Entre chien et chat

En vers ou en prose !
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Le Merle Blanc
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Entre chien et chat

Message par Le Merle Blanc »

Entre chien et chat.

Etait un chat au sortir des froids de l'hiver
Couché sur le glacis d'une murette en pierres
Chauffant son corps tremblant aux doux rayons d'avril
Se roulant, s'étirant en des poses graciles ;
A coups de langues lissant son pelage moiré,
Secouant les épaules aux bienfaits du printemps,
Croquant à pleine gueule la caresse du vent
Il vivait le bonheur de la saison aimée.

Lorsque passa le chien sur le chemin voisin,
En laisse maintenu par une ferme main ;
Le chat se sachant couvert des mâchoires précises
Riait de l'esclavage où la bête était prise...
Se roulant, minaudant aguichant l'animal,
Secouant fortement sa carcasse bancale,
Griffes ouvertes, dos rond pour paraître peser...
Mais le chien dédaigneux restait à l'ignorer.

Ballade terminée l'homme mit au chenil
Le chien qui se rua sur la chaude pâtée,
Enfin ventre repu il se coucha docile
A l'ombre de la treille où les oiseaux pétillent...
Le chat s'en vint roder autour de la charmille
Car son ventre était creux de repas déserté,
Tapit dans l'herbe fraîche il repère l'oiseau
Mais celui-ci rapide, s'envola au plus haut.

Le chien dans sa moustache, rit à perdre le souffle,
L'autre après un mulot rapidement s'essouffle ;
Narines acérées il flaire de son nez
Derrière le grillage un reste de pâtée.
La prunelle vitreuse, il s'approche mielleux
Posant ses pattes fines sur la pierre bleue,
Jette un regard furtif sur le fond de l'écuelle
Où ne gisent perdues que des miettes rebelles.

« Bonjour le chat, quel vent vous pousse par chez moi ?
– Je ne sais mon ami, je poursuivais un rat,
– Un rat noble seigneur mais vous n'y pensez pas !
– De nos jours le poison chez nous ne fait que loi.
– Le poison dites vous! vous êtes scélérat !
– Vous par qui mes greniers se vident de repas !
– Vais-je devoir ailleurs chercher une pitance
– Avant que ne gargouille le vide de ma panse.

– Peut-être si vous viviez près d'un maître aimé
– N'auriez-vous pas besoin le repas de pleurer
– Où de courir par tout temps après la nourriture
– Que vous cache coquine, notre dame nature ;
– Vous dormiriez tout doux près de la cheminée
– Avec une fillette jouant à la poupée,
– Caressé cajolé à longueur de journée,
– Puis enfin fatigué au canapé couché.

– Vrai l'ami vous seriez adulé comme un roi
– Allez donc de ce pas frapper l'huis là-bas
– Sûrement vous seriez accueilli à pleins bras
– Et oublieriez bientôt vos anciens désarrois ».
Le chat fit comme dit le griffon du chenil,
Il alla implorer par miaulements tranquilles,
Pour se voir repoussé par une arme sifflante...
Il ne dut son salut que d'une fuite puissante.

Le chien tout en excuses, se complet aussitôt,
«  L'ami je vous jure, je ne voulais pas mal
– Mais je n'ai pas songé qu'à tout autre animal
– Ils préfèrent l'angora de leurs boules de poils.
– Vous n'êtes assurément pas mieux loti que moi
– Qu'on laisse par tous temps sous cet abri de bois,
– Dont on appelle l'aide, que pour chasser le gros,
– Mais que l'on ne mène que lié au garrot.

– Vous ne méritez pas cette vie d'esclavage !
– Je vous libérerai des infâmes outrages,
– Car ce petit loquet qui tient fermé la porte
– Ne gène de vous ouvrir en aucune sorte ».
Il fut fait comme dit, le chat s'en occupa,
Par plusieurs tentatives, de l'ouvrir il usa ;
Enfin rendant les armes le loquet bascula,
Un air de liberté dans la prison souffla.

