Chant du sud.

[Le Merle Blanc]

Oh! le chant des cigales, au dessus des garigues
Quand le soleil étale, sur les vaux sur les digues
Ses rayons d'argent roux sur le ciel azuré,
Ses champs aux miroirs fous de bouquets pailletés.

Oh! sur le front de mer le vent d'humeur amère
Egaye ses embruns, ses joutes ses desseins
Où paissent les chimères, là où pleure la pierre
Soulevant les parfums les charmes de demain.

La tramontane est reine et le mistral est fou
Qui tirent hors d'haleine, les êtres les plus doux,
Qui font plier les chênes, pleurer les oliviers,
Là où les feux achèvent de nuire à l'été.

Et dans un écrin d'or sur des doigts de rochers,
Sommeillent des villes aux pierr' brunies de sel
Dans la pâle verdure, brulante de juillet,
Les couleurs célestes étalent leurs pastels.

Lorsque tonne l'orage, le vent courbe le dos,
Sous la pluie qui fait rage, s'étranglent les ruisseaux,
Pauvre être malheureux dans ta loge noyée
Saignes sur le destin de ton cœur maltraité.

Puis renait le soleil par ses flocons d'argent,
Qui chasse sous le vent les misères d'antan;
Et sur les plages belles, de corps nus et bronzés,
La vie reprend le cour de ses longues soirées.

------- Aout 2016

La fièvre.

Sur les pétales d'une rose
S'écoulent des larmes de sang
Dans les lueurs un peu moroses
Où se meurt le soleil ardent;
Et là sur des parfums menteurs
Entre les fleurs, entre les cœurs,
S'enlisent des torrents de proses
Dans l'océan sale et tricheur.

La liberté terre ses morts
Dans des abysses infernaux
Bien loin de la gaieté des ports
Vers des horizons immoraux,
Et quand le vent souffle trop fort
Transportant le chant des canons
Sur le lac immonde et profond,
La colombe tombe d'effort.

Le ciel rougeoie sur les étangs
Ses arcs en feux ensanglantés,
L'enfant qui ce matin est né
Pleur' déjà un être mourant,
Et sur la route de la vie
Dans l'enfer ou le paradis
Anges et démons dépravés
Dansent des sabbats enflammés.

------- Septembre 2016