Fille de papier
Publié : 08 septembre 2016, 18:28
Fille de papier
Je ne me suis jamais inventée, jamais éloignée, jamais épargnée, toute ma misérable vie, je l’ai longuement racontée, pas inventée. C’est un peu comme si l’on ne me voyait pas, comme si, en moi, la pudeur n’existait pas. Je vous ai fait partager mes moments, entre rêves et réalités, ceux-ci n’en demeurent pas moins ma vérité. Comment vire sans tomber, il suffit d’un petit pas de côté pour déborder du sentier, dans ce trou vous me poussez en niant mon existence ? Lorsque le brouillard étend son épais manteau sur le paysage, est-ce l’hiver ou l’été ? Où est ma lumière et mon soleil ? cela je le sais et, pourtant, ce n’est pas imprimé. Je ne suis pas une fille de papier.
Ne suis-je qu’une histoire, riant ou pleurant à la moindre émotion avec de vraies larmes et de vrais rires, qui coulent et qui mouillent depuis le fond des yeux ? Ou un récit que quelqu'un a écrit de son mieux. Ne suis-je qu’une héroïne inventée par un auteur inoccupé à l’imagination débridée ou désorientée ? La description d'un ectoplasme ou d’un personnage couché dans un linceul de papier recyclé. Ne suis-je qu’un morceau de passion racontée par un marchand d’illusions ? Donnerai-je à croire, comme on donne raison ? Comme l’amour, la raison est proche de la haine. Elle coule dans mes veines devant ce déni de vie que je supporte depuis un abandon parental consenti. Quel ange chanterait mes louanges de pauvre fille si éloignée du génie ?
Voilà mon âme, mes mains, prenez-les et jugez-moi ainsi. Une histoire, ce n’est rien, simplement des mots assemblés pour conter une fausse réalité ou faire une caresse aux lecteurs. Touchez-moi, sentez ma chaleur, ne perdez pas le Nord à me chercher dans les pages d’un grimoire. Sentez mes joies d’enfant oubliée s’envoler. J’ai laissé ma jeunesse dans un paysage d’orphelinat endormi, le cœur serré par un temps gris. Suis-je un sujet d’invention arrivé là, de mémoire, sans noter mon adresse pour que l’on m’oublie dans un silence empli de toute ma force et de ma détresse ?
Je ne suis pas une fille de papier. Peut-on m’en vouloir d’être réellement en vie comme un étranger dans votre paradis ? Mes parents m'ont laissée sur un parvis avec un mot sur une enveloppe déchirée « Lizzie ». Suis-je trop différente, trop fière, trop forte, trop dure, pour votre monde enfoncé, coulé dans l’incrédulité ? Vous préférez ignorer la fillette si différente de la normalité. Cette fois, pour exorciser votre mépris et rassurer votre conscience qu'allez-vous écrire sur l'étiquette pour une fille vivant hors de son temps : indésirable parmi les vivants pour cause de différence, d'unicité affirmée. Je ne suis pas une enfant à jeter dans la corbeille à déchets à réutiliser. Vous ne me trouverez pas soldée sur les quais. Je ne suis pas en papier.
Me suis-je évadée du corps de ma mère, contente d’apparaître au premier jour de ma vie, me suis-je échappée de l’au-delà pour que vous me fassiez disparaître dans le silence, la pluie et le noir de la vie. J'ai trop bataillé, pour grandir contre mon gré, malgré moi, j'ai trop pleuré, en suivant une route sinueuse mais, heureusement j’ai réussi à la mener à mon idée. Je ne suis pas une enfant à froisser pour allumer la cheminée, je l’ai prouvé.
Inutile d’espérer, je ne suis pas de papier, mon corps, mon âme, ma faiblesse, ma révolte et mes idées, ne seront pas emportés par le mot fin dans un bouquin.
Liza
Je ne me suis jamais inventée, jamais éloignée, jamais épargnée, toute ma misérable vie, je l’ai longuement racontée, pas inventée. C’est un peu comme si l’on ne me voyait pas, comme si, en moi, la pudeur n’existait pas. Je vous ai fait partager mes moments, entre rêves et réalités, ceux-ci n’en demeurent pas moins ma vérité. Comment vire sans tomber, il suffit d’un petit pas de côté pour déborder du sentier, dans ce trou vous me poussez en niant mon existence ? Lorsque le brouillard étend son épais manteau sur le paysage, est-ce l’hiver ou l’été ? Où est ma lumière et mon soleil ? cela je le sais et, pourtant, ce n’est pas imprimé. Je ne suis pas une fille de papier.
Ne suis-je qu’une histoire, riant ou pleurant à la moindre émotion avec de vraies larmes et de vrais rires, qui coulent et qui mouillent depuis le fond des yeux ? Ou un récit que quelqu'un a écrit de son mieux. Ne suis-je qu’une héroïne inventée par un auteur inoccupé à l’imagination débridée ou désorientée ? La description d'un ectoplasme ou d’un personnage couché dans un linceul de papier recyclé. Ne suis-je qu’un morceau de passion racontée par un marchand d’illusions ? Donnerai-je à croire, comme on donne raison ? Comme l’amour, la raison est proche de la haine. Elle coule dans mes veines devant ce déni de vie que je supporte depuis un abandon parental consenti. Quel ange chanterait mes louanges de pauvre fille si éloignée du génie ?
Voilà mon âme, mes mains, prenez-les et jugez-moi ainsi. Une histoire, ce n’est rien, simplement des mots assemblés pour conter une fausse réalité ou faire une caresse aux lecteurs. Touchez-moi, sentez ma chaleur, ne perdez pas le Nord à me chercher dans les pages d’un grimoire. Sentez mes joies d’enfant oubliée s’envoler. J’ai laissé ma jeunesse dans un paysage d’orphelinat endormi, le cœur serré par un temps gris. Suis-je un sujet d’invention arrivé là, de mémoire, sans noter mon adresse pour que l’on m’oublie dans un silence empli de toute ma force et de ma détresse ?
Je ne suis pas une fille de papier. Peut-on m’en vouloir d’être réellement en vie comme un étranger dans votre paradis ? Mes parents m'ont laissée sur un parvis avec un mot sur une enveloppe déchirée « Lizzie ». Suis-je trop différente, trop fière, trop forte, trop dure, pour votre monde enfoncé, coulé dans l’incrédulité ? Vous préférez ignorer la fillette si différente de la normalité. Cette fois, pour exorciser votre mépris et rassurer votre conscience qu'allez-vous écrire sur l'étiquette pour une fille vivant hors de son temps : indésirable parmi les vivants pour cause de différence, d'unicité affirmée. Je ne suis pas une enfant à jeter dans la corbeille à déchets à réutiliser. Vous ne me trouverez pas soldée sur les quais. Je ne suis pas en papier.
Me suis-je évadée du corps de ma mère, contente d’apparaître au premier jour de ma vie, me suis-je échappée de l’au-delà pour que vous me fassiez disparaître dans le silence, la pluie et le noir de la vie. J'ai trop bataillé, pour grandir contre mon gré, malgré moi, j'ai trop pleuré, en suivant une route sinueuse mais, heureusement j’ai réussi à la mener à mon idée. Je ne suis pas une enfant à froisser pour allumer la cheminée, je l’ai prouvé.
Inutile d’espérer, je ne suis pas de papier, mon corps, mon âme, ma faiblesse, ma révolte et mes idées, ne seront pas emportés par le mot fin dans un bouquin.
Liza