À suivre...

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Montparnasse
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Re: À suivre...

Message par Montparnasse »

J'ai fait deux petites modifs, encadrées avec ça[ ], dans le texte cité. A toi de choisir (clin d'oeil)
Liza a écrit :J’ai planché deux heures sans trouver la juste réponse à un devoir. Je l’ai mis de côté pour écrire À suivre... 3, ensuite, j’ai résolu le devoir en cinq minutes. Après un dur et lourd début de semaine, écrire quelques mots, sans calcul, sans rimes, libre d’esprit, c’est une vraie récréation, une détente, une gymnastique japonaise dont je n'ose me priver.
J’avais prévu un texte pour annoncer mon éloignement de Spleen. Je ne l’ai pas encore envoyé, je le mets en jachère pour l’instant.

À suivre... 03

Un jour, pour échapper à une punition, ou une calotte, que j’avais cent fois méritée, je me suis jetée dans les jambes d’un homme. Je me suis accrochée à lui, pensant éviter le pire en présence d’un témoin. Sans rien dire, l’homme m’a fait signe de le suivre, a pris la [ma ?] main et m’a emmenée dans la salle vidéo avec les grands. Installée sur une chaise, je n’ai pas bougé. Il ne pouvait ignorer la réputation désastreuse que je m’étais forgée à force de révolte, d’insoumission et de négation de l’autorité.

Le mercredi après-midi, il était intervenant extérieur pour les BTS. À partir du moment où je suis tombée dans ses jambes, je faisais tout pour ne pas être punie le mercredi, un vrai pot de colle. Il n’a jamais protesté. Cet homme, au ton calme, n’élevant jamais la voix, contrastait avec l’impatience et l’énervement du personnel à mon propos. De surcroît, confiant au point de laisser sa voiture ouverte dans une cour d’école. C’est vrai, il y a onze ans de cela, de nos jours, c’est verrouillage électronique et alarme. Prise d’une idée saugrenue et d’une impertinente folie, je me suis cachée dans sa voiture. J’ai attendu une éternité. À force d’attendre, j’ai dû sortir au galop pour assouvir une envie de pipi [mon envie de faire pipi], en revenant, la voiture était partie. J’ai calmé ma rage en renversant les poubelles en attente de ramassage.

Une autre fois, j’ai volé un couteau à la cantine, ne craignez pas le pire, insolente, rebelle et vengeresse, mais pas assassine ! Il m’a servi à décoller la photo qui ornait mon porte-manteau dans le couloir. Sur l’instant, je ne voyais pas l’utilisation que j’en ferai, peu importe, toutefois, je savais qu’elle était mieux dans ma poche. Je l’ai gardée un bon moment.

Un après-midi, l’attaché-case de l’homme était ouvert sur la table de montage, j’ai farfouillé et laissé la photo dans une poche du couvercle. Je n’ai constaté aucune réaction la semaine suivante. L’interrogation était insupportable : l’a-t-il trouvée ou pas ? Comment le savoir ? Le ton restait bienveillant et chaleureux, je ne discernais aucune différence notable. Hyperactive et insomniaque, je vous laisse deviner mon état !

Mon calme à l’approche du mercredi n’est pas passé inaperçu. Je me rattrapais dès le jeudi. Personne ne croyait à un calcul de ma part. Les grands, les adultes vous ne soupçonnez pas l’intelligence, la roublardise des enfants de six ans. Vous nous sous-estimez en nous prenant pour des « gosses ». À cet âge nous avons des bases solides et la vie dure que l’on nous fait mener, dans certaines circonstances, murît notre expérience. Je l’admets, souvent nous mettons cette prédisposition à imaginer les pires bêtises, j’en suis la preuve. Ici, une seule chose me préoccupait, attirer l’attention et la sympathie de cet homme qui ne manifestait aucune agressivité envers moi, malgré ma réputation.
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Re: À suivre...

Message par Dona »

@ Montp'

Je ne vois pas où sont les corrections que tu as faites sur le texte de Liza ...?
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Re: À suivre...

Message par Liza »

{la} est voulu pour éviter la répétition de {ma}, à la lecture, elle peut choquer, je le reconnais. Oui, les phrases sans verbe font partie de mes tocs ! Envie de pipi... envie de faire pipi !
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
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Re: À suivre... 04

Message par Liza »

Une hyperactive doit occuper les temps d’attente, une façon comme une autre de continuer À suivre.

