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Liza
Grand condor
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Message par Liza »

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— Stef ! Nous ne te voyons plus beaucoup depuis quelque temps ! Serais-tu amoureux ?
— Tout de suite… enfin, ce n’est pas faux !
— Encore un Grand amour de trois jours qui va t’attrister six mois.

Le sourire heureux, Stef regarde son ami avec complaisance. Romain ne connaît rien à l’amour au vrai, à la passion. Cette fois-ci, il en est certain, il a trouvé la femme de sa vie.
— Ton sourire en dit long ! Je la connais ? demande Romain.
— Je ne crois pas, elle est belle à couper le souffle, gentille, douce, du miel en velours, enfin tout quoi.
— Où l’as-tu rencontrée ?
— Sur le trottoir !
— Ah, je vois, grande beauté et petite vertu.
— T’es dingue ou quoi ! Elle marchait la tête baissée pour taper un Texto, on s’est tamponnés.
— Et hop, emballée !
— Son téléphone est tombé, l’accu d’un côté, le couvercle et l’écran de l’autre. Je lui ai prêté le mien pour terminer son message.
— Et tu l’as revue ?
— Oui, pour lui rendre son téléphone que j’ai réparé. Nous avons bu un café et je l’ai déposée devant chez elle.
— Tu répares les téléphones maintenant, tu m’étonnes !
— Je connais un atelier qui fait cela très bien, je ne suis pas obligé de tout dire. Je file, je vais la rater.

Une semaine plus tard, Romain trouve son ami Stef effondré au bar. Son air défait et sa stature avachie sentent la débâcle. Pas besoin de chercher bien loin : l’ange du téléphone s’est envolé à l'autre bout du fil avec un autre correspondant…
— Stef, tu n’as pas l’air en forme, j’avance avec un sourire compatissant, tes amours périclitent ?
— Je n’y comprends rien ! Trois jours de miel, le quatrième je tombe sur un buisson d’épines.
— La belle-mère ?
— Non ! elle ! Nous devions sortir ensemble le soir. Je la vois, devant moi, dans la queue à la Poste. Je pose les mains sur ses yeux, en disant « surprise »… oui une surprise, elle s’est retournée et m’a mis une claque :
— Ça va pas ! Où il se croit le don Juan, un dragueur dans la queue de la Poste, on aura tout vu !
— Évidemment, mes excuses n’ont servi à rien, les gens me regardaient l’air mauvais. Je suis sorti.
— Bizarre, tu as confondu sans doute. Elle t’a vu avec une autre fille ?
— Dis que je suis miro ou infidèle, ce sera plus direct. Nous avons rendez-vous ce soir, elle va s’expliquer.

Le lendemain, je n’ai pas vu Stef, le surlendemain, je passe au café espérant le voir. Il y est.
— Alors ce rendez-vous du soir, encore une gifle ?
— Avant que je dise un mot, elle m’a embrassé et nous avons parlé de nos projets de week-end. Je n’y comprends rien du tout.
— Faut t’expliquer, éclaircir la situation. Le derrière entre deux chaises, c’est particulièrement inconfortable.
— C’est ce que j’ai voulu faire hier. J’ai attendu devant chez elle. Lorsqu’elle est sortie de la porte cochère, entre les deux boutiques, où je l’avais déposée l’autre soir, j’ai jailli auprès d’elle.

Ce souvenir semble bouleverser mon ami. Je l’avoue, sa situation est ambiguë.
— Bonjour Amélie, as-tu choisi la destination de notre week-end en amoureux ?
— Encore le dingue de la Poste ! Tu peux pas enquiquiner quelqu’un d’autre, espèce d’imbécile. Un week-end avec toi ? Non mais ! il me prend pour une catin. Oublie ta braguette un moment mec, avant que je te massacre.

— Ton ange devient démon… je rigole en douce.
— Les passants s’attroupaient, je suis parti…
— Encore sauvé, il faut t’expliquer, une bonne fois.
— Hier soir, dès qu’elle m’a vu, elle a sauté dans mes bras. Je n’ai pas osé poser de questions. Nous avons passé une excellente soirée. Amélie a accepté avec enthousiasme de passer le week-end à la mer avec moi. J’en étais baba, je n’allais pas éteindre l’élan en posant des questions.

— Tout s’arrange alors, c’est bien pour toi.
— Je l’ai cru. Je l’ai aperçue sur le parking tout à l’heure, j’ai hésité à m’approcher. Tout le monde l’admirait. Elle portait un pantalon. Lorsque nous sortons ensemble, elle est toujours en robe, c’est délicat, n'est-ce pas ?
— Tu l’as rejointe ou pas ? Là est la question ?
— J’étais sur son chemin, elle m’a vu. Elle s’est jetée sur moi, les poings en avant, en hurlant aux passants d’appeler la police. J’ai essayé de protester.
— Et tu t’es sauvé, je suppose ?
— Comment tu le sais ? je vais tomber dingue avec ce dédoublement de personnalité.
— Tu lui en parleras durant ton week-end en amoureux.
— Si elle vient ! Regarde, nous avons fait un selfie hier soir, on est bien tous les deux, je n’y comprends rien.

À peine sorti de la poche, le téléphone est happé par le patron…
— Voyons la tête de ton ange du téléphone, se moque-t-il en jetant un œil sur l’image. Mais je la connais s’exclame-t-il l’air réjoui. Ça va bien entre vous ?
— Euh… oui ça va, pourquoi ?
— Celle toujours en pantalon, c’est un vrai garçon manqué, un dragon, elle aime uniquement les femmes, l’autre est gentille. Drôles de jumelles !

Liza
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Montparnasse
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Re: Elle

Message par Montparnasse »

Ah, mais chaque femme est différente. Moi, j'aurai reconnu la « vraie ».

Un bon petit texte Liza. Bravo ! J'indexe.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Dona
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Re: Elle

Message par Dona »

Ah ah ! chute surprenante et dialogues (toujours) bien menés ! J'ai bien ri ! ;) :)
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Liza
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Re: Elle

Message par Liza »

Merci Dona, les Spleeniens aiment les blagues et les chutes.
Je suis surprise par les chiffres de Sans blagues.
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