de l’âge, je m’enfonce doucement dans la tiède cendre des âmes sacrifiées sur le bûcher de l’amont. Afin de vous éviter les soirées chaussons devant un haricot de mouton. Je vous laisse Liza, ce jeune ouragan qui déferle.
Attention, petites brebis égarées de l’enclos, même si vous êtes blanches comme neige, sauvez votre peau, aucune loi ne vous protège, méfiez-vous sans cesse, car, avec Liza la moindre faiblesse orthographique est mortelle.
Loustic
Haut la jeunesse
J’ai promené mes quinze ans, j’ai usé mes printemps et dépensé ma jeunesse sans avoir un centime. J’ai vécu de l’air du temps, celui que l’on offre en prime à ceux qui savent que la vie n’a pas de prix, juste une estime projetée sur un avenir incertain qui s’achève un beau matin. J’ai perdu la notion du temps en improvisation jusqu’au moment où j’ai connu la passion. Une vie bien remplie avec deux enfants qui ont quitté le nid. Au bord des chambres vides et refroidies, s’installe l’ennui. La roue tourne au ralenti, sans rompre la monotonie. Comment tuer ce temps qui nous tue avec son horloge têtue ?
Nous n’avons pas eu besoin de coton au chloroforme pour qu’un charmant visage nous endorme. Lorsqu’elle s’est jetée dans mes bras pour créer sa destinée, deux mots à mon oreille murmurés ont suffi à sceller l’accord entre nous : « Emmène-moi ». Ce petit bout de fille, grande comme trois pommes à genoux, sans un regard, je peux le dire, dans un éclat de foudre, à six ans elle a choisi l’homme de sa vie ! Je l’ai amenée… dans la salle de cours. J'ai ainsi remboursé ma prime à ceux qui n'ont pas un centime.
Une sorte de fusion est née entre elle et moi, nous sommes jumeaux monozygotes nés en même temps à soixante ans d’écart. J’ai guidé ses petits doigts sur les claviers, j’ai refait mon enfance en fabriquant la sienne. Nous avons les mêmes idées, les mêmes mots, le même état d’esprit, le même vocabulaire et presque la même façon de nous en servir. Mon écriture est trop terre à terre et trop ignorante pour en faire toute une histoire romantique comme elle sait le faire, ces quelques mots résument mon décours.
Tous deux sur le même forum ce n’est pas une bonne idée, nos bêtises vont vite lasser. Nous aimons jouer les dyspraxiques pour blaguer en changeant une lettre d’un mot, c’est un procédé usé qui n’amuse plus personne.
Aussi, avant que mon trou, quelque part ne se creuse, maintenant que les années, bout-à-bout, s’accumulent et installent le passé entre nous. Avant que le monde ne m’ait oublié, tant qu’il me reste une toute petite force, une flamme, avant de sombrer dans le néant de l’âge, je m’enfonce doucement dans la tiède cendre des âmes sacrifiées sur le bûcher de l’amont. Afin de vous éviter les soirées chaussons devant un haricot de mouton. Je vous laisse Liza, ce jeune ouragan qui déferle.
Attention, petites brebis égarées de l’enclos, même si vous êtes blanches comme neige, sauvez votre peau, aucune loi ne vous protège, méfiez-vous sans cesse, car, avec Liza la moindre faiblesse orthographique est mortelle.
Loustic