Le Réservoir

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Liza
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Re: Le Réservoir

Message par Liza »

Eh, doucement, je ne parle pas de position érotique. Je ne me le permettrais pas. Je parle dans la vie courante !

Je ne sais plus où j'ai entendu cela, en tout cas, ce n'est pas dans une conversation indécente.

Je suis prude et je connais un endroit où la main de l'homme n'a jamais mis les pieds.
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
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Dona
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Re: Le Réservoir

Message par Dona »

Ne t'en fais pas Liza, je n'ai pas pensé que tu piochais ce terme dans le Kamasutra mais de fait, quand on tape cette appellation (la cuillère) c'est dans cet ouvrage de référence qu'elle apparaît.
Ca m'arrange dans un sens, je vois bien un effet comique dans mon texte grâce à ce petit écart de posture ! smiley rire Mais je ne veux pas tomber dans le graveleux...
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Montparnasse
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Re: Le Réservoir

Message par Montparnasse »

Je suis pour l'érotisme, sauf dans son sens actuel, qui est bien souvent pornographique.
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Dona
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Re: Le Réservoir

Message par Dona »

Il s'agit aujourd'hui d'un fait un peu plus noir que d'ordinaire mais puisque nous sommes dans le "Réservoir", ça me semble digne d'être posté là et tant pis pour les réactions que ça pourrait engendrer...


Une amie m'a raconté une histoire.

Il y a quelques années, elle rentrait chez elle accompagnée de deux collègues. Ces trois personnes revenaient, par le train (le TER ) de leur lieu de travail situé à quelque quarantaine de kilomètres de leur lieu d'habitation. C'est en revenant à Nantes, un soir d'hiver – il devait être 18 heures – que la chose arriva.

Le tramway est au sortir de la gare. Il suffit de traverser le passage piéton pour l'attendre. Mon amie est une femme affable, la cinquantaine bien trempée mais d'allure svelte. Sa collègue devait lui ressembler à peu près en tous points. La troisième personne qui les accompagnait était toute jeune, disons la vingtaine entamée. C'était une très jolie fille. Elle venait de débuter dans l'entreprise où les deux autres femmes exerçaient leur métier et le rapprochement opéré par le fait qu'elles voyageaient ensemble permettait de lier amitié tout aussi bien que de répondre au multiples questions de la jeune fille qui débutait dans cet emploi.

Elles discutaient vivement, la conversation était assez gaie, déjà orientée vers la satire de quelques chefs de service qui le méritaient. Le tram n'était pas arrivé mais on le voyait tout au bout, très loin.
C'est à cet instant que survint tout près d'elle un individu en piètre état. Un homme à l'allure de vagabond et complètement aviné, les yeux rétrécis, la mise sale, l'haleine empuantie s'approcha d'elle trois. Elles reculèrent un peu car il avait vraiment une allure répulsive. Mais il les suivit et se mit à tourner autour de la plus jeune. Ce n'était pas encore trop gênant. Ca le devint lorsque l'homme commença à lui sortir des insanités sexuelles des plus obscènes – que je ne répète pas ici – avec l'insistance et la désinhibition que procure un état d''ivresse avancé. C'était très gênant... extrêmement provoquant. Certaines personnes semblaient écouter, outrées, ces propos dégueulasses tenus à une jeune fille qui se faisait verbalement agresser justement parce qu'elle était jeune et fraîche. Une proie en quelque sorte.

Le tramway arrivait tranquillement. C'est à ce moment-là que ma collègue a eu une fulgurante pensée : on aurait pu, elle aurait pu, vu l'état alcoolisé de l'homme en question, le faire basculer sur les rails. Il aurait juste suffi – pas grand-chose – juste suffi de tendre la main vers le dos de l'individu, une petite tape légère, pour le faire tomber. Qui l'aurait vue ? Personne. Le quai était archi bondé. Tout le monde aurait pu croire à une chute accidentelle – il était tellement bourré cet homme-là – et probablement qu'il y a bien peu de gens qui l'auraient regrettée, cette chute … Quelqu'un qui fait peur aux gens, à leurs enfants, à ces jeunes filles en fleur qui pourraient être nos filles...
Mais voilà... On ne se débarrasse pas des indésirables de cette manière et surtout on se débarrasse pas de sa conscience. Mon amie s'est empressée de monter dans le tram avec ses deux collègues et a fait en sorte d'immédiatement oublier la pensée délétère qui lui était venue à l'esprit.
Un crime gratuit, aurait-on pu juger en cour d'Assises, oui... mais il le méritait ce bonhomme, non ? Eh bien non, il ne le méritait pas de la même manière que nous ne méritons pas de nous avilir à tel point.

