À la page
Publié : 06 novembre 2016, 15:53
À la page
Je ne suis pas une feuille imprimée, dommage, m’étaler sur du papier c’est l’une de mes passions. Je me vois sur un feuillet de mauvaise qualité, recyclée, informer le contribuable du montant de son écot. Sur un autre, identifiée par le sigle de la République souligné de la devise : Liberté, Égalité, Fraternité, j'avertis un brave conducteur d’une amande à payer, envoyée par un radar, sur la foi d’un écho.
Joyeuse : je me couche dans un pli que l’on attend, confirmant l’admission, l’embauche ou un versement. Amicale : je m’installe dans la lettre d’un ami que l’on a perdu de vue depuis longtemps ou une invitation où l’on répond à temps. Littéraire : je me vautre dans des pages numérotées pour raconter une histoire. Triste ou gaie, qu’importe, enfin, un texte confabulatoire écrit simplement pour faire rêver, avant d’y trouver le mot fin et doucement fermer le bouquin.
Professorale : je porte l’inquiétude des étudiants dans un devoir écrit avec plus ou moins d’exactitude, tantôt soigné d’une belle écriture. Tantôt négligé, rédigé en graffiti difficiles à traduire. Sérieuse : afin d’aucune erreur n’induire, dans un contrat, je me fais sévère, méticuleuse pour préciser clauses et détails, afin de ne pas nuire. Comptable : j’aligne mes virgules pour informer d’un découvert bancaire. Intransigeante : je menace dans un recommandé qu’il est impossible de négliger.
Tout cela fait partie de moi, toutefois, ce n’est pas ce qui berce mon envie. Je préfère être couchée dans du papier délicat, fin et soyeux comme la soie, dans des lignes amoureusement étalées. Avec des mots venant d’un sentiment, éternel et nouveau en même temps.
Estafette : je dépose, sans demi-mots, au pied de l’aimée, une ferveur écrite afin de lui remonter la bouffette. Méchante : je suis la rupture, froissée, jetée, poubellée sans regret dans un geste de colère avérée. Réconciliée : on me repêche dans mon panier, la larme à l’œil. Alanguie : des doigts tendres me lissent, me défroissent avec un sentiment de tendresse inégalé. Repassée : on me caresse pour ma forme me redonner. Rebelle : je ne peux pas redevenir la plate missive envoyée, je ne risque pas d’être aussi belle, je ne suis plus qu’un souvenir, oubliée dans une poche.
Judas : trouvée par le mari, je suis le serpent sous la roche, pour séparer, je peux devenir une arme féroce. Tendre : cette situation peut me fâcher, je préfère être câlinée, embrassée par des lèvres amoureuses. Paresseuse : je n’aime pas suivre les sentiers de buissons, dans ma vie de papier, j’ai une autre ambition. Indécente : je me déshabille sur la page du mois de juillet d’un calendrier. Impudique : je pose nue, cachée, à l’intérieur d’une revue.
Soumise : je me laisse caresser par des doigts agiles, un brin mouillés de salive. Généreuse : pour la bonne cause, sans pudeur, ma vie j’expose, si on me le propose. Fière : je m’affiche en librairie sur une couverture comme une égérie. Narcissique : je me montre, en quatre mètres par trois, sur une affiche grand format afin que tout le monde me voie.
Égotique : le papier est trop petit, je me projette en scope dans les pubs au cinéma. Réfléchie : suis-je prête à faire n’importe quoi pour faire parler de moi. Qui le dira ? Heureuse : le sommeil permet de vivre une autre vie, est-ce mon envie, suis-je alouvie ?
Rêveuse : j’aime me coucher pour partager la nuit avec des songes, je chasse le jour et ses ombres. Je me blottis contre Morphée dans un monde inventé. J’améliore la réalité en imaginant les choses que je ne ferai jamais !
Liza
Je ne suis pas une feuille imprimée, dommage, m’étaler sur du papier c’est l’une de mes passions. Je me vois sur un feuillet de mauvaise qualité, recyclée, informer le contribuable du montant de son écot. Sur un autre, identifiée par le sigle de la République souligné de la devise : Liberté, Égalité, Fraternité, j'avertis un brave conducteur d’une amande à payer, envoyée par un radar, sur la foi d’un écho.
Joyeuse : je me couche dans un pli que l’on attend, confirmant l’admission, l’embauche ou un versement. Amicale : je m’installe dans la lettre d’un ami que l’on a perdu de vue depuis longtemps ou une invitation où l’on répond à temps. Littéraire : je me vautre dans des pages numérotées pour raconter une histoire. Triste ou gaie, qu’importe, enfin, un texte confabulatoire écrit simplement pour faire rêver, avant d’y trouver le mot fin et doucement fermer le bouquin.
Professorale : je porte l’inquiétude des étudiants dans un devoir écrit avec plus ou moins d’exactitude, tantôt soigné d’une belle écriture. Tantôt négligé, rédigé en graffiti difficiles à traduire. Sérieuse : afin d’aucune erreur n’induire, dans un contrat, je me fais sévère, méticuleuse pour préciser clauses et détails, afin de ne pas nuire. Comptable : j’aligne mes virgules pour informer d’un découvert bancaire. Intransigeante : je menace dans un recommandé qu’il est impossible de négliger.
Tout cela fait partie de moi, toutefois, ce n’est pas ce qui berce mon envie. Je préfère être couchée dans du papier délicat, fin et soyeux comme la soie, dans des lignes amoureusement étalées. Avec des mots venant d’un sentiment, éternel et nouveau en même temps.
Estafette : je dépose, sans demi-mots, au pied de l’aimée, une ferveur écrite afin de lui remonter la bouffette. Méchante : je suis la rupture, froissée, jetée, poubellée sans regret dans un geste de colère avérée. Réconciliée : on me repêche dans mon panier, la larme à l’œil. Alanguie : des doigts tendres me lissent, me défroissent avec un sentiment de tendresse inégalé. Repassée : on me caresse pour ma forme me redonner. Rebelle : je ne peux pas redevenir la plate missive envoyée, je ne risque pas d’être aussi belle, je ne suis plus qu’un souvenir, oubliée dans une poche.
Judas : trouvée par le mari, je suis le serpent sous la roche, pour séparer, je peux devenir une arme féroce. Tendre : cette situation peut me fâcher, je préfère être câlinée, embrassée par des lèvres amoureuses. Paresseuse : je n’aime pas suivre les sentiers de buissons, dans ma vie de papier, j’ai une autre ambition. Indécente : je me déshabille sur la page du mois de juillet d’un calendrier. Impudique : je pose nue, cachée, à l’intérieur d’une revue.
Soumise : je me laisse caresser par des doigts agiles, un brin mouillés de salive. Généreuse : pour la bonne cause, sans pudeur, ma vie j’expose, si on me le propose. Fière : je m’affiche en librairie sur une couverture comme une égérie. Narcissique : je me montre, en quatre mètres par trois, sur une affiche grand format afin que tout le monde me voie.
Égotique : le papier est trop petit, je me projette en scope dans les pubs au cinéma. Réfléchie : suis-je prête à faire n’importe quoi pour faire parler de moi. Qui le dira ? Heureuse : le sommeil permet de vivre une autre vie, est-ce mon envie, suis-je alouvie ?
Rêveuse : j’aime me coucher pour partager la nuit avec des songes, je chasse le jour et ses ombres. Je me blottis contre Morphée dans un monde inventé. J’améliore la réalité en imaginant les choses que je ne ferai jamais !
Liza