Pénélope
Desafinado
Le nez fin et les yeux en amande, de longs cheveux bruns,
Des lèvres rouges et éclatantes comme des groseilles,
Pénélope contemple la Méditerranée
Et le soleil dominateur de juillet.
Elle est seule, et s'avance en direction de l'eau.
Sous ses pieds, elle sent la moiteur du sable encore frais.
En pénétrant dans l'onde froide, elle frémit ;
Mais, sur la grève, elle sent qu'il fait si chaud...
Elle décide de marcher, parallélement à la plage,
Et de prendre son temps, dans la faible profondeur d'eau
Qui entoure ses mollets.
Le soleil du matin étoile de ses diamants
Des flots mobiles et transparents.
Réchauffée, impatiente,
Elle descend un peu plus profondément,
Et ressent la fraîcheur de l'eau à ses genoux,
Puis, jusqu'au milieu des cuisses.
Saisie par un plaisir mêlé d'anxiété,
Elle s'attarde, songeuse, et musant,
Dans cette attente trouble,
Pour sentir la caresse glacée sur ses jambes,
Et la chaleur intense des rayons
Sur le haut de son corps.
Elle pénètre maintenant jusqu'à la taille.
Tremblante, elle ferme un instant les yeux,
Sent l'eau, qui tournoie autour d'elle,
Lui faire mille chatouillements.
Elle s'en défend en faisant retomber
La paume de ses mains à la surface.
Le souffle coupé, presque défaillante,
Elle vacille pendant quelques instants ;
Puis, reprend sa progression en longeant la côte,
Sans regarder vers la plage,
Comme si elle redoutait, par instants, une présence importune.
Mais rien ne pourra entraver sa liberté.
Son désir est de plonger pour sentir la mer envahir ses épaules.
Elle sait que les mains liquides de l'océan vont l'entraîner,
Puis, se refermer sur son corps nu, sur son âme,
Pour y jeter mille désirs inconnus...
Sa poitrine tremblante,
Son cou fin et doré, son front brûlant,
Pénètrent au fond des eaux turquoises.
Elle ressent alors, un peu brutalement,
L'écoulement frais et régulier qu'elle attendait.
Lorsque son visage émerge enfin, elle respire en haletant,
Et voit le soleil tournoyer au-dessus de ses yeux.
Son sourire est radieux et son âme ravie.
Elle nage alors longtemps, sur le dos, en direction du large.
Portée par les flots,
Elle ne ressent plus son corps que comme un songe
Qui flotte doucement entre le ciel et la terre.
Régulièrement, elle s'arrête pour mesurer la distance qui la sépare du rivage,
Ce qui ajoute à son trouble, un vertige et un plaisir ineffable.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.