L’AMBASSADE ET LE CRIME DE GANELON
XXVIII
Voilà Ganelon qui chevauche sous de hauts oliviers...
Il a rejoint les messagers sarrasins :
Blancandrin, pour l’attendre, avait ralenti sa marche.
Tous deux commencent l’entretien, tous deux y sont également habiles :
« Quel homme merveilleux que ce Charles ! s’écrie Blancandrin.
« Il s’est rendu maître de la Calabre et de la Pouille ;
« Il a passé la mer salée, afin de mettre la main sur l’Angleterre,
« Et il en a conquis le tribut pour saint Pierre.
« Mais pourquoi vient-il nous poursuivre chez nous ?
« — Telle est sa volonté, dit Ganelon,
« Et il n’y aura jamais d’homme qui puisse aller à l’encontre. »
XXIX
« — Quels vaillants hommes que les Français ! dit Blancandrin ;
« Mais vos comtes et vos ducs font très-grand tort
« À leur seigneur quand ils lui donnent tel conseil :
« Ils perdront Charles, et perdront les autres avec lui. »
« En vérité, dit Ganelon, pas un d’entre eux ne mérite ce blâme,
« Pas un, si ce n’est Roland. Mais il n’en tirera que de la honte.
« L’autre jour encore, l’Empereur était assis à l’ombre.
« Son neveu vint devant lui, vêtu de sa broigne :
« C’était près de Carcassonne, où il avait fait riche butin.
« Dans sa main il tenait une pomme vermeille :
« — Tenez, beau sire, dit-il à son oncle,
« Voici les couronnes de tous les rois que je mets à vos pieds. »
« Tant d’orgueil devrait bien trouver son châtiment.
« Chaque jour il s’expose, il s’abandonne à la mort.
« Que quelqu’un le tue : nous n’aurons la paix qu’à ce prix. »
XXX
« — Ce Roland, dit Blancandrin, est bien cruel
« De vouloir faire crier merci à tous les peuples
« Et mettre ainsi la main sur toutes les terres !
« Et sur quelle gent compte-t-il pour une telle entreprise ?
« — Sur les Français, répond Ganelon.
« Ils l’aiment tant qu’ils ne lui feront jamais défaut.
« Il ne leur refuse ni or, ni argent,
« Ni destriers, ni mules, ni vêtements de soie, ni riches armures :
« À l’Empereur lui-même il en donne autant que Charles en désire.
« Il conquerra le monde jusqu’à l’Orient. »
XXXI
Ils ont tant chevauché, Ganelon et Blancandrin,
Qu’ils ont fini par s’engager mutuellement leur foi.
Ce qu’ils poursuivent tous deux, c’est la mort de Roland.
Ils ont tant chevauché par voies et par chemins,
Qu’ils arrivent à Saragosse. Ils descendent sous un if...
À l’ombre d’un pin, il y a un fauteuil
Enveloppé de soie d’Alexandrie.
C’est là qu’est assis le Roi maître de toute l’Espagne.
Vingt mille Sarrasins sont autour de lui ;
Mais on n’entend, parmi eux, sonner ni tinter un seul mot,
Tant ils désirent apprendre des nouvelles.
Voici, voici venir Ganelon et Blancandrin.
XXXII
Devant le roi Marsile s’avance Blancandrin,
Qui tient par le poing le comte Ganelon :
« Salut, dit-il, au nom de Mahomet,
« Au nom d’Apollon, dont nous observons la loi sainte.
« Nous avons fait votre message à Charles.
« Il a levé ses deux mains vers le ciel ;
« Il a rendu grâces à son Dieu, et point ne nous a fait d’autre réponse.
« Mais il vous envoie un de ses nobles barons,
« Qui est un très-puissant homme de France.
« C’est par lui que vous saurez si vous aurez la paix ou non.
« — Qu’il parle, dit Marsile ; nous l’écouterons. »
XXXIII
Ganelon, cependant, prend son temps pour réfléchir,
Et commence à parler avec grand art,
Comme celui qui très-bien le sait faire :
« Salut, dit-il au Roi, salut au nom de Dieu,
« De Dieu le glorieux que nous devons adorer.
