Manque
Publié : 24 avril 2019, 20:58
Manque
Il est parti, brutalement, sans bruit, en catimini. C’est lui qui s’est sauvé en empruntant un chemin détourné, essayant de me cacher la réalité. Amoureux à la manque, il s'est envolé, accroché au jupon d’une briseuse de ménage qu’il a trouvé sur son passage. Ce n’est pas lui qui me manque.
Le maelstrom de l’absence étend son rugissement, la chambre, encore bruyante de mille souvenirs est sombre et silencieuse, le petit lit n’éparpille plus les éclats de rire de la petite fille, cette enfant de six ans dont je ne suis même pas la mère. Je suis amère. Ses dessins, ses jouets mal rangés, son désordre me manquent. Petit à petit, elle devenait mienne. Pour une enfant, la mère, c’est celle qui lui tend les bras et câline son père, le reste ne compte pas. Sa tête dans mon cou, blottie contre moi, elle m’avouait ses peines et ses joies. L’attachement naïf d'une enfant sevrée trop tôt de maman, qu'à cela ne tienne.
C’est lui qui est parti, c’est elle qui me manque. J’ai toujours repoussé le moment d’enfanter, la marmaille, c’est de l’engrais qui active la pousse des rides, une façon d’accélérer la marque le temps. Elle était là, comme une punition infligée à celle qui cherche mari. Ne plus l’avoir contre ma joue, ou assise sur mes genoux, me rend triste, j’aimais retrouver les yeux de son père dans son regard pétillant de malice égocentriste. Dans la maison vide où manque sa turbulence, rien ne remplacera cette fille, ni mes futurs amants ni le travail ni la famille.
Je sais, elle aimera autant que moi, ses futurs papas ou les tontons avec qui sa maman partagera ses draps. Elle se consolera, peut-être elle m’oubliera. Lorsque l’on a de l’amour, on peut le partager en dix, en cent, on en a toujours autant.
Aujourd’hui, jour de son anniversaire, j’ai envie de boire jusqu’à ne plus savoir qui me déshabillera. Afin d’éviter les pépins, qu’importe qui fera germer la pomme, le fruit me suffira.
Liza
Il est parti, brutalement, sans bruit, en catimini. C’est lui qui s’est sauvé en empruntant un chemin détourné, essayant de me cacher la réalité. Amoureux à la manque, il s'est envolé, accroché au jupon d’une briseuse de ménage qu’il a trouvé sur son passage. Ce n’est pas lui qui me manque.
Le maelstrom de l’absence étend son rugissement, la chambre, encore bruyante de mille souvenirs est sombre et silencieuse, le petit lit n’éparpille plus les éclats de rire de la petite fille, cette enfant de six ans dont je ne suis même pas la mère. Je suis amère. Ses dessins, ses jouets mal rangés, son désordre me manquent. Petit à petit, elle devenait mienne. Pour une enfant, la mère, c’est celle qui lui tend les bras et câline son père, le reste ne compte pas. Sa tête dans mon cou, blottie contre moi, elle m’avouait ses peines et ses joies. L’attachement naïf d'une enfant sevrée trop tôt de maman, qu'à cela ne tienne.
C’est lui qui est parti, c’est elle qui me manque. J’ai toujours repoussé le moment d’enfanter, la marmaille, c’est de l’engrais qui active la pousse des rides, une façon d’accélérer la marque le temps. Elle était là, comme une punition infligée à celle qui cherche mari. Ne plus l’avoir contre ma joue, ou assise sur mes genoux, me rend triste, j’aimais retrouver les yeux de son père dans son regard pétillant de malice égocentriste. Dans la maison vide où manque sa turbulence, rien ne remplacera cette fille, ni mes futurs amants ni le travail ni la famille.
Je sais, elle aimera autant que moi, ses futurs papas ou les tontons avec qui sa maman partagera ses draps. Elle se consolera, peut-être elle m’oubliera. Lorsque l’on a de l’amour, on peut le partager en dix, en cent, on en a toujours autant.
Aujourd’hui, jour de son anniversaire, j’ai envie de boire jusqu’à ne plus savoir qui me déshabillera. Afin d’éviter les pépins, qu’importe qui fera germer la pomme, le fruit me suffira.
Liza