Musique

[Montparnasse]

Pour Le Delph, j'ai laissé en friche, je le reconnais. Mais c'était volontaire, je voulais essayer quelque chose. D'habitude, je mets en forme, je fais des phrases. Je ne laisse pas les images dans leur état initial. Mais, pour celui-ci, je souhaitais quelque chose de "biblique", d'incantatoire, de prophétique. En réalité, ce poème n'est pas de moi, je ne l'ai pas "écrit". C'est le moins écrit ou construit. L'inspiration ne demande aucun travail. Le travail d'écriture commence après. Comme cette phase est absente, il est resté brut.

Tout ce qui se trouve avant ce vers : "Alors, seulement, nous connaîtrons le Delph...", doit être murmuré. L'as-tu murmuré ?

[Dona]

Pour Le Delph, j'ai laissé en friche, je le reconnais. Mais c'était volontaire, je voulais essayer quelque chose. D'habitude, je mets en forme, je fais des phrases. Je ne laisse pas les images dans leur état initial. Mais, pour celui-ci, je souhaitais quelque chose de "biblique", d'incantatoire, de prophétique. En réalité, ce poème n'est pas de moi, je ne l'ai pas "écrit". C'est le moins écrit ou construit. L'inspiration ne demande aucun travail. Le travail d'écriture commence après. Comme cette phase est absente, il est resté brut.

Tout ce qui se trouve avant ce vers : "Alors, seulement, nous connaîtrons le Delph...", doit être murmuré. L'as-tu murmuré ?

Oui! Je l'ai murmuré !

Mais voilà, j'ai trouvé ce qui me gêne et tu le dis toi-même : c'est la "friche". Je comprends que tu aies voulu provoquer un effet incantatoire, qui fonctionne très bien d'ailleurs mais pour autant, j'ai eu l'impression de quelque chose de moins fini, d'une liste d'expressions (travaillées stylistiquement ça c'est sûr ! ) qu'on aurait mises les unes à la suite des autres sans souci de faire un travail de syntaxe.

Je crois que je vais apprécier ceux dont tu parles et qui ne sont pas encore parus!

[Montparnasse]

j'ai eu l'impression de quelque chose de moins fini, d'une liste d'expressions (travaillées stylistiquement ça c'est sûr ! ) qu'on aurait mises les unes à la suite des autres sans souci de faire un travail de syntaxe.

Oui, j'ai couru le risque. A chaque fois que je commençais un nouveau poème, je voulais faire quelque chose de différent. Sur le fond, bien sûr, mais aussi, sur la forme (dans une certaine limite). Heureusement que tu n'as pas lu la première version du Delph... C'était brut de pomme. Je n'en étais pas content. J'ai mis un peu d'huile dans les rouages (si si !) mais pas trop. Je me suis arrêté quand j'ai estimé que c'était présentable. Pour garder l'effet que je voulais. Mais j'ai peut-être surestimé la qualité de mes images ; j'ai cru qu'elles pouvaient, seules, contrebalancer une syntaxe monotone. Je n'ai pas renouvelé l'expérience. Mais comme tous les parents, j'ai une tendresse pour mon bébé. Il est un peu hirsute mais je le garde !

nb : dans la dernière partie, après "Alors, seulement, nous connaîtrons le Delph...", ce n'est plus une friche : c'est "totalement" rédigé...

[Montparnasse]

Mais j'y pense : "Paysages" est un peu sur ce mode-là. Les strophes sont même indépendantes les unes des autres (ce qui n'est pas le cas du Delph) puisqu'elles décrivent chacune un paysage différent. Et il a eu plus de succès. La différence se fait sur la "rédaction".
Plus tard, il y aura deux poèmes intitulés "La Pluie" qui se suivent. C'est exactement le même sujet. Seul diffère le regard de l'observateur. Ma deuxième "Pluie" est la transcription strophe par strophe de la première. J'ai seulement ouvert plus largement le canal de l'imagination : j'ai courtisé les muses grâce à des formules secrètes, j'ai fait brûler de l'encens et soufflé sur ses volutes pour qu'elles escaladent les degrés de l'Olympe : je voulais que le verbe soit flamboyant, je voulais qu'il soit chauffé à blanc !