À suivre… 04

J’ai attendu, un véritable supplice. À force cela devenait insupportable. Certains commentaires ont utilisé le mot peste pour me qualifier. Il est au-dessous de la vérité, malgré le ravage que provoque cette maladie. J’étais une vraie tornade bien plus dévastatrice. Telles les flammes d’un bûcher, l’incertitude me dévorait. Une torture insupportable à laquelle je faisais face avec une rage à peine contenue. Toutefois, je m’obstinais à ne faire aucune allusion à cette photo.

Ma fureur augmentait au fil des jours, les élèves et le pensionnat en faisaient les frais. J’étais un fauve déchaîné échappé de sa cage. Le summum : J’ai agressé la directrice. À l’époque c’était une femme à la religion incrustée dans le bonnet. Une virago raide comme une tringle à rideau depuis les talons hauts jusqu’au chignon. L’image de la sévérité était peinte sur sa figure, tel un maquillage clownesque. Elle a appelé les gendarmes. Heureusement pour moi, l’adjudant de garde avait plus de patience qu’elle en matière d’éducation des enfants. Il m’a gardée une heure dans une cellule, m’abreuvant de chocolat chaud et comblant ma gourmandise de tartines beurrées tout en m’expliquant que la prochaine fois, il ne pourrait plus sauver mes fesses de la mégère.

Le résultat est facile à imaginer, la pire punition possible : consignée dans le bureau de la directrice toute une semaine, mercredi compris, il va sans dire. Ce jour-là ma fureur était à son comble. J’étais prête à sauter par la fenêtre du second étage pour m’échapper. Je réfléchissais au moyen d’y parvenir dès que la mère Tape-dur quitterait la pièce. En réponse à un appel téléphonique elle m’a lancée :
— Quelqu’un demande à te voir, mais je te préviens, tu es toujours punie.
Brusquement mon ciel s’est éclairé, pour s’assombrir aussitôt. Ce ne pouvait pas être lui. Les choses ne sont jamais ce que nous imaginons, surtout lorsque nous entrevoyons une bonne chose. Arrivée dans le hall, on m’a saisi la main, j’ai reconnu sa prise ferme et douce immédiatement. Sans poser aucune question sur ma punition, il m’a proposé de le suivre. Je m’attendais à rejoindre la salle vidéo, mais le chemin était trop court. J’ai reconnu, l’odeur de cuir, de la salle de réception où les enfants n’ont pas le droit d’entrer. Interdiction que je bravais régulièrement en m’asseyant dans l’un des confortables fauteuils pour bâtir mes projets les plus fous. Il m’a poussée dans l’un d’eux en s’excusant, il devait rejoindre son cours.

— Mon Dieu que tu es mignonne ! s’exclame une voix féminine près de moi.
Imaginez ma surprise ! Trouver quelqu’un dans cette prison qui me trouve mignonne, il y a une erreur, le compliment est destiné à quelqu’un d’autre que je n’ai pas repéré. Comprenant ma surprise, la dame explique qu’elle va me tenir compagnie le temps que son mari termine son cours.
Mon imagination déraillait, survoltées mes synapses allaient fondre. Avait-il amené sa femme pour me voir ? Cette interprétation inventive des faits a dû éclairer mon visage d’un sourire grand comme un croissant de lune, ce qui a permis à la femme d’ajouter :
— Tu es encore plus adorable avec un sourire.
Je me suis promis de ne jamais montrer aucun sentimentalisme, jusqu’à présent j’ai tenu ma promesse. Je me suis retournée pour cacher mes yeux, inutiles par ailleurs, mais tels des judas, prêts à trahir mon trouble.

La femme m’a pris la main en me demandant de lui faire visiter ma maison. Oui, c’est ma maison, parce que j’y habite, mais surtout parce que j’en connais tous les recoins. J’ai tout découvert du bout de ma canne, je peux aller n’importe où en suivant le mur de la main. J’ai fait cette reconnaissance en vue de ma future fugue. Pourquoi me risquer dehors, ici même, il y a tout un tas d’endroits où l’on ne me cherchera pas. Qui plus est, avec toutes les commodités et les cuisines à portée de main.
En tâtonnant, j’ai montré les classes, le réfectoire, la salle vidéo, le dortoir où des élèves paraissaient sur leur lit. Admirative de ma mobilité, la femme ne tarissait pas d’éloges. Cette liberté de parole m’a amenée à raconter quelques-unes de mes inconduites en ces lieux. J’ose le dire, elles ont soulevée l’hilarité plus que l’indignation.