« Voici ce que vous mande Charlemagne le baron :
« Vous recevrez la sainte loi chrétienne,
« Et Charles vous daignera laisser en fief la moitié de l’Espagne.
« Si vous ne voulez point de cet accord,
« Vous serez pris, garrotté de force,
« Et l’on vous conduira à Aix, siége de l’Empire.
« Un jugement y finira vos jours,
« Et vous y mourrez dans la vilenie, dans la honte ! »
Le roi Marsile fut alors tout saisi de frémissement.
Il tenait à la main une flèche empennée d’or ;
Il en veut frapper Ganelon ; mais par bonheur on le retient...
XXXIV
Le roi Marsile a changé de couleur,
Et brandit dans sa main le bois de la flèche.
Ganelon le voit, met la main à son épée,
Et en tire du fourreau la longueur de deux doigts :
« Épée, lui dit-il, vous êtes très-claire et très-belle.
« Tant que je vous porterai à la cour de ce roi,
« L’empereur de France ne dira pas
« Que je serai mort tout seul au pays étranger.
« Mais, avant ma mort, les meilleurs vous auront payée de leur sang.
« — Empêchons la mêlée, » s’écrient les Sarrasins.
XXXV
Les meilleurs des païens ont tant prié Marsile,
Qu’il s’est enfin rassis dans son fauteuil ;
Et le Calife : « Vous nous mettiez, dit-il, en vilain cas,
« Quand vous vouliez frapper le Français.
« Il fallait l’écouter et l’entendre.
« — Sire, dit Ganelon, je veux bien tout oublier ;
« Mais jamais je ne consentirai, pour tout l’or que Dieu fit,
« Ni pour tous les trésors qui sont en ce pays,
« À ne pas dire, si l’on m’en laisse le loisir,
« Le message que Charles, le Roi très-puissant,
« Vous mande à vous, son ennemi mortel. »
Ganelon était vêtu d’un manteau de zibeline,
Couvert de soie d’Alexandrie.
Il le jette à terre, et Blancandrin le reçoit ;
Mais, quant à son épée, point ne veut la quitter,
En son poing droit la tient par la garde dorée.
« Voilà, disent les païens, voilà un noble baron ! »
XXXVI
Ganelon s’est approché du Roi :
« Vous vous emportez à tort, lui a-t-il dit.
« Celui qui tient la France, Charlemagne vous mande
« Que vous ayez à recevoir la loi chrétienne,
« Et il vous donnera la moitié de l’Espagne en fief.
« Quant à l’autre moitié, elle est pour son neveu Roland.
« L’orgueilleux associé que vous aurez là !
« Si vous ne voulez accepter cet accord,
« Charles viendra vous assiéger dans Saragosse.
« Vous serez pris, vous serez garrotté de force,
« Et mené droit à Aix, siége de l’Empire.
« Pas de destrier, ni de palefroi pour vous ;
« Pas de mulet ni de mule où l’on vous laisse chevaucher.
« Non, non : l’on vous jettera sur je ne sais quel méchant cheval de charge ;
« Et un jugement vous condamnera à perdre la tête.
« D’ailleurs, voici la lettre que vous envoie notre empereur. »
Il la tend au païen, qui la saisit de la main droite.
XXXVII
Marsile, de fureur, est tout décoloré ;
Il brise le sceau, il en fait choir la cire,
Jette un regard sur la lettre, et voit tout ce qui y est écrit :
« Celui qui a la France en son pouvoir, Charles me mande
« De me souvenir de la colère et de l’antique douleur ;
« C’est-à-dire de Basan et de son frère Basile,
« Dont j’ai pris les têtes là-bas, aux monts de Haltoïe.
« Si je veux racheter la vie de mon corps,
« Il me faut lui envoyer le Calife, mon oncle :
« Autrement il ne m’aimera plus..... »
Après Marsile, son fils prend la parole :
« Ganelon a parlé follement, dit-il au Roi.
« Son crime est tel qu’il mérite la mort.
« Livrez-le-moi, j’en ferai justice. »
Ganelon l’entend, brandit son épée,
Et sur la tige du pin va s’adosser...
