Au Café du Centre 04

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Liza
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Au Café du Centre 04

Message par Liza »

Au café... aujourd’hui dimanche épisode..., je ne sais plus. Un long et ce n'est pas marrant, tant pis !

— Te revoilà ! tu es déjà passée ce matin aux aurores pour un café croissant, je ne pensais pas te revoir aujourd’hui, s’étonne le patron.
— On me laisse en consigne encore un peu, dis-je en m’installant.
— On est dimanche, ton accompagnateur est parti à la messe ?
— On t’abandonne beaucoup pour quelqu’un qui doit être surveillé, il faudra que j’en parle à mon commissaire.
— Je vois la Police travaille le dimanche, je réplique, et que voulez-vous lui dire à votre ponte ?
— Abandon de surveillance etc. il sera mécontent, il peut engager une procédure.
— Fiche donc la paix à la petite, soupire le chauffeur du préfet, c’est son problème.
Je prends mon temps en commençant à siroter mon café. Je sais que les consommateurs m’observent, certains ont l’habitude de me voir ici.
— Merci chauffeur, ce n’est pas un problème, moi aussi j’ai des choses à dire au commissaire pouvant donner lieu à l’engagement une procédure… de renvoi.
— De quoi tu parles, s’inquiète le chauffeur ?
— Je souhaite informer le commissaire que son lieutenant passe plus de la moitié de ses heures de travail à draguer les jeunes filles au café, c’est tout !
— Cloué le flic, elle te mouche la gamine, insiste le patron.
— Draguer… ça… c’est même pas la moitié d’une jeune fille…
— Attention, tout flic qu’il est, il frôle la discrimination, je lance en fonçant sur l’homme la canne en avant.
— Bon, je me tire, à plus tard.

Deux hommes entrent et s’installent à une table derrière la vitrine.
— D’ici, on peut surveiller. Ma belle-sœur a la tête dans la soutane du curé. Elle entraîne ma femme à la messe.
— Il y a pire, la mienne est imbuvable, elle critique tout ce que je fais. Des bonnes femmes comme celles-ci, ce serait une action charitable de les noyer à la naissance.
— Faut la dresser, t’as essayé ?
— Autant dresser un thon au triple saut périlleux.
— Avec ton frère ?
— C’est un enfant, il se laisse mener, alors ça roule. Sa dernière invention, l’homme avoue réduisant sa voix à un murmure, : elle veut pratiquer l’échangisme.
— Il faut l’encourager, avec un coup de chance elle se fera échanger et fichera le camp avec un autre.
— Ce serait la cata, ne parle pas de malheur.
— Ben pourquoi, se débarrasser d’une épine est une bonne opération, non ?
— Sans cette épine, mou comme il est, il devient un tas de gélatine et vient squatter chez moi.
— L’avantage de l’échange, il récupère la femme de l’autre, qu’a-t-il à perdre ?
— Je n’avais pas pensé à cette éventualité, mais c’est un coup à te retrouver avec deux épines, la tienne et l’échangée. Pas terrible !

— Tiens voilà le collecteur d’impôt, tu ne peux plus te passer du bistrot ?
— Je suis mieux ici qu’auprès de ma blonde, c’est certain !
— Ta femme est blonde, je la croyais brune…
— Ça dépend des moments et de l’endroit que l'on voit ! Depuis vendredi sa tête est blonde !
— À ta place, j’éviterai de venir par ici demain, lance le patron comme un défi.
— Ah ! puis-je savoir pourquoi, tu as épuisé ton bon petit blanc ?
— Je rigole pas, hier ça râlait : 200 € de plus sur les impôts fonciers, tu vas te faire écharper !
— Quand on a affaire à des illettrés, il faut s’attendre à tout. Tes clients ne savent pas lire.
— Tu le leur diras toi-même avant qu’ils te réduisent en peau d’oursin.
— La taxe ordures ménagères était payée à part, maintenant, elle est incorporée aux fonciers, c’est simple. Moins de papiers à envoyer. Au fait vous connaissez la nouvelle ?
— Quelle nouvelle la Hollande supprime les impôts ?
Le receveur des finances prend un air gourmand, comme un prestidigitateur ouvrant une boîte à surprise avec une curiosité ostentatoire.
— La Vertigineuse est à l’hôpital ! triomphe le receveur.
— Il l’a balancée des remparts, il a fait ça, il est dingue, j’y crois pas ! Elle a survécu ?
— Plus simple, elle s’est emberlificotée dans la laisse de son monstre : fracture du col du fémur.
— Son monstre, le mini-clébard qu’elle tient au bout d'une ficelle ?
— C’est ça, Brutus, le moustique qui te bouffe les talons. Quelle idée de promener la bestiole avec une laisse de cinq mètres. Tiens voilà le clébard et le maître.
— Ta femme, comment elle va ?
— Comme une reine, servie, choyée…
— Et toi célibataire. Tu devrais remercier le mordilleur !
— Elle va choper de mauvaises habitudes. Je vais trinquer quand elle va rentrer.
— Comment cela ! un coup de blanc pour le maître-chien, on trinque avec le malheureux mari.
— Tu la connais, elle va rester assise et commander : « chéri passe-moi le journal, tu peux faire la vaisselle, fais-moi un café, etc. »
— C’est le rôle de la femme normalement, n’est-ce pas mademoiselle ?