Mais depuis, cette histoire me taraude... Si l'homme était allé plus loin ? Si mon amie avait commis ce geste fatal ? C'était si simple... Si je m'étais trouvée dans les mêmes conditions et qu'il eut s'agit de ma fille ? De quoi serais-je capable, moi ? En serais-je capable ou non ? J'espère que non. Et j'espère ne jamais avoir à me retrouver dans une telle situation. Tel est le dilemme. Je ne sais pas si un être humain tout seul peut répondre à une telle question... Il faut être placé dans des circonstances extrêmes et extraordinaires pour savoir jusqu'à quoi peut résister notre humanité : il y a autant de héros en mal qu'en bien disait un homme célèbre. Des situations extrêmes dans l'Histoire nous prouvent tous les jours que les uns cohabitent avec les autres et ce, quotidiennement : on l'entend à la radio, aux informations, on le lit dans les media mais je pense que la littérature a le droit de questionner et de proposer une expérience narrative qui permette d'y réfléchir. C'est la fameuse catharsis, l'épuration des passions qui se produit par les moyens de la représentation artistique théâtrale, littéraire, picturale, cinématographique... A relire cette dernière phrase, « Je pense que », je me dis que mon affirmation a peu de valeur dans mon commentaire car la littérature, ça fait bien longtemps qu'elle est le laboratoire expérimental des pulsions les plus noires et des faits les plus douloureux. Je n'avais pas réalisé combien on pouvait puiser ces thèmes dans notre quotidien.
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Liza
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Re: Le Réservoir

Message par Liza »

Ce questionnement semble appartenir à la catégorie de l'Impossible ! Détrompons-nous, il peut nous tomber dessus à chaque instant. Il suffit que soient réunies certaines circonstances pour transformer un individu honnête et droit en tueur.

Le paroxysme de l’inconcevable est différent pour chacun d’entre nous. Qui plus est, il est aussi dépendant des circonstances et de l’humeur du moment. Dans une bonne journée, emplie de sourire et de joie a-t-on la même résistance aux agressions verbales qu’un jour morne, terne ou plein de colère ?

La conscience est-elle le même frein lorsque la victime agressée est connue ou inconnue. C’est notoire, même chez les animaux, une mère douce devient féroce à la défense de sa progéniture.

Notre quotidien n’est qu’un livre ! Sérieux et éducatif, une bouffonnerie, un drame, une tendresse, une tristesse ou une pantalonnade chaque instant est un style et un thème différent, le tout étant une tranche de notre journée ou de notre vie. Plus ou moins attractive, voire franchement repoussante ou illisible. La littérature rend l’image de ces situations et parfois en invente d’autres, moins vécues, mais où est la limite ?
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Dona
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Re: Le Réservoir

Message par Dona »

Merci pour ton commentaire Liza !;)


J'avoue que cette idée d'explorer me titille... je prendrai peut-être le temps.
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Montparnasse
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Re: Le Réservoir

Message par Montparnasse »

Ton texte me fait réfléchir mais il ne me fait pas douter. Je suis né à Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, banlieue chaude déjà à l'époque. Incendies fréquents, violence des dealers, saleté des rues et des immeubles. Peut-être les choses ont-elles changé ? Je ne me prononce pas. Face aux agressions, que je pouvais subir, je me suis toujours dit que je ne réagirais pas par le meurtre, même impulsif. D'ailleurs, j'ai vécu par la suite dans une ville bourgeoise, Vincennes, où j'ai subi plus d'aggressions, en tout cas d'intimidations, de la part des fils de « bonne famille ». Résister est la seule réponse qui me satisfasse ; malgré les risques qu'elle comporte, c'est celle que j'ai toujours suivie.

Merci pour ce texte qui nous permet de nous interroger. ;)
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Dona
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Re: Le Réservoir

Message par Dona »

Montparnasse ::d Tu lis tout le samedi ? :hehe:


Oui, c'est une anecdote qui fait réfléchir.

ce serait un bon sujet de roman en tout cas : observer le moment où cette paisible citoyenne passe à l'acte.
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Dona
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Re: Le Réservoir

Message par Dona »

Pétard mouillé


" En vacances, hier, j'ai pris le tramway. Cette merveilleuse invention qui est en train d'éventrer littéralement le cœur de Nantes permet de se rendre en ville en toute liberté, à peu de frais et sans avoir le souci que connaissent les automobilistes à se garer... surtout en ce moment où les places de stationnement ont été supprimées pour cause de travaux : on aménage la ligne pour mieux desservir encore tous les quartiers.
En plein été, j'ai pensé que j'aurai une place assise. C'est loin d'être le cas d'ordinaire lorsque tous les Nantais ont repris le travail et que leur goût immodéré pour les transports en commun rend les parkings-tramway inabordables et combles passé 7h 20 du matin... Le tramway nous fait voyager dans des conditions parfois périlleuses (manque de place, manque d'oxygène... les probabilités de mourir asphyxiés pour cause d'odeurs humaines malodorantes sont un facteur à considérer au plus point...) mais nous pouvons y vivre des moments exaltants !

