Honoré de Balzac

Avatar de l’utilisateur
Montparnasse
Administrateur
Messages : 4215
Inscription : 04 janvier 2016, 18:20
Localisation : Balaruc-les-Bains (34)
Contact :

Honoré de Balzac

Message par Montparnasse »

« Pendant cette terrible nuit, le malheur lui avait fait trouver cette patiente
résignation qui, chez les mères et chez les femmes
aimantes, surpasse, dans ses effets, l’énergie humaine et
révèle peut-être dans le cœur des femmes l’existence de
certaines cordes que Dieu a refusées à l’homme. »

(La Maison du Chat-qui-pelote)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Avatar de l’utilisateur
Montparnasse
Administrateur
Messages : 4215
Inscription : 04 janvier 2016, 18:20
Localisation : Balaruc-les-Bains (34)
Contact :

Re: Honoré de Balzac

Message par Montparnasse »

« Quand nous marchons seuls
dans les bois, sa main passée autour de ma taille, la mienne
sur son épaule, son corps tenant au mien, nos têtes se
touchant, nous allons d’un pas égal, par un mouvement
uniforme et si doux, si bien le même, que pour des gens qui
nous verraient passer, nous paraîtrions un même être
glissant sur le sable des allées, à la façon des immortels
d’Homère. Cette harmonie est dans le désir, dans la pensée,
dans la parole. Quelquefois, sous la feuillée encore humide
d’une pluie passagère, alors qu’au soir les herbes sont d’un
vert lustré par l’eau, nous avons fait des promenades
entières sans nous dire un seul mot, écoutant le bruit des
gouttes qui tombaient, jouissant des couleurs rouges que le
couchant étalait aux cimes ou broyait sur les écorces grises.
Certes alors nos pensées étaient une prière secrète, confuse,
qui montait au ciel comme une excuse de notre bonheur.
Quelquefois nous nous écrions ensemble, au même
moment, en voyant un bout d’allée qui tourne brusquement,
et qui, de loin, nous offre de délicieuses images. Si tu savais
ce qu’il y a de miel et de profondeur dans un baiser presque
timide qui se donne au milieu de cette sainte nature... c’est
à croire que Dieu ne nous a faits que pour le prier ainsi. Et
nous rentrons toujours plus amoureux l’un de l’autre. Cet
amour entre deux époux semblerait une insulte à la société
dans Paris, il faut s’y livrer comme des amants, au fond des
bois. » (Mémoires de deux jeunes mariées.)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Avatar de l’utilisateur
Montparnasse
Administrateur
Messages : 4215
Inscription : 04 janvier 2016, 18:20
Localisation : Balaruc-les-Bains (34)
Contact :

Re: Honoré de Balzac

Message par Montparnasse »

« Il est pour les âmes faciles à s’épanouir une heure
délicieuse qui survient au moment où la nuit n’est pas
encore et où le jour n’est plus. La lueur crépusculaire jette
alors ses teintes molles ou ses reflets bizarres sur tous les
objets, et favorise une rêverie qui se marie vaguement aux
jeux de la lumière et de l’ombre. Le silence qui règne
presque toujours en cet instant le rend plus particulièrement
cher aux artistes qui se recueillent, se mettent à quelques
pas de leurs œuvres auxquelles ils ne peuvent plus
travailler, et ils les jugent en s’enivrant du sujet dont le sens
intime éclate alors aux yeux intérieurs du génie. » (La Bourse)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Avatar de l’utilisateur
Montparnasse
Administrateur
Messages : 4215
Inscription : 04 janvier 2016, 18:20
Localisation : Balaruc-les-Bains (34)
Contact :

Re: Honoré de Balzac

Message par Montparnasse »

« Alors âgée de vingt ans, svelte, fine autant qu’une de ces sirènes inventées par les dessinateurs anglais pour leurs livres de beautés, Modeste offre, comme autrefois sa mère, une coquette expression de cette grâce peu comprise en France, où nous l’appelons sensiblerie, mais qui, chez les Allemandes, est la poésie du cœur arrivée à la surface de l’être et s’épanchant en minauderies chez les sottes, en divines manières chez les filles spirituelles. Remarquable par sa chevelure couleur d’or pâle, elle appartient à ce genre de femmes nommées, sans doute en mémoire d’Ève, les blondes célestes, et dont l’épiderme satiné ressemble à du papier de soie appliqué sur la chair, qui frissonne sous l’hiver ou s’épanouit au soleil du regard, en rendant la main jalouse de l’œil. Sous ces cheveux, légers comme des marabouts et bouclés à l’anglaise, le front, que vous eussiez dit tracé par le compas tant il est pur de modelé, reste discret, calme jusqu’à la placidité, quoique lumineux de pensée ; mais quand et où pouvait-on en voir de plus uni, d’une netteté si transparente ? il semble, comme une perle, avoir un orient. Les yeux d’un bleu tirant sur le gris, limpides comme des yeux d’enfants, en montraient alors toute la malice et toute l’innocence, en harmonie avec l’arc des sourcils à peine indiqué par des racines plantées comme celles faites au pinceau dans les figures chinoises. Cette candeur spirituelle est encore relevée autour des yeux et dans les coins, aux tempes, par des tons de nacre à filets bleus, privilége de ces teints délicats. La figure, de l’ovale si souvent trouvé par Raphaël pour ses madones, se distingue par la couleur sobre et virginale des pommettes, aussi douce que la rose de Bengale, et sur laquelle les longs cils d’une paupière diaphane jetaient des ombres mélangées de lumière. Le cou, alors penché, presque frêle, d’un blanc de lait, rappelle ces lignes fuyantes, aimées de Léonard de Vinci. Quelques petites taches de rousseur, semblables aux mouches du dix-huitième siècle, disent que Modeste est bien une fille de la terre, et non l’une de ces créations rêvées en Italie par l’École Angélique. Quoique fines et grasses tout à la fois, ses lèvres, un peu moqueuses, expriment la volupté. Sa taille, souple sans être frêle, n’effrayait pas la Maternité comme celle de ces jeunes filles qui demandent des succès à la morbide pression d’un corset. Le basin, l’acier, le lacet épuraient et ne fabriquaient pas les lignes serpentines de cette élégance, comparable à celle d’un jeune peuplier balancé par le vent. Une robe gris de perle, ornée de passementeries couleur de cerise, à taille longue, dessinait chastement le corsage et couvrait les épaules, encore un peu maigres, d’une guimpe qui ne laissait voir que les premières rondeurs par lesquelles le cou s’attache aux épaules. » (Modeste Mignon)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Avatar de l’utilisateur
Montparnasse
Administrateur
Messages : 4215
Inscription : 04 janvier 2016, 18:20
Localisation : Balaruc-les-Bains (34)
Contact :

