Vieux nous ?

[Loustic]

Vieux, nous ?

Sans jamais nous lâcher la main, nous avons mené de durs combats et vaincu si souvent. On dit que la défaite rend plus fort, n’ayant eu que des victoires, nous sommes donc des faibles. Maintenant que l’âge nous libère des contraintes quotidiennes. Je voudrais être encore l’adolescent que j’étais, il n’y a pas si longtemps, pour sentir la vie devant nous et railler ta pudeur et ta timidité en te volant des baisers, devant ta porte, dans l’escalier.

Quand nos corps auront épuisé nos craintes, nos envies et nos désirs avides. Quand la vie aura ridé notre chair, nos cœurs seront restés tout lisses. Nous serons unis dans une douceur intense. Un peu comme si nous n’avions vieilli ensemble uniquement pour voir la tendresse fleurir, tranquillement, au fond de notre lit et s’y épanouir au fil de notre vie.

Après une vie si passionnante de printemps et d’étés, l’automne arrive. Personne ne peut nous le cacher ! L’hiver, lui, ne nous atteindra jamais ! De nos doigts croisés, n’avons-nous pas tissé des souvenirs si serrés, bien trop forts et trop épais pour qu’ils soient transpercés par la froidure et la gelée ? J’ai toujours réussi à préserver ton cœur du froid, sans doute y arriverais-je encore. J’ai accepté le défi, l’amour tient chaud, pas besoin de manteau. J’ai reçu ce dévolu et le décours ne me fera pas changer d’avis.

Si nos vies sont moins affamées d’oxygène et de lumière, la femme aime toujours la musique et la tendresse des mots d’amour. Les miens, comme un air trop connu, se sont perdus dans les silences et les lala, lala de la vie. Je ne m’épargne pas, mon existence je l’ai racontée cent fois, comme si elle ne se voyait pas. Ma pudeur est illusoire au gré de mes fantasmes, j’expose mes peines et mes joies. Finalement, j’ai gardé en moi toutes les phrases que j’aurais dû te dire et elles n’ont profité à personne.

Faut le croire, comme dans la forêt où les arbres mutuellement se soutiennent, souvent, ils s’inclinent sous la force du vent. Personne n’est parfait. Malgré le temps, tu n’as, sans doute, pas encore eu les réponses à toutes tes questions. Et alors ! Rien n’est perdu ! Notre tendre ardeur n’est qu’une fleur au bout de tige de mots et de sentiments, rien de plus ou de moins qu’un morceau de sensation ou de passion que nous donne le ciel, grand marchand d’illusions qui distribue le pouvoir d’aimer comme on donne la raison. Sur terre, ces fleurs baignées de tendresse ne s’éteignent jamais lorsqu’elles sont entortillées de lumières.

S’il fallait recommencer ma vie, uniquement pour toi et moi, je te le dis, je la referais comme elle est, exactement de la même façon, cœur pour cœur, passion pour passion. Inutile de se pendre au balcon qui connut Roméo, nul besoin de voyager en Italie pour aimer la femme de sa vie. Le murmure, une gentille cascade de douceur, à l’oreille chuchotée, comble le cœur de sa femme de bonheur, mieux que le chuchotement routinier d’une fontaine italienne.

J’ai dit trop souvent : dans le mariage, le meilleur moment, c’est la lune de miel. La vie courante transformant ensuite le bon vin en vinaigre. Je dis beaucoup de choses et, heureusement, toutes sont inventées. Je sais que tu n’as pas cru à mes sornettes.

Même si certains n’approuvaient pas notre union, je pense que depuis tout ce temps, nous avons largement fait la preuve qu’ils se trompaient. Depuis que tu m’as fait la joie d’accepter de porter mon nom, nos bons moments sont quotidiens et durent encore résistant à l’usure comme le pur acier.

Dans le mariage, croyez-moi, on ne doit jamais choisir, un jour, une heure, une minute, nul choix n’est utile. Il faut le faire maintenant, oui, immédiatement, à tout moment on doit rendre un hommage, ô combien mérité, à la femme de ta vie, en lui disant : je t’aime.

Loustic

[Montparnasse]

Très belle déclaration d'amour ! Combien de personnes seraient heureuses de vivre une histoire d'amour comme celle-là. Merci pour ce rayon de soleil !

Sur terre, ces fleurs baignées de tendresse ne s’éteignent jamais lorsqu’elles sont entortillées de lumières.

[Dona]

@ Dona : tiens ma vieille, prends-en d'la graine toi qui ne sais pas parler d'amour !


@ Loustic : quelle pudeur et en même temps quel magnifique témoignage d'amour !

[Liza]

Une vie d'amour sans méfiance, en confiance, avec patience, sans oubliance !

[Loustic]

@ Dona

Vieille, pas dans l'esprit en tout cas ! Personne ne le démentira !

Cinquante ans à se marcher sur les pieds toute la journée et la nuit allongés, à se les emmêler, mérite-t-on une médaille pour cela ? Dans ce cas, j'en donne la plus grosse moitié et le ruban entier à celle sans qui je ne serais qu'un homme solitaire et éploré.