XXXVIII
Le roi Marsile s’en est allé dans son verger ;
Il n’y emmène que les meilleurs de ses hommes.
Blancandrin, au poil chenu, y vient avec lui,
Ainsi que Jurfalé, son fils et son héritier.
Le Calife y vient aussi, qui est l’oncle de Marsile et son fidèle ami :
« Appelez le Français, dit alors Blancandrin.
« Il m’a engagé sa foi pour notre cause.
« — Amenez-le, » dit le Roi.
Blancandrin est allé prendre Ganelon aux doigts, par la main droite,
Et l’amène au verger jusqu’aux pieds du Roi.
C’est alors qu’ils préparent la trahison infâme.
XXXIX
« — Beau sire Ganelon, a dit le roi Marsile,
« Je fis preuve de folie avec vous,
« Quand je laissai éclater ma colère en vous frappant.
« Mais je vous en ferai réparation avec ces peaux de martre :
« Elles valent en or plus de cinq cents livres ;
« Vous les aurez avant demain, et c’est une belle amende que je vous payerai.
« — Je ne les refuse point, répond Ganelon,
« Et que Dieu vous récompense lui-même, s’il lui plaît ! »
XL
« — Ganelon, dit Marsile, sachez, en vérité,
« Que j’ai le désir de vous aimer vivement.
« Je voudrais vous entendre parler de Charlemagne.
« Il est bien vieux, n’est-ce pas ? et a usé son temps.
« Il a, je pense, plus de deux cents ans.
« Il a promené son corps par tant et tant de terres !
« Il a reçu tant de coups sur son écu à boucle !
« Il a réduit tant de rois à mendier !
« Quand sera-t-il fatigué de guerroyer ainsi ?
« — Non, répond Ganelon, ce n’est point là Charlemagne.
« Tous ceux qui le voient et le connaissent,
« Tous diront que l’Empereur est un vrai baron.
« Je ne saurais assez l’estimer, assez le louer devant vous ;
« Car il n’y a dans aucune âme plus d’honneur ni plus de bonté.
« Qui pourrait donner une idée de ce que vaut Charlemagne ?
« Dieu l’a illuminé d’une telle vertu !
« Non, j’aimerais mieux mourir que de quitter son baronnage. »
XLI
« — En vérité, dit le païen, je suis tout émerveillé
« À la vue de Charlemagne, qui est si vieux et si chenu.
« Il a bien, je crois, deux cents ans et plus.
« Il a peiné son corps par tant de royaumes !
« Il a reçu tant de coups de lance et d’épieu !
« Il a réduit à mendier tant de rois puissants !
« Quand donc aura-t-il assez de la guerre ?
« — Ah ! répond Ganelon, ce n’est certes pas tant que vivra son neveu :
« Sous la chape des cieux il n’y a pas un baron de sa taille ;
« Son compagnon Olivier est aussi plein de prouesse.
« Les douze Pairs, qui sont tant aimés de Charlemagne,
« Gardent leur roi, à la tête de vingt mille chevaliers.
« Allez, Charlemagne peut être bien tranquille, et ne craint aucun homme. »
XLII
« — Je suis tout émerveillé, dit le Sarrasin
« À la vue de Charlemagne qui est tout chenu et blanc.
« Il a bien, je crois, deux cents ans passés.
« Il a marché en conquérant par tant de terres !
« Il a reçu tant de coups de bons épieux tranchants !
« Il a vaincu en champ de bataille et mis à mort tant de rois puissants !
« Quand donc sera-t-il las de guerroyer ainsi ?
« — Ce ne sera certes pas, dit Ganelon, tant que vivra Roland :
« D’ici jusqu’à l’Orient, il n’y a pas un tel baron.
« Son compagnon Olivier est aussi plein de prouesse.
« Les douze Pairs, que Charles aime tant,
« Gardent leur roi, avec vingt mille Francs.
« Charles peut être bien tranquille, et ne craint nul homme vivant. »
XLIII
« — Beau sire Ganelon, dit le roi Marsile,
« Mon peuple est le plus beau qu’on puisse voir.