Tous deux prestement coururent à travers champs
Vers les bois les taillis où l'ombre les cachant
Ils purent reprendre haleine et se désaltérer
A une source claire par les feuilles occultée.
« Dites- moi donc le chien, cette eau est-elle meilleure
– Que celle qui croupissait au bac tout à l'heure ?
– Je crois que je n'en ai jamais bu d'aussi bonne
– On dirait bien qu'en moi sa pureté chantonne ».

Ils partirent sous le vent, chahutant et chantant
Dans le soir un peu sombre, sous l'ombre déjà ronde,
A l'assaut de la vie pour découvrir le monde,
Comme des connaissances amis depuis longtemps.
Cueillant dans leur abri, un' volée de perdrix,
Surprenant le lapin au sortir du terrier ;
Voyant passer le temps, rêvant de paradis 
Ils marchaient de concert sur des sentes sablées.

L'hiver vint les cueillir, un matin au réveil,
Encore tous roulés sous une blanche treille
Dans le vent qui soufflait ses notes de crécelle
Une neige au soleil comme un reflet de miel.
«  Je regrette, dit le chien, le toit de mon chenil,
– La pâtée chaude servie, la paille qu'on empile,
– Je vois, répond le chat, mais ici ou là-bas
– Par ce temps ce blizzard, tu aurais aussi froid. »

Ils trouvèrent un abri près d'un mas délabré
Pauvre propriété, plus qu'à demi ruinée
Le vent venait hurler au travers des parois
Poussant ses simples hères au fond du désarroi.
Mais l'homme pauvre qui vivait en ce lieu
Avait un cœur charmant, l'âme d'un être pieux
Il ouvrit au matin la porte aux animaux
Leur offrant le repas, le couvert et de l'eau.

Longue est la couverture devant la cheminée,
La douceur la chaleur par la flamme bercées
La table est goûteuse les attentions fréquentes
Si c'est le paradis, les animaux s'enchantent.
Ils ont trouvé un maître qui aime de son mieux,
En ce lieu délabré l'homme partage en deux
Le manger, le coucher et la chaleur du feu
Quand d'autres ventres pleins pensent d'abord à eux.

Mais l'homme malheureux à gagné en retour
Une chaude présence, un miaulement d'amour,
Les aboiements du chien qui repoussent l'intrus
Loin de la chaumière, leur château devenu.
Ainsi trois pauvretés vivent en harmonie,
Loin des riches présent, et des tables vernies ;
Qu'importe ils sont heureux sous la toiture bleue
Et comblent le silence de moments merveilleux.


…........................ FIN …..................... 11 12 02 017

…...............................................................................................................................................
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Montparnasse
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Re: Entre chien et chat

Message par Montparnasse »

C'est magnifique ! La première strophe est éblouissante.
La suite m'a fait penser à une fable de La Fontaine : Le Chien et le Loup ?
C'est de la très belle poésie. Je ne regrette pas de t'avoir convié ici.
Tu as écrit ça il y a quelques jours. Tu es dans une période riche et puissante d'inspiration. :super:
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Le Merle Blanc
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Re: Entre chien et chat

Message par Le Merle Blanc »

Bonsoir Montp.
Ravi que cette petite ballade entre chien et chat t'ait ravie, moi elle m'a posé
quelques problèmes lors de son écriture, heureusement résolus.
Bon, je me lance sur un autre sujet. à plus.
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Dona
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Re: Entre chien et chat

Message par Dona »

Super ! super ! super !! c'est jubilatoire tant par le propos que par les assonances, rimes, dialogues, rythme etc... J'ai vraiment passé un bon moment! Bravo ! :super:
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Le Merle Blanc
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Re: Entre chien et chat

Message par Le Merle Blanc »

Bonjour Dona
Ravi que ce petit texte te soit plaisant, c'est en arrivant à retenir l'attention du lecteur
que me vient l'envie de continuer à écrire.
Merci pour tes compliments...à plus.
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