Re: Honoré de Balzac

Message par Montparnasse »

« Avoir tenu cette lettre entre sa chair et son corset, sous son busc brûlant, pendant toute une journée !… en avoir réservé la lecture pour l’heure où tout dort, minuit, après avoir attendu ce silence solennel dans les anxiétés d’une imagination de feu !… avoir béni le poëte, avoir lu par avance mille lettres, avoir supposé tout, excepté cette goutte d’eau froide tombant sur les plus vaporeuses formes de la fantaisie et les dissolvant comme l’acide prussique dissout la vie !… il y avait de quoi se cacher, quoique seule, ainsi que le fit Modeste, la figure dans ses draps, éteindre la bougie et pleurer… » (Modeste Mignon)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Avatar de l’utilisateur
Montparnasse
Administrateur
Messages : 4215
Inscription : 04 janvier 2016, 18:20
Localisation : Balaruc-les-Bains (34)
Contact :

Re: Honoré de Balzac

Message par Montparnasse »

« Le parc paraissait avoir une quarantaine d’arpents. Auprès
de la maison, régnait une verte prairie, heureusement
découpée par plusieurs ruisseaux clairs, par des nappes
d’eau gracieusement posées, et sans aucun artifice apparent.
Çà et là s’élevaient des arbres verts aux formes élégantes,
aux feuillages variés. Puis, des grottes habilement
ménagées, des terrasses massives avec leurs escaliers
dégradés et leurs rampes rouillées imprimaient une
physionomie particulière à cette sauvage Thébaïde. L’art y
avait élégamment uni ses constructions aux plus
pittoresques effets de la nature. Les passions humaines
semblaient devoir mourir aux pieds de ces grands arbres qui
défendaient l’approche de cet asile aux bruits du monde,
comme ils y tempéraient les feux du soleil.
— Quel désordre ! se dit monsieur d’Albon après avoir
joui de la sombre expression que les ruines donnaient à ce
paysage, qui paraissait frappé de malédiction. C’était
comme un lieu funeste abandonné par les hommes. Le lierre
avait étendu partout ses nerfs tortueux et ses riches
manteaux. Des mousses brunes, verdâtres, jaunes ou rouges
répandaient leurs teintes romantiques sur les arbres, sur les
bancs, sur les toits, sur les pierres. Les fenêtres vermoulues
étaient usées par la pluie, creusées par le temps ; les balcons
étaient brisés, les terrasses démolies. Quelques persiennes
ne tenaient plus que par un de leurs gonds. Les portes
disjointes paraissaient ne pas devoir résister à un assaillant.
Chargées des touffes luisantes du gui, les branches des
arbres fruitiers négligés s’étendaient au loin sans donner de
récolte. De hautes herbes croissaient dans les allées. Ces
débris jetaient dans le tableau des effets d’une poésie
ravissante, et des idées rêveuses dans l’âme du spectateur.
Un poète serait resté là plongé dans une longue mélancolie,
en admirant ce désordre plein d’harmonies, cette
destruction qui n’était pas sans grâce. En ce moment,
quelques rayons de soleil se firent jour à travers les
crevasses des nuages, illuminèrent par des jets de mille
couleurs cette scène à demi sauvage. Les tuiles brunes
resplendirent, les mousses brillèrent, des ombres
fantastiques s’agitèrent sur les prés, sous les arbres ; des
couleurs mortes se réveillèrent, des oppositions piquantes se
combattirent, les feuillages se découpèrent dans la clarté.
Tout à coup, la lumière disparut. Ce paysage qui semblait
avoir parlé, se tut, et redevint sombre, ou plutôt doux
comme la plus douce teinte d’un crépuscule d’automne. »
(Adieu)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Répondre