« Je puis avoir quatre cent mille chevaliers
« Pour engager la lutte avec Charlemagne et les Français.
« — Ce n’est pas encore cette fois, répond Ganelon, que vous les vaincrez :
« Vous y perdrez des milliers de vos païens.
« Laissez cette folie, et tenez-vous à la sagesse.
« Donnez tant d’argent à l’Empereur,
« Que les Français en soient tout émerveillés.
« Envoyez-lui vingt otages...
« Charles s’en ira en douce France
« Et laissera derrière lui son arrière-garde.
« Je crois bien que son neveu Roland en fera partie,
« Avec Olivier, le courtois et le preux.
« Si vous voulez m’en croire, les deux comtes sont morts.
« Charles, par là, verra tomber son grand orgueil,
« Et n’aura plus envie de jamais vous combattre. »
XLIV
« — Beau sire Ganelon, dit le roi Marsile,
« Comment m’y prendrai-je pour tuer Roland ?
« — Je saurai bien vous le dire, répond Ganelon.
« Le Roi sera aux meilleurs défilés de Cizre ;
« Derrière-lui, il aura placé son arrière-garde.
« Là sera son neveu, le puissant comte Roland,
« Et Olivier, en qui il a tant de confiance ;
« Vingt mille Français seront avec eux.
« Lancez sur eux cent mille de vos païens,
« Qui engagent contre eux une première bataille.
« La gent de France y sera cruellement blessée :
« Je ne dis pas que les vôtres n’y soient mis en pièces.
« Mais livrez-leur un second combat :
« Roland ne pourra se tirer de l’un et de l’autre.
« Vous aurez fait par là belle chevalerie,
« Et n’aurez plus de guerre durant toute votre vie. »
XLV
« Faire mourir Roland là-bas,
« Ce serait ôter à l’Empereur le bras droit de son corps.
« Adieu les merveilleuses armées de France !
« Charles, désormais, n’assemblerait plus de telles forces,
« Et la Grande-Terre resterait en repos. »
Quand Marsile entend Ganelon, il le baise au cou ;
Puis il commence à ouvrir ses trésors.
XLVI
Marsile alors — et pourquoi de plus longs discours ?
« — Il n’est pas, dit-il, de bon conseiller, si l’on n’en est point sûr :
« Jurez-moi, si Roland vient là-bas, jurez-moi de le trahir. »
Et Ganelon : « Qu’il soit fait, répond-il, selon votre volonté ! »
Et le voilà qui, sur les reliques de son épée Murgleis,
Jure la trahison. Le crime est consommé.
XLVII
Un fauteuil d’ivoire était là :
Marsile y fait porter un livre
Où est écrite la loi de Mahomet et de Tervagan.
Le Sarrasin espagnol y jure son serment :
« Si, dans l’arrière-garde de Charlemagne, il trouve le corps de Roland,
« Il le combattra avec toute son armée.
« S’il le peut, Roland y mourra... »
Et Ganelon : « Bénie soit, dit-il, votre entreprise ! »
XLVIII
Voici venir un païen, du nom de Valdabron ;
C’est lui qui, pour la chevalerie, fut le parrain du roi Marsile ;
Clair et riant, a dit à Ganelon :
« Prenez mon épée, aucun homme n’en a de meilleure,
« Et dans sa poignée il y a plus de mille mangons :
« Je vous la donne par amitié, beau sire ;
« Mais aidez-nous contre Roland le baron,
« Et faites que nous puissions le trouver à l’arrière-garde.
« — Ainsi sera-t-il fait, » répond le comte Ganelon.
Et tous les deux se baisent à la joue et au menton.
XLIX
Voici venir un païen, Climorin,
Qui, clair et riant, a dit à Ganelon :
« Prenez mon heaume : je n’en vis jamais de meilleur.
« Mais aidez-nous contre Roland le marquis,
« Et donnez-nous le moyen de le déshonorer.
« — Ainsi sera-t-il fait, » répond Ganelon.
Puis ils se baisent à la joue et sur la bouche.