Sous l’interpellation, je lève la tête, je bouillonne depuis un moment. Les piliers de bistrot n’ont aucun scrupule à laisser leurs épouses seules le dimanche matin pour venir déblatérer sur leur dos devant un blanc, puis un apéritif.
— Si je comprends bien, vous ne prenez pas une femme par amour, vous embaucher une femme de ménage avec un contrat CDI sans solde.
— Tu l’écoutes la petite avec ses grandes idées. J’ai trois enfants.
— J’allais ajouter, la nuit vous la détournez de son travail habituel pour la câliner. Belle attitude.
— Tout le monde le sait, dans le mariage la meilleure chose c’est la lune de miel, après…
— Et oui après, c’est l’abeille ouvrière du foyer qui se démène, en plus de son travail, pour faire tourner la maison. La dimanche matin, au lieu de l’aider, vous venez dilapider l’argent du ménage à petits coups d’arrosoir en faisant état d'une illusoire supériorité masculine. Sans nous, nous n'êtes rien !
— Eh mordante la petite, s’amuse le patron.
Mes propos sentent trop la réalité, les consommateurs font le gros dos, évitant d’envenimer le débat. Je reste sur ma réserve, je suis la seule femme dans le bistrot, le combat est inégal.

La messe est terminée depuis longtemps, le café se vide. Il est treize heures trente, j’ai faim. Je commande une pizza et une coupe glacée. Le patron en apporte deux et s’installe face à moi. Nous mangeons un moment en silence, puis il demande.
— Et toi, que penses-tu des hommes ? Tu es jeune, tu as ton idée. Un jour tu en trouveras un qui te comblera. Tu as ton caractère, mais je sais combien tu es gentille et sensée.
— Je ne suis pas pressée de transformer un prétendant en chien-guide ou en canne blanche. Surtout lorsque je mesure l’égoïsme des hommes en les écoutant exprimer leur mépris pour la femme dans leur conversation.
— Tu es gentille, ils méritaient des mots plus fermes.
— C’est une parade, je suppose qu’ils aiment beaucoup leur femme. Vous aimez la vôtre, n’est-ce pas ?
— Je suis veuf depuis si longtemps !
— Longtemps, il faut vous remarier, la ville est pleine de femmes.
— J’y ai pensé… et si j’avais vingt ans de moins… c’est toi que je choisirai !

Liza
Dernière modification par Liza le 27 septembre 2016, 17:12, modifié 3 fois.
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Re: Aujourd'hui dimanche au Café du Centre

Message par Liza »

Dona : Bricolé en vitesse, pas rigolo, trop proche d'une certaine réalité. Je ferai mieux la prochaine fois.
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Re: Au Café du Centre

Message par Montparnasse »

Pas rigolo ? Je n'ai pas arrêté de rire ! Ca va plaire à Dona. La coalition des femmes trouvera son agrément. Pourtant, s'il n'y avait qu'un sexe, on s'ennuierait fort sur terre. Et rien n'est pire que l'ennui !

« Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C’est l’Ennui ! — l’œil chargé d’un pleur involontaire,
Il rêve d’échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
— Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère ! »

(Au lecteur, C. Baudelaire, 1861)

Ce truc-là est tellement visuel que j'ai l'impression d'être au cinéma :
Attention, tout flic qu’il est, il frôle la discrimination, je lance en fonçant sur l’homme la canne en avant.
dans un film de cape et d'épée !

Et l'opinion de Liza sur les hommes, bien résumée :
Sans nous, vous n'êtes rien !
Je suis célibataire depuis si longtemps que, sans doute, je ne suis plus rien. (sourire)

Liza, tu sais que tu manges trop de pizza. Mais ce n'est pas grave, c'est de ton âge !
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Au Café du Centre

Message par Liza »

Je m'en fiche, je mange comme quatre sans prendre un gramme. Cela rend toutes les filles de ma connaissance folles de rage.

Je voulais dire que ce n'est pas amusant comme les premiers cafés. Pas le même genre, même s'il y a un semblant de suite.
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Re: Au Café du Centre

Message par Dona »

PTDR !!!


Liza, tu as ça en toi ma parole ! Tu n'es pas possible avec ces histoires ! J'ai encore plus ri que d'habitude !!

Bien sûr que c'est drôle, de quoi doutes-tu ? C'est extrêmement vivant en plus. Je ne sais pas si tu en rajoutes un peu mais peu importe parce que des saynètes comme ça, ça fait oublier l'automne qui arrive et ce lundi, si chargé qui approche.

Merci Liza, ça m'a détendu ! rires
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Re: Au Café du Centre

Message par Liza »

Chut, plus de fleurs, je n'ai plus de vase. Demain j'en mets une autre couche. Finalement, c'est petites histoires sont amusantes à écrire.

@ Montparnasse : belle définition de l'ennui que tu nous cites. Dieu nous en préserve.
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