[Montparnasse]

Wish you were here (Pink Floyd, 1975)



Terre 2.0

Wish you were here

Nulle trace de l'homme sur la planète 2.0,
Sœur jumelle de la Terre ;
Fausse jumelle où le Seigneur a décrété une paix éternelle.

Ici, la lune fait glisser ses doigts chromés
Sur des forêts de sapins ; leurs cimes enneigées
Répandent du phosphore sous son œil ébahi.

Près d'une mare, les joncs balancent leurs têtes rouges
Et oblongues, au rythme lent d'un Zéphyr caressant.
La cohorte des batraciens s'emploie à faire plier
L'armée de leurs tiges souples et électriques.

Un sous-bois lourd et inquiétant tend les branches
De ses arbres afin d'interdire à quiconque
De se frayer un passage vers ses aimables prairies.

Pourtant, ton corps alangui,
Constellé de sueur et de rosée,
Se serait assoupi avec délice
Sur le matelas d'herbe fraîche et menue.

Bien qu'elle soit encombrée par les rochers
Et les troncs abattus, une rivière dévale
La pente abrupte des coteaux,
Avec la joie furieuse d'une enfant gâtée.

Au-delà, le minéral projette ses cimes
Dans l'azur qu'il déchire en masses sombres et grises.
Le vent y soulève la poussière de lacs enneigés,
Cratères débordants de coton,
Dunes d'un désert à l'horizon poudreux.

Le peuple des éléphants, peuple sage,
A la profonde intelligence,
Vit des jours paisibles au sein de la savane brûlante.
Il en sera ainsi tant qu'il arrivera à protéger
Ses petits de la dent carnassière des fauves.

Le pélican, oiseau massif et de belle envergure,
Se nourrit avec voracité des poissons
Qui abondent dans les immenses lacs d'eau douce.

La baleine et son baleineau n'ont pas à craindre l'homme
Qui les a tant décimés sur la terre.
Le roi des océans projette son corps majestueux
Au-dessus des flots, puis, le laisse retomber
Dans une cascade d'étoiles argentées :
Il rend hommage à l'élément qui baigne sa planète,
Et y sème la vie, comme sur sa malchanceuse jumelle.

Tu es absente, comme moi, de cet éden originel,
Car tu sais que l'homme a transgressé la loi de son créateur,
Et qu'il est condamné à réparer sa faute pour l'éternité.

La Terre 2.0, image de la terre primordiale,
Aurait pu être son foyer s'il n'avait corrompu son cœur ;
Mais elle resplendit dans une sorte d'inutilité morale.

Son esthétique n'a encore jamais été révélée,
Car aucune conscience n'a atteint une profondeur
D'émotion suffisante pour la saisir et se troubler.

[Fougère]

Elle est magnifique, cette poésie!!!

[Montparnasse]

Merci Fougère ! Tu me mets du baume au coeur. Louise Labé et Le Delph ayant eu peu de succès.

Et merci pour ton 1er message !

[Dona]

J'ai seulement ouvert plus largement le canal de l'imagination : j'ai courtisé les muses grâce à des formules secrètes, j'ai fait brûler de l'encens et soufflé sur ses volutes pour qu'elles escaladent les degrés de l'Olympe : je voulais que le verbe soit flamboyant, je voulais qu'il soit chauffé à blanc !

Comment tu fais ça ??... Veinard !

Ah Montp', t'es unique !

[Dona]

Elle est magnifique, cette poésie!!!

Salut Fougère !!

[Dona]

Qu'est-ce que la planète 2.0 ?

Est-ce une réalité ou une invention ? Un mythe ?

Au-delà, le minéral tout puissant projette ses cimes
Dans l'azur qu'il déchire en masses sombres et grises.
Le vent y soulève dans d'immenses tourbillons
La poussière des lacs enneigés,
Des cratères débordants de coton,
Les dunes de sable blanc d'un désert à l'horizon poudreux

C'est beau ! On dirait le début du monde.