L
Voici venir la reine Bramimonde :
« Sire, dit-elle à Ganelon, je vous aime grandement :
« Car mon seigneur et tous ses hommes ont pour vous grande estime.
« Je veux à votre femme envoyer deux bracelets ;
« Ce ne sont qu’améthystes, jacinthes et or :
« Ils valent plus, à eux seuls, que tous les trésors de Rome :
« Et certes votre empereur n’en eut jamais de pareils. »
Ganelon les prend ; dans sa botte il les serre...
LI
Le roi Marsile appelle son trésorier Mauduit :
« As-tu disposé les présents que je destine à Charles ?
« — Oui, Sire, ils sont tout prêts, répond le trésorier.
« Sept cents chameaux sont là, chargés d’or et d’argent,
« Et vingt otages, des plus nobles qui soient sous le ciel. »
LII
Marsile tient Ganelon par l’épaule :
« Tu es très-vaillant, lui dit-il, et très-sage ;
« Mais, au nom de cette loi qui est la meilleure aux yeux des Chrétiens,
« Ne t’avise point de changer de sentiment pour nous.
« Je te donnerai largement de mes trésors :
« Oui, dix mulets chargés de l’or le plus fin d’Arabie ;
« Et chaque année je te ferai pareil présent.
« Cependant prends les clefs de cette vaste cité,
« Et présente de ma part tous ces trésors à Charles.
« Mais surtout fais placer Roland à l’arrière-garde.
« Si je le puis trouver aux défilés et aux passages,
« Je lui livrerai une bataille à mort.
« — M’est avis que je tarde trop, » s’écrie Ganelon.
Alors il monte à cheval, et entre en son voyage...
LIII
L’empereur Charles approche de son royaume :
Le voilà arrivé à la cité de Galne,
Que, jadis, le comte Roland a prise et ruinée.
Et depuis ce jour-là elle fut cent ans déserte.
Le Roi y attend des nouvelles de Ganelon,
Et le tribut d’Espagne, la grande terre.
Or, un matin, à l’aube, quand le jour jette sa première clarté,
Le comte Ganelon arrive au campement.
LIV
L’Empereur s’est levé de grand matin,
A entendu messe et matines,
Puis est venu se placer sur l’herbe verte, devant sa tente.
Roland y fut, avec Olivier le baron,
Et le duc Naimes, et mille autres.
C’est là que vient Ganelon, le félon, le parjure,
Et qu’il prend hypocritement la parole :
« Salut au nom de Dieu, dit-il au Roi.
« Voici les clefs de Saragosse que je vous apporte ;
« Et voilà de grands trésors
« Avec vingt otages : faites-les bien garder.
« Le brave roi Marsile vous mande également
« Qu’il ne le faut point blâmer, si je ne vous amène point le Calife.
« J’ai vu, vu de mes yeux, trois cent mille hommes armés,
« Le haubert au dos, le heaume en tête,
« Et, au côté, l’épée à la poignée niellée d’or,
« Qui se sont embarqués, avec le Calife, sur la mer.
« Ils quittaient le pays de Marsile, à cause de la foi chrétienne
« Qu’ils ne veulent ni recevoir ni garder.
« Mais, avant qu’ils eussent navigué quatre lieues,
« Ils ont été surpris par le vent et la tempête.
« Tous, tous sont noyés, et plus jamais ne les reverrez.
« Si le Calife eût été vivant, je vous l’eusse amené.
« Quant au roi païen, Sire, tenez pour assuré
« Qu’avant ce premier mois passé
« Il vous suivra au royaume de France
« Et recevra votre loi.
« Il deviendra, mains jointes, votre vassal
« Et tiendra de vous le royaume d’Espagne.
« — Grâces en soient rendues à Dieu, s’écrie le Roi.
« C’est à vous que je le dois, Ganelon : vous en serez bien récompensé. »
On fait alors sonner mille clairons dans l’armée :
Les Francs lèvent le camp, chargent leurs sommiers,
Et tous s’acheminent vers France la douce...
Notes
Palefroi : Cheval de marche, de parade, de cérémonie (opposé à destrier).
Nielle : Incrustation d'émail noir dont on décore une plaque de métal.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.