En réalité, l'été, les tramways circulent moins souvent, ils sont donc plus bondés encore que d'habitude. C'est résignée que j'ai tenté ma chance pour trouver une place stable, debout, entre deux masses humaines imposantes, une poussette à jumeaux et un caddy à légumes chargé d'une botte de poireaux qui m'a chatouillé le genou à chaque ondulation des rails... Je tentais de me raccrocher à la barre transversale qui est toujours trop haute pour ma modeste taille et c'est sur un pied (il fallait lever l'autre pour parvenir à me hisser jusqu'à la barre) et d'une main que je m'agrippais à ce rempart de fortune (l'autre main était mobilisée pour tenir mon sac en bandoulière qui, dans un véhicule aussi brimbalant qu'un tram en ville, menaçait de tomber sur mes genoux à chaque instant... j'avais déjà assez de la botte de poireaux...)

C'est dans cette posture désagréable et vêtue d'un tee-shirt informe que je n'oserai jamais porter pour aller travailler car il laisse mon nombril apparent dès que je lève un tant soit peu les bras, vêtue également d'un pantacourt en jean râpé et strié d'un joli trou en haut de la cuisse gauche, chipé à ma fille adolescente - c'est dans cette posture donc que j'ai remarqué qu'on me regardait... Ca a duré un moment... J'ai fini par détourner la tête pour croiser le regard insistant qui pesait sur mon profil (le gauche n'est pas celui que je trouve le plus avantageux, c'était déplaisant.... ) Un jeune homme ! Un jeune homme aux yeux bleus – magnifiques - était en train de me dévisager !

Ca fait longtemps que cela ne m'arrive plus. En effet, maintenant, c'est plutôt ma fille qu'on dévisage de cette manière quand on est un jeune homme. Si l'on peut me donner encore 16 ans de dos, le charme est rompu dès que je me retourne... On peut imaginer que je me suis trouvée flattée par cette paire d'yeux qui continuait, malgré le fait que je l'eusse croisée, à demeurer fixée sur ma personne… J'étais presque flattée en réalité car de fait, j'ai très vite pensé qu'il y avait une anomalie dans l'affaire. Le tee-shirt ? Instinctivement, j'ai coincé très fort mon sac à main sous l'épaule pour rabattre le tee-shirt d'une main sur mon pantalon, adopté une stature plus élégante en rentrant le ventre et en me hissant un peu plus haut sur la pointe du pied pendant que je me mis à souffler, de manière assez travaillée, sur une mèche blonde qui est censée onduler assez élégamment sur mon oreille gauche lorsque je suis coiffée d'une énorme pince qui tient un chignon flou. Je sentais, sur ma nuque, dans mon cou, le regard puissant du jeune homme aux yeux clairs...
Je vous raconte cela en maints détails... sachez que ça n'a duré qu'une dizaine de secondes. Mais c'est très long dix secondes quand on est occupée à se refaire une beauté maladroite sans miroir, accrochée à une barre de tramway trop haute, parfumée au poireau et transbahutée d'un compagnon de voyage à l'autre à tout moment...

J'ai pensé alors que l'existence est une pochette surprise dans laquelle se niche toujours un cadeau final : les pétards qu'on place tout au fond. On croit qu'on a sorti tous les cadeaux mais en réalité, il y en a encore deux ou trois, bien empaquetés, dans la pointe du paquet : les pétards !
Voilà, c'était le petit pétard de la journée : un jeune homme plutôt séduisant me regardait avec insistance.
« Je dois être très bien coiffée ! » pensai-je, « Ou bien maquillée ! » et une bouffée d'euphorie provoqua en moi une sorte de petit rire intérieur. C'était assez délicieux comme situation, il faut bien l'avouer. Assurément, je devais être vraiment à mon avantage, c'était la seule explication plausible n'est-ce pas ? »

Eh bien non...

J'ai cru défaillir quand j'ai vu que que le beau jeune homme aux yeux bleus se levait et s'approchait de moi... tout en continuant à me regarder.
« Il est gonflé quand même ! » ne pus-je m'empêcher de penser. « Mais qu'est-ce qu'il va me dire ? » Ce fut, en l'espace de trois secondes, un suspense haletant que je n'avais pas vécu depuis au moins... heu... au moins, oui !

C'est alors que le petit pétard a explosé... Mais en fait, c'était un pétard mouillé... ce sont ces pétards qui font croire qu'ils vont provoquer plein d'étincelles avec un gros « Bang ! » mais qui ne s'allument que d'un bout et s'éteignent tout aussitôt...
J'ai entendu le jeune homme me dire, d'une voix très posée :

- Vous voulez vous asseoir ?
Alors j'ai tourné la tête vers lui, un peu désemparée... Je l'ai regardé, déjà ulcérée pendant qu'un alexandrin racinien résonnait dans ma mémoire : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur ma tête ? » mais il n'y avait pas de doute... c'était bien à moi que ce propos s'adressait... et c'est la bouche pincée, le ventre à l'air et le chignon frissonnant d'humiliation que je lui ai répondu de manière sèche et glaciale.
- Non !... Je n'ai pas encore l'âge. Merci quand même ! » hurlai-je dans un murmure acide, la cinquantaine indignée..."
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romithefox
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Re: Le Réservoir

Message par romithefox »

Je ne m'attendais pas à cette chute ! Humoristique (pour nous en tout cas :hehe: ), j'adore !
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