L'Amant

[Loustic]

L’Amant

J’aime les hommes qui ne sont pas à moi. Ceux que l’on me prête, ceux que je prends. Les jeunots n’ont rien à craindre, ils devront attendre d’être vieux. Choisir ceux qui sont arrivés au bout de la découverte, ceux qui ont tout testé, tout essayé. Ceux qui ont fait le tour de leurs fantasmes, choisir les blasés.

Ceux qui ne sont pas à moi n’aiment pas tièdement, ce sont de vrais amants pour des nuits sans sentiment. Ces amants-là, parfument la vie d’une autre odeur, celle de l’interdit, celle qui fait oublier le quotidien. Ils suppriment les lendemains, puisqu’il n’y a rien à en espérer. Le plus souvent, ces hommes-là, on ne les revoit pas.

Un homme plus âgé, c’est un miracle de volupté, plein de passion et sans erreur. Il sait comment déshabiller les femmes lentement, pièce par pièce, comme les pétales d’une fleur. C’est l’ombre qui dépouille le jour, avec habileté et lenteur. Il frôle et serre. Il explore chaque recoin, cherchant l’aventure qu’il n’a pas encore trouvée. Ses caresses attisent l’impudeur. Sevré de l’impatience et de l’impertinence, il couvre la peau de baisers brûlants pour la réchauffer. De ses lèvres tièdes, il sait dessiner sur les cœurs, ce qu’il n’ose avouer.

Un amant de quarante ans passés, c’est plein de sagesse, de jolis mots que l’on aime écouter. Il sait, sans chercher, la façon de se faire désirer. Il fait l’amour avec tendresse, sans penser à d’autres conquêtes. Ceux que l’on me prête, ces vagabonds, ces bohèmes, sont sensuels, tendres et chauds, à main tremblante, ils savent combler ma peau.

Peu importe si l’on s’est trompé. Un homme qui n’est pas à moi me fait du bien, où est le mal. Si c’est le tien ! Je ne l’ai pas forcé.

Loustic

[Loustic]

Je m'en remets au jugement de Dieu le père ! Si c'est trop... supprimez !

[Montparnasse]

J'espère que Dieu le père, ce n'est pas moi ! Je ne suis le père de personne (et le fils d'aucun père !) et surtout pas Dieu le père.
En tout cas, ton texte est fort joli et l'idée qui y est développée est originale. Bravo et merci pour ce cadeau !

[Montparnasse]

Ce que je préfère : « De ses lèvres tièdes, il sait dessiner sur les cœurs, ce qu’il n’ose avouer. »

[Liza]

Et entre le cœur et les lèvres, il y a quoi ? Avec Lou, il faut aussi réfléchir image.

[Dona]

J'hésite... ESt-ce vrai ?

C'est un texte déshabillé, si je puis m'exprimer ainsi : sans fausse pudeur !:)
On ne s'encombre pas de fausse pudibonderie. J'avoue que l'idée est plaisante : il s'agit juste de vivre l'aventure charnelle.

Le choix des mots, du ton , des sons est très, très plaisante !
Merci Loustic pour cette petite friandise!