Au moment du goûter, l’homme nous a rejointes. Entre deux bavardages, la photo est venue sur le tapis.
— Je ne sais comment cette image a fini dans mes affaires. C’est ma faute, je suis très désordonné, je l’ai ramassée sans m’en apercevoir. Je te la rends, elle doit te manquer, tu es très mignonne avec ton air de défi.
Encore ! Comment croire mes oreilles ! J’en suis certaine, ils se fichent de moi. Je ne suis ni lavée, ni peignée. Je refuse que l’on coupe mes cheveux, pour le moment, mon souhait est respecté, alors je fiche la paix au peigne, je ne le maltraite pas. Mais ce matin, j’ai jeté le savon à la poubelle, vidé le dentifrice dans le lavabo et je ne sais quoi encore. Une tigresse en état d’abandon sanitaire complet, dotée d’un caractère digne d’Attila, on me gave de mignonne, adorable et souriante : c’est évident, on se fiche de moi.

Certes, la fierté peut être considérée comme une qualité, toutefois elle est génératrice de bien des erreurs. Elle est souvent mal placée et, pour un peu que celle de votre interlocuteur soit aussi affirmée que la vôtre, elle conduit sur un chemin de ronces qui nous emmène dans un endroit pas fait pour nous. Indignée, je me suis levée et je suis partie furieuse la canne en avant. Marchant à petits pas dans le couloir j’attendais que l’on me rappelle, il n’en fut rien. J’étouffais de rage, sans discerner si c’était à cause de la bêtise de ma fuite ou celle de ce couple qui laissait filer une gamine mignonne et adorable... À suivre...

Liza
Dernière modification par Liza le 22 mars 2016, 18:18, modifié 1 fois.
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Re: À suivre...

Message par Liza »

Bientôt À suivre... 05, le dernier
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Re: À suivre...

Message par Montparnasse »

J'aime beaucoup :
Une virago raide comme une tringle à rideau
Ici, c'est plus obscur :
elle conduit sur un chemin de ronces qui va droit où nous sommes malvenus.
A bientôt, pour la suite (clin d'oeil).
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Re: À suivre...

Message par Dona »

@ Liza : je manque cruellement de temps en ce moment... overbookée de taf ! Mais, voici ce que j'apprécie dans ton texte :


- les dialogues qui donnent un effet de rythme
- les accumulations pour désigner la peste, vraiment bien trouvé !
- l'effet de surprise provoquée par l'arrivée de la femme ( bien vu!) , on ne s'y attendait pas, comme la petite fille d'ailleurs!
- certaines expressions qui donnent de la couleur au texte :

c’était une femme à la religion incrustée dans le bonnet. (super!)
Une virago raide comme une tringle à rideau depuis les talons hauts jusqu’au chignon. (génial!)
il ne pourrait plus sauver mes fesses de la mégère (ingénieux!).
la mère Tape-dur[/b] ( une belle allusion populaire qui fait son effet)
Je me suis retournée pour cacher mes yeux, inutiles par ailleurs, mais tels des judas ( belle métaphore!)
Une tigresse en état d’abandon sanitaire complet, dotée d’un caractère digne d’Attila (bravo !)
J’étouffais de rage, sans discerner si c’était à cause de la bêtise de ma fuite ou celle de ce couple qui laissait filer une gamine mignonne et adorable... Très bien vu ! On sent très bien le dépit de la jeune fille face à ce couple si gentil.

J'aime particulièrement les commentaires que la jeune fille adulte porte sur la petite fille qu'elle était. C'est un recul intéressant.

Si le dernier épisode est à venir, pense à la chute ! Le lecteur adore deux choses : comprendre le titre (qu'il faudrait que tu changes) et avoir un petit sourire de béatitude à la fin (le plus dur!). Bon courage ! smiley
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Re: À suivre...

Message par Liza »

@ Montparnasse

elle conduit sur un chemin de ronces qui va droit où nous sommes malvenus.

elle nous amène sur un chemin difficile qui va tout droit dans une mauvaise direction ou un endroit pas fait pour nous...
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