Le Spleen de Paris

L'heure s'étire lente,sur le miroir du temps,
Dans la brume hivernale un pale soleil git,
Et les branches fourchues des arbres endormis
Portent les blessures d'une année trépassant.

Sur la plaine froissée des labours ondulant
Quelques oiseaux frileux nonchalamment picorent
Des vers des araignées au sol trainant encore,
Des graines égarées par les affres des vents.

Une gelée tardive a blanchi l'herbe bleue
Et des frissons de givre, s'attardent sur les haies,
Un chien hurle le froid dans le silence abstrait
Où peinent au lever les animaux peureux.

Loin sur l'horizon gris la masse nuageuse
Navigue écumante sur les forêts figées,
Des hameaux isolés le concert des fumées
Se mèle chatoyant aux nuées sulfureuses.

Une mouche miteuse, colle encore à la baie
Et vole paresseuse, la mésange dorée
Tandis qu'à la fenêtre frappent les verdiers
De leurs becs tapageurs aux rimes sans reflets.

Je regarde couler la gravure des jours
Dissimulé au chaud derrière les rideaux,
Dansent devant mes yeux les quatre gouttes d'eau
Prémice de déluge et de sombres contours.

14- 12- 2020

Une gelée tardive a blanchi l'herbe bleue
Et des frissons de givre s'attardent sur les haies,