Contre amour

Avatar de l’utilisateur
Liza
Grand condor
Messages : 1538
Inscription : 31 janvier 2016, 13:44
Localisation : France

Contre amour

Message par Liza »

      Contre amour

   — Je suis heureux de fêter l’anniversaire de nos jumeaux. Danie, à ton arrivée, nous avons eu la surprise de constater qu’il n’y avait pas de petit morceau. Imagine notre joie, une fille ! Ensuite Denis a vu le jour, nous attendions deux garçons.
   Le garçon et la fille se ressemblent, c’est certain. Ils ont les mêmes yeux bleu gris que la maman, la même couleur de cheveux qu’elle. L’ovale de leur visage est différent tout en étant proche. Ils ne peuvent nier leur gémellité. Toutefois, chez Danie, il y a une assurance masculine, presque plus forte que celle de Denis.
   — Notre garçon est marié et notre fille nous a confié avoir trouvé l’amour, c’est ce que j’attendais depuis un bon moment, renchérit la maman.
   — Ta mère est pressée d’avoir des rides et de se faire appeler Mamie. Nous savons, c’est votre vie, pour un peu, je poserai la question : qu’attendez-vous ? ajoute mon père.

   Denis est gêné, sa femme, Bella se tourne vers sa belle-sœur avec un sourire.
   — Je suis content que vous soyez fiers de nous, reconnaît Denis. Nous avons eu une enfance heureuse, je vous en remercie. Ma sœur n’a pas voulu être en reste, elle a toujours voulu être comme moi. Pas question de poupée, de rose bonbon et toutes ces choses que l’on attribue aux filles. Casse-cou et intrépide, parfois elle me faisait peur, elle se comportait comme un garçon. Avoue Danie, tu n’as jamais voulu être en reste, tu ne voulais porter ni robes ni ces choses féminines qui « encombrent les mouvements » disais-tu. De mon côté, je t’ai toujours considérée comme mon frère et ma sœur en même temps.
   — Cela ne vous dérange pas, vous vous êtes toujours entendu à merveille, ton père peut en témoigner aussi.
   — Non, c’était l’idéal. Les copains se chamaillaient avec frères et sœurs, chez nous, c’était le calme plat. Nous ne nous ressemblons pas au point de nous confondre, toutefois nous sommes bien de vrais jumeaux.
   Les lèvres de maman sourient discrètement, le regard qu’elle pose sur moi est empreint d’une vague inquiétude.
   — Je ne vois pas où tu veux en venir, à t’écouter on pourrait croire que cela ne te convenait pas.
   — Cela me convenait très bien. Ma sœur, en affirmant son droit d’aînesse, devenait la complice idéale de nos jeux … et de nos bêtises.
   — Denis, trêves de discours, nous allons déguster ce gâteau et boire le champagne à ta santé et à celle de la tablée.

   — Après mon mariage, je m’attendais, logiquement, à voir Danie suivre le même chemin et nous présenter un godelureau dans la foulée. Eh non ! Son désir de ressemblance a fini par la dépasser.
   — L’envie d’indépendance de ta sœur est trop forte pour se soumettre au joug d’un homme.
   — Le prochain évènement dans la famille, ce ne sera pas le mariage de Danie, ce sera mon divorce, dis-je rapidement.
   Un glacier directement arrivé du pôle nord tombe sur la famille, tout le monde me regarde comme si j’étais le diable en personne.
   — Denis, tu plaisantes j’espère…
   — Eh non ! ma femme me quitte, je ne sais pas si elle y gagne.
   — Au moment où ta sœur a trouvé l’amour, toi tu le perds, se désespère ma mère. Tu n’aimes plus ta femme ? Bella est si gentille, si attentionnée. Je me demande qui lui donnera plus que toi ?
   — Pour vous, il n’y aura pas de changement. Moi… je survivrai, la rancune et la haine me permettront de tenir le coup à chaque réunion de famille. Ne cherche pas maman, ma femme me quitte pour vivre avec ma sœur !

      Liza
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
Ma page Spleen...
Répondre