L'angle mort

Avatar de l’utilisateur
Van Brussel Jacques
Jeune colibri
Messages : 43
Inscription : 15 octobre 2021, 10:44
Localisation : wwwpoien.fr

L'angle mort

Message par Van Brussel Jacques »

1. Hier, au coin de la rue on a trouvé un angle mort. Une petite chose dont personne se soucie. Tous les jours le temps passa par-là, mais ne le voyait pas. Qui se soucie d’une chose aussi insignifiante ? Il était là, blotti dans son coin et ne bougeait pas, jamais. Il s’était fait tellement petit, qu’un jour, il tomba dans l’oubli, couvert par l’indifférence générale. Alors, à sa découverte, ce fut stupéfaction générale. Tout de suite on envoya sur place une commission d’experts pour comprendre ce qui a bien pu se passer. Tout le monde était là, les cercles de savants experts en anglonautique, les rectangles, les triangles. Il y avait même, paraît-il, un angle droit et, chose encore plus rare, un angle aigu qui s’était déplacé pour l’occasion. Après avoir minutieusement examiné le pauvre angle mort et longuement débattu sur le pourquoi du comment, les experts en expertise en sont venus à la conclusion qu’il s’agissait certainement d’un angle clandestin, sans papiers qui avait bien essayé de se faire la malle. Les restes de sa tentative de faire cette malle avait disparu en un feu de paille. Décidément on ne peut pas faire confiance à ces angles-là, ils sont sales et fainéants ! Même vu par un angle nouveau, qu’on ne peut tout de même pas soupçonner d’anglicisme primaire, on ne pouvait que conclure de l’infériorité congénitale de ces clandestins, juste bon à rien et à parasiter La Société. Je l’ai dit, même sa tentative de se faire la malle se solda par un échec, tout juste bon à faire un cul de sac, ce fainéant ! Alors on décida qu’il était préférable pour lui, qu’on le mette sur la première caravane qui passe, comme un chien, pour qu’il débarrasse, enfin et définitivement le plancher. C’est là qu’on s’aperçut qu’il était mort, l’angle, et cela depuis bien longtemps. On décida, en catimini, de le jeter aux oubliettes, et surtout de ne plus jamais évoquer le cas de l’angle, qui de toutes façons était mort et bien derrière nous. Ne vaut-il pas mieux ne pas trop regarder de près les angles morts ? Et quand bien même, on voudrait le regarder de plus près, on n'y verrait rien.


P.S., périodiquement il y a bien un article qui paraît dans le Les Angles Times pendant la période des marronniers, mais guère plus longue qu’une brève et la plupart du temps, de comptoir.
Répondre