Un loup peu reconnaissant.

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Le Merle Blanc
Cygne chanteur
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Un loup peu reconnaissant.

Message par Le Merle Blanc »

Loup séchait son pelage au sortir d'un orage
Couché sur une plage de terre, de pierres sages
Sous les rayons sauvages de la lumièr' sans âge
Qu'un soleil pauvre mage, diffusait en mirage.

Son ventre lui criait une tenace faim,
Dans cet endroit mauvais nul gibier ne passait,
Chancelant incertain loup reprit son chemin
Sur ses pattes tremblantes, hagard il trébuchait.

Il parcourut des lunes, pauvre être pantelant,
Traversa bien des brumes, des horizons changeants
Aux berges d'un torrent sa soif il assouvit
Dans le cheminement d'une eau gorgée de pluie.

oh! dit-il murmurant, des truites grasses à point!
Je pourrai me penchant déguster un festin,
Mes griffes serviraient de cruels hameçons
Pour ce menu divin sortir du tourbillon.

Passe passe dans l'onde, la truite gracieuse
Dans le courant immonde, dans la vague frileuse,
Aguicheuse et moqueuse elle danse suave
Habile et ténébreuse, tandis que le loup bave.

Le loup plonge ses griffes, dans le courant glacé
Mais le poisson s'amuse des lames acérées,
La truite caracole sous les berges frivoles
Aux regards ahuris que pleure la bête folle.

Téméraire de faim usant de stratagèmes
Dévorant le festin que ses rêves appellent
Dansant sur son ventre que le vide martèle
Il soignerait sa panse, de piètr' alevins même.

Mais il ne traine rien que des truites dodues
Brillant dans l'arc brun des écailles repues,
Le loup à l'agonie s'étire se détend...
Et plonge dans le lit de l'impétueux torrent.

Dans le courant gelé son être se débat,
Sur les glissants rochers tente de s'accrocher
Pour retomber amer aux remous enfiévrés...
Il sent dans sa misère, arriver son trépas.

Sautent sur les rochers de leurs bonds de cabri
Les chamois attirés par la douleur des cris,
Nul ne vit, nul ne sut comment l'un d'eux s'y prit
Pour tirer près de lui le corps du loup meurtri.

Il y eut bien des cris, des mots de réprimande
" Pourquoi t'es-tu saisi de ce monstre pervers ?
-Tu aurais du attendre réponse à ta demande
-Quel risque fais-tu prendre à tous nos êtres chers.

-Regardes le mourant, il ne sait plus bouger
-Il lui faudra du temps pour guérir sa santé,
-Nous serons bienveillant auprès de nos amis
-Si lui montre les dents, nous nous battrons aussi"

Le loup à la fraîcheur des mélèzes dormit,
Plus vite qu'on l'eut cru la vigueur il reprit
Passablement déçu de se devoir en vie
Et d'en savoir l'auteur un chamois amaigri.

Il ne dut sa survie qu'à quelques vieux croutons
Qu'ils délogeaient pour lui aux proches environs,
Lorsqu'enfin rétabli courant sur l'horizon
Sa faim il assouvit de viande de mouton.

Par un matin d'automne, il surprit les chamois
Accrochés comme pommes sur l'abrupt paroi
Il se prit à rêver de fabuleux festins
Chairs tendres et rosées pour ses crocs assassins.

Il fit couler le sang de gorges de jeunesses
S'abreuvant au relent de ce nectar d'ivresse
Se vengea de l'affront de ce décor maudit
Que l'amère saison avait fait de sa vie.

Sur le roc où le sang s'écoule en traits noirâtres
Où le soleil levant sème ses ors rougeâtres
Où gisent éperdus des débris délaissés...
Sur leurs petits perdus, les mèr' pleurent blessées.

Pleurez sur les mauvais détours de votre vie
Vous qui avez sauvé la bête aux crocs maudits
Vous qui l'avez soignée, qui vous êtes attendris...
Vous qui avez laissé ouvert au loup votre huis.

------- 6 7 8 06 017.
Le poète est un mensonge qui dit toujours la vérité: Jean Cocteau
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Montparnasse
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Re: Un loup peu reconnaissant.

Message par Montparnasse »

Je m'occupe de tes liens dès que j'ai une minute. ;)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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