Le Spleen de Paris

(Comme vous avez certainement pu déjà le remarquer, notre ami le chat maîtrise à la quasi-perfection l'art de se fondre dans son environnement...)

LE CHAT FAIT LA PIERRE

Le chat fait la pierre
Enroulé et ronronnant
Le chat fait la pierre
A n'importe quel moment
Loin du bruit et du vent...
Il a choisi l'endroit
Pour qu'on ne le voie pas.

Le chat fait la pierre
Car ce que l'on voit
A la place du chat
A l'endroit comme à l'envers
Ne sont que taches et raies
Zébrures entremêlées
De bronze, brique ou orange brûlé,
Ocres, saumon ou jais,
Sépia mélangé au noir
Qui le font ressembler
En plein soleil à la couleur du soir,
A une pierre sans âge
Immobile et sans pensée :
Il se pose et il se fige.

Le chat fait la pierre
Pour se faire oublier
Quand notre regard voyage
Sur son corps endormi...
Il sombre sous son ombre
Indécelable abri
Pour mieux nous faire croire
Qu'il est parti d'ici
On ne sait où
En catimini
Il nous fait le coup
Du chat qui se fond dans la courbe
Du chemin d'une crevasse
Qu'il épouse de sa robe
En totale prudence
Et avec belle grâce
Sans jamais faire trembler
La moindre moustache
Pour éviter les dangers
Qui aux lointains se cachent
Et pourraient approcher.

Le chat fait la pierre
De calcaire ou d'argile
Au jardin sous les lierres
Dans les parterres de fleurs
Sans bouger un seul cil
Et les mouches ont beau se poser
Imprudemment sur lui
Jamais il ne réagit
Pour les attraper,
Ce serait trahir
Sa présence à tous ceux
Qui auraient pour leur faim
Le désir de l'engloutir
En ni une ni deux...
Aujourd'hui comme demain,
Qui voudrait manger une pierre ?

(Massy - 30/01/2016)

C'est le poème qui m'a décidé à t'inviter sur Spleen. Je l'aime toujours autant !

Car ce que l'on voit
A la place du chat
A l'endroit comme à l'envers
Ne sont que taches et raies
Zébrures entremêlées
De bronze, brique ou orange brûlé,

A une pierre sans âge
Immobile et sans pensée :

De calcaire ou d'argile
Au jardin sous les lierres
Dans les parterres de fleurs
Sans bouger un seul cil

Merci Montp'
De bronze, brique ou orange brûlé, : en me relisant maintenant, quelques moi après l'avoir écrit, je ne me souviens aucunement d'avoir cherché cette assonance en "br" dans ce vers... C'est ce qui me laisse penser que mes doigts ce jour-là ont obéï à quelqu'un d'autre que moi.. (encore la théorie hugolienne) !
Eric