Matin coquin

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Liza
Grand condor
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Matin coquin

Message par Liza »

Matin coquin

Je me réveille toujours de bonne heure, ce matin, les billes de ma montre sont bloquées, je secoue le poignet, elles se remettent à l’heure. Il est temps de me lever.

Le matin, j’ai une routine bien réglée afin de faciliter la préparation du petit déjeuner. Je file direct à la cuisine, je mets les tranches de pain de mie dans le grille-pain et je vais faire pipi. En revenant des toilettes, je remarque quelque chose d’inhabituel : aucune odeur de grillé. Fébrile, je récupère les tartines, elles sont froides. Je mets la bouilloire en marche, je remarque qu’elle ne chante pas. C’est clair, il n’y a pas de courant, je contrôle le disjoncteur, il a bien la queue en l’air.

Pas d’affolement, je dois bien arriver à contourner ce mauvais sort. Je vide la bouilloire dans une casserole, je la pose sur le domino à gaz de secours dans le garage, je mets le feu. Tant pis mes tartines ne seront pas grillées.

Je mets la poudre Ricoré dans le bol, deux cuillères de café, tapées contre le bord pour les araser. Je sors le lait du frigo ainsi que le faux beurre et le miel. Les tartines beurrées, une giclée de miel vite étalée et je les coupe en deux.
Je vide l’eau chaude dans le bol et je m’installe, affamée. Je mords à bonnes dents dans le pain de mie.

Horreur ! je fonce à l’évier rincer ma bouche. Quel est l’idiot de packageur qui a fait les mêmes fioles pour le ketchup et le miel ? Encore un voyant, c’est certain !
Dégoûtée, je ramasse le tout pour la poubelle... Ce matin, sainte Liza n’est pas encore levée. Vous me connaissez, je n’en reste pas là, dans mon empressement rageur, je bouscule mon bol qui se vide à moitié au sol. Je m’empare d’une serpillère pour essuyer, sans grand succès, le tissu sec n’éponge rien, je la piétine pour la forcer à boire mon café.

Le bol lavé essuyé, je recommence, café, encore tartines molles, méfiante, cette fois, je goutte, c’est du miel. Faut chauffer l’eau ! Évidemment, la bouilloire est vide, ce sera un petit déjeuner à l’eau minérale. J’étale le beurre, un coup de miel, partage de tranches. Je m’installe à table satisfaite de moi après la rébellion anti-déjeuner. Le pain de mie est meilleur qu’à l’habitude, le goût de la victoire sans doute ! je range le matériel pour la vaisselle, soulagée, j’ai gagné !

Brusquement, le pôle Nord tombe sur mes épaules, après le p’tit dej, c’est la douche et la toilette. Sans eau ? Comment faire ? la bombe de nettoyage à sec de la voiture ? pas question de lustrer ma couenne et je n’ai pas de chromes.

Finalement, je sors une cocotte, je la tiens à deux mains, c’est plus sûr qu’une casserole ! Posée sur le gaz, je la remplis d’eau minérale, une fois chaude, j’ouvre toutes les portes, je ne tiens pas à prendre un bain de pieds à l’eau bouillante, mes pieds ne sont pas encrassés à ce point. Je la vide dans le lavabo. Je passe un coup d’un gant, savonné, sur la frimousse et avec l’autre je lave et je rince l’empire du milieu. Un verre de la bouteille pour les dents je suis presque propre.

Je choisis ma tenue, je n’ai pas besoin de lumière, je tâte les encoches pour la couleur et le toucher me donne le reste. Il fait chaud, j’abandonne le jean au profit d’une jupe corole légère et évasée qui tient à la ceinture par un élastique. Je choisis une jolie culotte pour jour de vent. Si elle vole au vent coquin, tant pis, le dessous est propre ! enfin presque.
Un coup de brosse pour désembroussailler ma touffe, je ne me maquille pas. C’est bien, la pin-up est prête à affronter une journée, sans doute pas très ordinaire.

Je sors pour monter dans la navette. Les malheurs de Lisa, vous connaissez ! Aujourd’hui, c’est le Kangoo avec une rampe pour fauteuil, j’essaye de glisser la portière droite pour m’asseoir, elle est bloquée, il n’y a pas à gauche.
–– La serrure est nase, je n’ai pas eu le temps de passer au garage, une fille toute souple et fine comme vous, va bien se glisser sur le siège par l’arrière.
C’est certain, comparée à son ventre engrossé à la bière, qui a bien plus de neuf mois, la question ne se pose pas. J’enjambe le fauteuil et le gamin qui est assis dedans et j’atteins difficilement un siège arrière. Impossible de trouver la ceinture, je ne dis rien, mais mon silence de circonstance est trahi par la mécanique qui bip de partout, après à peine, un tour de roue. Par-dessus le dossier, je trouve la boucle, en route, c’est le moment.

Fini, les malheurs de Liza, trop simple, vous pensez bien. L’élève ne va pas au même endroit, le chauffeur est bien trop cossard pour avancer la roulante. Me voilà obligée de l’enjamber une seconde fois, sous les rires des gamins qui attendent le coup de sifflet pour entrer en classes.

Je me tortille pour sortir, à peine un pied par terre, je déclenche le fou rire de la marmaille. Solidaire, le brave petit sur le fauteuil, me dit :
–– Ta jupe !
Je ne l'ai pas sentie glisser, je touche, l’élastique est au-dessous du genou. Fière comme la reine, dont je porte le diminutif, sans me presser, je pose mon sac et tranquillement je remets le caoutchouc à la taille. Ensuite, je passe les mains sous la jupe afin de m’assurer que la culotte est à sa place. Rassuré, je traverse la cour afin de gagner mon bureau, les rires redoublent.
–– Chouette, le french cancan à l’école, affirme une femme de service.
–– Je suis prêt à m’occuper de tes petits cœurs, affirme un autre !
C’est à ces petites choses que l’on mesure le savoir-vivre. Grands et petits sont tellement occupés à se ficher de moi, aucun n’a la courtoisie de m’informer. C’est une petite de sept ans, pas encore contaminée par la discourtoisie et la vilénie des parents, qui me prévient.
––  Madame, la jupe est prise dans la culotte, tout en parlant, elle l’a libérée.
Voilà comment, un matin coquin, j’ai traversé une partie de l’établissement les fesses presque à l’air, simplement couvertes d’un petit slip blanc décoré de petit cœurs bleus.

Dans certaines circonstances, est-il impossible de mesurer les effets collatéraux des évènements ?
Qui peut imaginer ? qu’une coupure de courant peut amener une fille sérieuse et pudique, la jupe relevée à montrer ses fesses en public ?
Encore l’hypocrisie de la société qui se formalise d’un coin de culotte, sans s’offusquer des maillots minimalistes et des seins nus.
     Liza
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
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