Karl Marx
Publié : 06 décembre 2019, 20:59
« Quand le sauvage, nous apprend Senior, fabrique des arcs, il
exerce une industrie, mais il ne pratique pas l’abstinence. » Ceci
nous explique parfaitement pourquoi et comment, dans un temps
moins avancé que le nôtre, tout en se passant de l’abstinence du
capitaliste, on ne s’est pas passé d’instruments de travail. « Plus
la société marche en avant, plus elle exige d’abstinence »,
notamment de la part de ceux qui exercent l’industrie de
s’approprier les fruits de l’industrie d’autrui.
Les conditions du procès de travail se transforment tout à coup
en autant de pratiques d’abstinence du capitaliste, supposé
toujours que son ouvrier ne s’abstienne point de travailler pour
lui. Si le blé non seulement se mange, mais aussi se sème,
abstinence du capitaliste ! Si l’on donne au vin le temps de
fermenter, abstinence du capitaliste ! Le capitaliste se
dépouille lui-même, quand il « prête (!) ses instruments de
production au travailleur » ; en d’autres termes, quand il les fait
valoir comme capital en leur incorporant la force ouvrière, au
lieu de manger tout crus engrais, chevaux de trait, coton,
machines à vapeur, chemins de fer, etc., ou, d’après l’expression
naïve des théoriciens de l’abstinence, au lieu d’en dissiper « la
valeur » en articles de luxe, etc.
Comment la classe capitaliste doit-elle s’y prendre pour
remplir ce programme ? C’est un secret qu’on s’obstine à garder.
Bref, le monde ne vit plus que grâce aux mortifications de ce
moderne pénitent de Wichnou, le capitaliste. Ce n’est pas
seulement l’accumulation, non ! « la simple conservation d’un
capital exige un effort constant pour résister à la tentation de le
consommer. » Il faut donc avoir renoncé à toute humanité pour
ne pas délivrer le capitaliste de ses tentations et de son martyre,
de la même façon qu’on en a usé récemment pour délivrer le
planteur de la Géorgie de ce pénible dilemme : faut-il
joyeusement dépenser en champagne et articles de Paris tout le
produit net obtenu à coups de fouet de l’esclave nègre, ou bien en
convertir une partie en terres et nègres additionnels ? (Le Capital, 1872)
exerce une industrie, mais il ne pratique pas l’abstinence. » Ceci
nous explique parfaitement pourquoi et comment, dans un temps
moins avancé que le nôtre, tout en se passant de l’abstinence du
capitaliste, on ne s’est pas passé d’instruments de travail. « Plus
la société marche en avant, plus elle exige d’abstinence »,
notamment de la part de ceux qui exercent l’industrie de
s’approprier les fruits de l’industrie d’autrui.
Les conditions du procès de travail se transforment tout à coup
en autant de pratiques d’abstinence du capitaliste, supposé
toujours que son ouvrier ne s’abstienne point de travailler pour
lui. Si le blé non seulement se mange, mais aussi se sème,
abstinence du capitaliste ! Si l’on donne au vin le temps de
fermenter, abstinence du capitaliste ! Le capitaliste se
dépouille lui-même, quand il « prête (!) ses instruments de
production au travailleur » ; en d’autres termes, quand il les fait
valoir comme capital en leur incorporant la force ouvrière, au
lieu de manger tout crus engrais, chevaux de trait, coton,
machines à vapeur, chemins de fer, etc., ou, d’après l’expression
naïve des théoriciens de l’abstinence, au lieu d’en dissiper « la
valeur » en articles de luxe, etc.
Comment la classe capitaliste doit-elle s’y prendre pour
remplir ce programme ? C’est un secret qu’on s’obstine à garder.
Bref, le monde ne vit plus que grâce aux mortifications de ce
moderne pénitent de Wichnou, le capitaliste. Ce n’est pas
seulement l’accumulation, non ! « la simple conservation d’un
capital exige un effort constant pour résister à la tentation de le
consommer. » Il faut donc avoir renoncé à toute humanité pour
ne pas délivrer le capitaliste de ses tentations et de son martyre,
de la même façon qu’on en a usé récemment pour délivrer le
planteur de la Géorgie de ce pénible dilemme : faut-il
joyeusement dépenser en champagne et articles de Paris tout le
produit net obtenu à coups de fouet de l’esclave nègre, ou bien en
convertir une partie en terres et nègres additionnels ? (Le Capital, 1872)