Survie

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Loustic
Mouette rieuse
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Survie

Message par Loustic »

Survie

Lorsque le décours s’annonce, oublions la nostalgie et les rides. Ces sillons profonds tracés par les dents de l’âge n’ont pas troué nos rêves. Inutile de s’embuer dans la mélancolie. Ne nous construisons pas un avenir de régime, d’interdits, sans états d’âme et sans passion, rempli de privations qui perturberaient nos nuits.
Ne laissons pas nos espérances à l’agonie, même si nous les avons détruites nous-mêmes en oubliant de les faire vivre. Au jour le jour, vivons le restant de notre vie. Notre tête est brûlée d’incertitudes, ressasser les souvenirs n’éclaire jamais l’avenir. Devenons intrépides pour chasser les pensées insipides qui nous privent de futur.
À qui revient la faute, au cœur sur la main qui ne supporte pas la clarté, au temps passé ? À quoi servent les remords et les regrets, le cafard, l’incertitude ? Tenons allumée une lueur d’espoir et cherchons la route la plus paisible à suivre pour solder le prêt de notre vie.

Chaque jour gagné sur la fatalité, j’emplis mon existence de projets et de nuits de repos. Tenu à la chaîne par un cœur geôlier, je n’attends plus de secours de la médecine. Mais le dernier voyage sans escale n’est pas pour moi, enfin pas encore, je n’ai pas épuisé ma portion de matins pâles et de lendemains. Je ne suis pas prêt, j’ai encore à faire. Guider des petits doigts des ténèbres à la lumière. Au son de ma voix, décrire ce que je vois. Expliquer tout ce qui reste un mystère, faire ouvrir des yeux et leur montrer d’où jaillit la lumière. Dans ma vie il y a un monde à part, il y a de l’inconnu. Il est venu emplir la place quittée par mes petits trop vite grandis. Mon devoir est sa survie, sa conduite, pour montrer la bonne route dans ces impitoyables chemins de hasard.

Ma mission n’est pas terminée, ton esprit a encore besoin de ma lumière, de mon savoir. Noyée dans la nuit, ignorant des couleurs du bleu ou du gris, tu as encore besoin de découvertes et de rires. Le ton chaud des moments d’humour fou, ajoutés à des complicités et de murmures amusés, unit les mains plus solidement que le chagrin. Je te raconte et tu devines, je construis, tu imagines. Certains nous trouvent une gémellité, je ne vais pas la nier. En adoptant ma façon d’entrevoir ce dont la vie t’a privée, tu avances dans le sentier des jours sombres, sans doute en hésitant, mais sans tomber.

Je reste accroché voulant finir la mission donnée. Dans l’eau ou dans les flammes je ne lâcherai pas la rampe avant que tu ne sois Toi. Grande belle et installée dans un flux montant te portant aux nues. J’attends ce jour, la tête haute et le front nu. Ma mémoire s’ankylose, je tiens à peine debout mais j’ai encore la force d’un jeune loup, peu importe une santé sens dessus dessous. Considère ceci comme une comédie, de la figuration pour un seul rôle, celui d’être ton guide et ton ami. Je ne souhaite t’offrir ni perle ni couronne, simplement un peu de sourire pour illuminer tes jours.

Beaucoup plus tard, lorsque tu ouvriras ton carnet à histoires, te souviendras-tu de ta jeunesse, des dix-huit ans de ton âge, de ces moments où l’on croque la vie du côté le plus tendre. Ce temps de liberté, où presque tout est permis, sans attendre. Un temps où tu disais souvent : à quoi bon se défendre pour rester éternellement sur le pas de la porte. Si grâce à moi, tu as simplement évité d’être enfermée quelque part, nous avons gagné. Au printemps de ses années, c’est souvent de soi que l’on est prisonnier. Si, auprès de toi j’ai escamoté cela, si la tendresse a évité que tu ne te blesses en tuant tes illusions. Si j’ai su te tenir enchaînée sur le chemin de la sagesse, oublie tout, censure ta tristesse, j’ai tout gagné, j’ai réalisé mes projets. Ferme ton carnet sans détailler combien de fois tu as compté sur moi, ce n’est pas cher payé pour autant de complicité.

Tu ne sais rien des larmes, je t’ai donné ce que j’ai pu, je n’avais qu’une seule arme, les mots que je t’ai appris. Sont-ils plus fort que le vent du Nord ou la foudre, je ne saurais le dire, le principal n’est-il pas, qu’après mon envol, ils restent rangés dans ta mémoire et que tes doigts les transcrivent comme des souvenirs heureux ?

Tu es entrée dans ma vie avec l’air guilleret d’une mélodie tu es devenue une symphonie. Je ne suis ni chef d’orchestre ni musicien, tu étais embrouillée comme une partition dans ce monde compliqué, je me suis acharné à t’expliquer, à décoder ce qui t’entourait.
Désormais, ce que nous vivons, c’est le bonus que nous avons gagné, en nous aidant durant ces longues années partagées, en toute sérénité, la récompense d’une bonne action. Le maître est content de l’élève qui l’a dépassé, il peut partir en paix. Avec ta prétendue psychologie, tu ne manqueras pas d’ajouter une phrase que je ne peux nier : tu n’es pas pressé.

Lou
Le nègre en littérature c'est un blanc qui travaille au noir pour un écrivain marron ! (Popeck)
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Liza
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Re: Survie

Message par Liza »

Si nous nous y mettons tous les deux nous allons noyer Spleen sous l'ADN !
Heureusement, les nôtres n'ont rien en commun, donc pas de monopôle.
Cette diversité nous rassemblerait-elle dans une gémellité décalée sans pareille ?
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
Ma page Spleen...
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Montparnasse
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Re: Survie

Message par Montparnasse »

:super: :coeur:
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Le Merle Blanc
Cygne chanteur
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Re: Survie

Message par Le Merle Blanc »

Il n'y a rien a redire sur cette belle confession, ci ce n'est:
bravo. bravo et encore bravo!!!
Le poète est un mensonge qui dit toujours la vérité: Jean Cocteau
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