" Le Nid des bengalis "

[Montparnasse]

On est en quelle année dans ton récit ? Parce que les permis de séjour parfois c'est long... Ca dépend du pouvoir en place (de son niveau de démagogie) et de l'humeur de l'opinion publique.

[Dona]

Le jour du mariage, c'est le 20 septembre 2013...

[Dona]

" Le Nid des bengalis ", extrait 33 :


" Quand il se mit à jouer, il se répandit aussitôt, dans la pièce une excitation particulière. Effectivement, ça changeait de St-Preux ! se dit tout bas la salle, commentant alors le pianiste éthéré dont les arpèges liquoreux et la voix cantabile avaient scandé les chants de messe toute la matinée.

En roumain, l'expression « jouer du violon » ou d'un autre instrument n'existe pas… Le roumain naît avec un violon. Il joue de son cœur, joue de la fortune ou joue sa vie mais ne joue pas de la musique. Elle est avec lui, de manière innée. Andréi entama une valse tzigane et le brio de son pizzicato (qui consiste à pincer les cordes avec les doigts de la main droite au lieu d'utiliser l'archet) eut tôt fait de créér une ambiance allègre dissipant la pesante atmosphère que la récente dispute avait engendrée.

Andréi poursuivit son répertoire par des descentes chromatiques techniquement hallucinantes qui répandirent une fièvre électrique chez les danseurs ayant formé, dès la première cantilène, des duos de danse déchaînés. "

[Montparnasse]

J'aurais plutôt vu : "des descentes chromatiques habiles et pénétrantes".

et un changement de temps :

"Andréi poursuivait son répertoire par des descentes chromatiques habiles et pénétrantes qui répandaient une fièvre incontrôlable chez des danseurs qui, dès la première cantilène, avaient formé les premiers pas d'une danse effrénée : arabesques, pirouettes fouettées, sauts de chat, sissonnes et entrechats."

J'aime bien l'idée de lui faire jouer du violon. De le révéler comme ça. Cette métamorphose est propre à étonner le lecteur.

[Dona]

" Le Nid des bengalis ", extrait 34 :


" Comme madame Parfeu s'approcha d'Andréi pour le remercier, il lui narra brièvement son histoire puis lui conta la légende des Roms :

- Au Vème siècle, un roi de Perse Bahram Gour fut ému par les plaintes de ses sujets les plus pauvres. Ils s'enivraient les jours de fête avec tristesse car la musique y était absente. Ils voulaient faire la fête comme les riches et réclamaient inlassablement de la musique. Alors, le bon roi Bahram demanda à son beau père, le roi Shankal de Kanauj vivant dans la haute vallée du Gange, en Inde, l'envoi de douze mille musiciens. Après un an de festins, de musique, de rires, les musiciens à qui le roi de Perse Bahram Gour avait donné des terres, des ânes, et du blé pour vivre, furent affamés. Ils s'étaient contentés de manger leurs bœufs et leur blé qui leur avait été offert. Irrité, le roi les chassa. Ils furent condamnés depuis ce jour à marcher en compagnie de leur âne, et à vivre de leur musique.

L'erratique apatride avait le don des conteurs hantant les routes qui les mènent dans d'accueillantes chaumières et Madame Parfeu se trouva fort charmée par ce récit.
Et s'étant rapproché d'elle, Andréi fut frappé par la grâce de sa physionomie. "

[Montparnasse]

Je sens que ça va devenir torride avec ta bourgeoise...

[Dona]

@Montparnasse : hé hé ! ...


" Le Nid des bengalis ", extrait 35 :


" Les vibices du temps n'ajoutaient que charme à ce visage si clair et charmant !

Quand madame Parfeu vint à parler, il sembla à Andréi que deux bengalis, ces petits oiseaux au joli bec orange, lui chantaient une aubade dans une langue inconnue mais si douce !...

Tandis qu'elle lui confiait les tourments qui l'avaient torturée lors de l'altercation qu'il avait eue avec son époux, il ne manquât pas de remarquer plusieurs fois, bien qu'il s'empêchât de la regarder, combien la teutonne poitrine de son interlocutrice haletait à chaque fin de phrase. On eût dit qu'elle avait un nid vivant sous son corsage ! C'était sûrement la raison pour laquelle sa voix était si chantante et combien caressante ! Oui, des petits bengalis, des oisillons nichaient là sous ce sein haletant !

Cette idée d'un nid en amena quelques autres que la pudeur de ce pauvre hère ne nous permet pas de révéler ici... "

[Montparnasse]

Je savais bien que nous irions droit à la censure...

[Dona]

Je savais bien que nous irions droit à la censure...

[Dona]

" Le Nid des bengalis ",extrait 36 :


" Madame Parfeu de Bellair ne fut pas s'en remarquer le trouble qui habitait son interlocuteur. D'ailleurs, à lui parler d'aussi près, elle vit que ses traits étaient d'une finesse toute délicate et les ridules qui striaient sans compter ses paupières montraient bien qu'il avait, dans sa vie, beaucoup ri.
Une vigueur certaine émanait de toute sa personne et cette impression était accrue par une gestuelle expressive et des yeux malicieux !
Combien cet homme avancé en âge était, en réalité, par la vivacité de sa posture, semblable à une belle plante sempervirens ! Et en filant la métaphore de la forêt et des bois, Andréi lui parut aussi beau qu'un fol daguet se vantant de sa première ramure auprès de la jeune biche qu'il courtise déjà !

Et des ces métaphores animalières lui vint soudainement l'impression que l'arrivée d'Andréi n'était peut-être pas tout à fait importune mais plutôt augurale. Elle se remémora l'horoscope du jour qu'elle avait consulté prédisant une rencontre bouleversante mais aussi le discours abscons d'une prometteuse d'avenir qui lui avait dit, autrefois, à peu près ceci :
« Tu n'es pas musicienne mais tu aimeras la musique; un jour viendra tu seras vieille mais jeune; écoute le violon mais ne le regarde pas, la musique du cœur est ailleurs; tu seras surprise mais pas étonnée; attends ce jour mais attends sans hâte; ça fait 45 euros mais donne m'en 90, ça les vaut. »

Elle avait oublié cet oracle amphigourique et voilà qu'il lui revenait en mémoire. Andréi ne cessait de la regarder…. et il avait le regard du chasseur qui avue la perdrix. "


................................................................................

NB: oui, oui ! le verbe "avuer" existe !