Sur la rue.

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Le Merle Blanc
Cygne chanteur
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Inscription : 22 décembre 2016, 20:46

Sur la rue.

Message par Le Merle Blanc »

Dans le relent d'une aube pale
Parmi les cours les trottoirs sales
L'être dort comme un animal
Sous un tas de cartons bancals.
Pauvre hère, âme dépourvue,
Solitaire des rues perdues,
Rebelle, malfaisant inconnu,
Criant de faim force vaincue.

Il faut quitter l'abri du porche
L'endroit fébrile où l'on s'accroche,
De froid tremblant mains dans les poches
Pour tout bagage une sacoche
Où s'enferment des trésors noirs...
Quitter le banc pour le trottoir,
Se tenir debout jusqu'au soir
Sans laisser poindre un désespoir.

Vivre encore des temps d'enfer
Cacher au monde sa misère,
Repousser ses pensées amères
Dans la foule au regard de pierre.
Ouvrir la main pour recevoir
Une pièce un geste d'espoir
Afin d'apaiser les déboires
Qui ont déchiré le miroir.

Que l'hiver soit douceur ou froid,
Le temps nous plonge dans l'effroi,
Un chemin sans aucun émoi
Où se perdent nos derniers droits.
Dans la rue des foules joyeuses
Notre marche s'en va piteuse
Comme une source malheureuse
Vers une abime scandaleuse.

Parfois la croix rouge balade
Son chargement de café fade,
Quelques paroles comme aubade...
Des mots, des mots, une tocade.
Entre le froid le vent la pluie
Qui blessent nos peaux démunies,
Un regard simple qui séduit
Alors nous transporte d'envie.

Finis les rires et les joies
Pour notre coeur au désarroi,
Le livre de nos vies déçoit
Notre âme n'ayant plus de foi.
Et le crépuscule des jours
Voit se déplacer sans amour
Nos pas nous portant tout le jour
D'un banc à l'autre sans retour.

------- 02 03 019.
Le poète est un mensonge qui dit toujours la vérité: Jean Cocteau
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